Le Collectif les morts de la rue dénombre pas moins de 451 décès de personnes « sans chez-soi » en 2022 sur l’ensemble du territoire français, dont 161 à Paris. Pour les membres de l’association, ces données sont très loin de la réalité.
L’association Le Collectif les morts de la rue a recensé 451 décès de personnes sans domicile en France entre le 1er janvier et le 10 décembre 2022. À Paris, ils en ont compté 161. Un chiffre « provisoire » et « en-dessous de la réalité », souligne Chrystel Estela, coordinatrice de l’association, qui précise qu’« en croisant nos données avec celles de l’Inserm [Institut national de la santé et de la recherche médicale], nous estimons qu’il y a en réalité cinq fois plus de morts ». Le dernier rapport du Collectif estime ainsi à 3024 le nombre de sans domicile morts non recensés en France en 2021, en plus des 620 recensés par l’association la même année. Selon l’Insee, il y avait 133 000 sans domicile en 2011.
Le rapport du Collectif les morts de la rue, dont la sortie est prévue en octobre 2023, n’est pas exhaustif. D’abord, parce que les données ne sont pas transmises en temps réel : l’association continue de recevoir, en 2022, des signalements de décès pour l’année 2021. D’autre part, parce que l’association dépend du bon vouloir de chacun pour remonter le décès des sans domicile. Presse, hôpitaux, municipalités, commissariats, riverains « ne nous connaissent pas toujours, ou bien n’ont pas le réflexe de nous contacter », explique Chrystel Estela.
L’association du XIXe arrondissement de Paris est l’unique institution qui collecte des données sur les morts de personnes sans domicile en France. Depuis 2012, elle publie chaque année un rapport sur le sujet. L’étude de 2021 nous apprend que les sans-abri ont une espérance de vie de 48 ans, contre 83 ans au sein de la population générale en France.
Une quinzaine d’enfants de 6 à 10 ans ont été initiés à la prise de parole ce jeudi 22 décembre dans une association d’éducation populaire du XXe arrondissement de Paris. Un premier atelier d’une série qui vise à favoriser l’expression de celles et ceux qu’on entend peu dans les médias.
« Qu’est-ce que tu as aimé en 2022 ? »« La journée sportive avec l’école, parce qu’on a fait du foot », répond avec un grand sourire Hamza à Fabrice qui anime l’atelier radio ce jeudi après-midi. Pour la première fois à l’Association d’éducation populaire Charonne Réunion (AEPCR) du XXe, une quinzaine d’enfants entre 6 et 10 ans testent la nouvelle Radiobox. Studio compact et simplifié, ce boîtier portable permet d’enregistrer et de diffuser des programmes radio partout. En offrant un lieu d’expression aux jeunes, cet atelier s’insère dans la mission de l’association qui promeut le vivre-ensemble.
« Poser des questions responsabilise et valorise »
L’objectif de cette Radiobox ? « Redonner la parole à des publics qui ont l’impression qu’on la leur a confisquée », résume Yahia Adane, directeur de la structure. Concrètement, cette radio portable permettra d’aller à la rencontre des gens du quartier en faisant des ateliers à l’extérieur des locaux de l’association, de réaliser des interviews et des débats ou de faire connaître les structures de proximité.
Les enfants se succèdent au micro. Certains en profitent pour plaisanter, comme Naïm qui lance tout fier : « Je suis la star du foot ! » D’autres, plus timides, ne répondent que par bribes. Cette expérience fait cependant des heureux, à l’image de Lazare, 6 ans, qui conclut, un sourire malicieux en coin : « J’ai bien aimé. »
Pour Aline Grasperge, qui poursuit une thèse en sciences de l’éducation et travaille à l’AEPCR, « cet outil paraît anodin mais ne l’est pas. Il permet de donner la parole aux voix inaudibles et de parler du quotidien ». Quant à Sanhadja Akhrouf, éducatrice à la protection judiciaire de la jeunesse qui suit des jeunes passant leur Bafa (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur) dans l’association, elle estime qu’ « être en situation de poser des questions responsabilise et valorise. »
Une radio née du confinement
Le début de l’aventure radiophonique remonte au premier confinement, lorsque David, un des animateurs, a organisé et enregistré des débats à distance avec des jeunes. Portant sur cette période et ses conséquences, les échanges étaient mis en ligne sur la chaîne YouTube Radio’Charonne. Par la suite, David a découvert la Radiobox, produite par Making waves, une association qui vise à rendre la radio accessible à tous. Son acquisition a été financée par la caisse d’allocations familiales, avec le soutien de la mairie de Paris, convaincue que ce projet correspond à la mission sociale de la structure.
Le deuxième épisode de l’aventure est prévu la semaine prochaine au même endroit. Ce sera au tour des ados de tenir le micro. Naïm réitèrerait bien l’expérience. Avant de céder sa place à un autre enfant, il s’exclame : « Ah! J’aime trop parler dans les micros! »
Entretien – La première promotion de la Jeune troupe du théâtre de La Colline achève son parcours fin décembre. Une nouvelle troupe verra le jour en février. Pour Wajdi Mouawad, directeur du théâtre, accompagner ces jeunes comédiens est une responsabilité et un défi : ne pas faire à leur place.
Comment vous est venue l’idée de constituer cette Jeune troupe ?
Wajdi Mouawad : Pendant l’occupation de La Colline par des étudiants en théâtre en mars 2021 [mouvement qui réclamait la réouverture des lieux culturels durant le deuxième confinement, NDLR], nous avons entendu ceux qui nous disaient : « Nous qui n’avons pas été acceptés dans des écoles, on fait quoi ? » L’idée de cette troupe est née de ce sentiment d’abandon. Avec l’équipe du théâtre, on voulait vraiment permettre à tous d’avoir les mêmes chances. D’emblée, on leur a dit : « Vous allez être payés pendant un an. » C’est déjà énorme. Réfléchir, se poser des questions et pouvoir, peut-être, faire le point sans pression entre la fin de leur formation et le début de leur carrière professionnelle. Qu’il y ait un avant et un après.
Comment choisissez-vous les participants ?
Il n’y a pas de CV. Ils doivent répondre en vidéo, en son, en musique… à une question plutôt philosophique. Les personnes retenues viennent faire un stage de trois jours au théâtre. Avec Lucie Digout, coordinatrice artistique, nous travaillons avec eux. Très vite, on voit des personnalités se dégager. Leur disponibilité, leur curiosité, leur écoute, mais aussi la manière avec laquelle ils appréhendent le lieu sont des notions très importantes pour choisir les six jeunes artistes. Constituer un groupe, c’est très subtil. C’est comme essayer de voir l’avenir.
Quel bilan tirez-vous de cette première expérience ?
Ce qui est positif, c’est la manière dont ils se sont acceptés et appuyés les uns sur les autres, la manière dont l’humour est apparu entre eux. Toutes les aventures n’ont pas été flamboyantes, certaines ont été difficiles, mais le plus important, pour moi, c’est que pendant une année, ils ont fréquenté un théâtre de la tête aux pieds, fait partie de l’équipe, rencontré les différents métiers.
Un nouveau groupe arrive en février. Comment envisagez-vous votre collaboration ?
Ils sont tellement bouleversants… Il va falloir prendre soin d’eux et être à la hauteur de l’émotion qu’ils y mettent. J’ai une responsabilité : répondre à leurs aspirations, même s’ils vont être déçus. Mais cette déception m’intéresse justement parce qu’elle est constitutive : jusqu’à quel point met-on sa liberté entre les mains des autres ?
Je ne veux rien leur imposer d’entrée. Il y a le cadre : regarder les spectacles de la saison, rencontrer les artistes qui vont venir, participer, d’une manière ou d’une autre, à toutes les actions que le théâtre mène auprès des jeunes, des étudiants… Je leur demande ce qui leur ferait plaisir dans l’idéal, quel spectacle ils aimeraient accompagner. Mais le plus important, pour moi, c’est m’assoir avec eux régulièrement pendant le premier mois, les écouter, leur parler. De là vont naître des choses, va naître un désir. Je ne sais ce qu’il sera. Ne pas faire à leur place, évidemment. S’ils ont envie de faire un spectacle, que ce soit eux qui l’écrivent, pas moi. Que cela leur appartienne.
Ils vont s’ennuyer, avoir des moments de flottement. Mais c’est tellement précieux d’avoir, dans sa vie professionnelle, la possibilité de ralentir. Il y a des destinations intérieures auxquelles on ne peut arriver, qu’on ne peut atteindre qu’en suivant ce chemin : le chemin du vide, du non-cadre. Il y a une année intérieure et une année extérieure. L’extérieur, c’est le théâtre, ce qu’ils vont faire en termes d’activités, de relations publiques. Mais il y a aussi un voyage intérieur à faire. Moi, mon travail est d’essayer d’éveiller leur désir et surtout les possibles : on essaie ; si ça ne marche pas, ce n’est pas grave. C’est comme ça que j’essaie de les accompagner.
À la veille de Noël, des centaines de trains ont été supprimés en raison d’une grève des contrôleurs de la SNCF. Pour rejoindre leurs proches, des habitants de l’Est parisien cherchent des solutions de secours, quitte à payer plus cher et à allonger leur temps de trajet.
Sur les téléphones portables de 200 000 Français, un message s’affiche : « Votre train est supprimé en raison d’un mouvement social local. » Faute de négociations avec les contrôleurs en grève, SNCF voyageurs annonce : « Si vous souhaitez reprogrammer votre voyage ou obtenir son remboursement sans frais, nous vous invitons, avant départ, à vous rendre sur le site de nos agences agréées ou dans l’un de nos autres points de vente. » Contraints de devoir se déplacer en gare à la dernière minute, certains voyageurs de l’Est parisien favorisent des solutions alternatives pour réveillonner en famille.
Pour Claro, rejoindre sa petite amie à Pau est un vrai casse-tête : « Quand mon train a été annulé vendredi 16 décembre, j’ai commencé à stresser. En allant sur l’application SNCF, j’ai vu qu’il était possible de faire le trajet la veille pour le même prix. » Son retour dans la capitale l’inquiète : « Je ne sais pas quand je pourrai rentrer chez moi. »
Tout le monde n’a cependant pas la chance de trouver un billet au même prix que le précédent. « Avec mon copain, nous devions partir le 24 au matin chez mon grand-père qui habite près de Bordeaux. Nous avons pris nos billets début novembre », explique Loreleï en larmes. A l’annonce de la suppression de son train, la jeune femme de 21 ans n’a réussi à trouver qu’un Flixbus à 180€. Il partira le 24 au soir et arrivera à Bordeaux le 25 au matin. « On va aller directement dans un point de vente SNCF pour se faire rembourser parce qu’en ligne, ils ne proposent que des bons d’achat ou un échange », conclut-elle.
Un trajet d’une dizaine d’heures au lieu de deux
Prix excessifs et temps de trajet plus long : les Français sont prêts à tout pour voir leurs proches. Victoire est exaspérée : « Vendredi 23, j’aurais dû partir à Rennes pour voir des amis et reprendre un TER pour rentrer à Vannes chez mes parents. » La voilà maintenant contrainte de réaliser un trajet d’une dizaine d’heures pour un voyage qui se fait habituellement en deux heures trente : prendre un premier TER jusqu’au Mans, attendre trois heures, prendre un TGV jusqu’à Sablé-sur-Sarthe, sauter dans un TER jusqu’à Rennes et, enfin, prendre un quatrième train jusqu’à Vannes.
Malgré leur colère, les Parisiens gardent la tête froide. Luca devait partir le 23 décembre au matin. Il a fini par « prendre un bus de nuit à 23h jeudi soir pour arriver à 7h à Bordeaux. » Malgré son agacement, il exprime son soutien aux grévistes : « Proposer 2% d’augmentation aux contrôleurs quand les pâtes et le riz ont augmenté de 20%, c’est honteux. »
Pour l’équipe soignante de la maternité des Diaconesses, être de garde le soir du réveillon est un rituel joyeux malgré la charge de travail. C’est aussi, pour certains, une échappatoire aux réunions familiales.
« C’est agréable de voir la vie ! », s’exclame Olivia, secrétaire médicale depuis mars dernier à la maternité des Diaconesses à Paris XIIe. Depuis 2019, les clochettes de Noël n’y avaient pas sonné. Cette année, une crèche a été installée dans le hall d’entrée et, le soir du réveillon, deux couples de danseurs donneront une performance dans les couloirs du service. « Nous avons un peu initié le mouvement ! Quand les sages-femmes et les patientes entrent dans notre bureau décoré, elles ont le sourire », lance Clémentine, une collègue d’Olivia.
« On essayera de donner de la joie aux familles »
« Je ne sens pas encore la magie de Noël. C’est plus le jour J qu’on la sent », confie Estelle, infirmière au sein de l’unité Kangourou, un service de puériculture dédié aux prématurés. « On organise toujours un petit dîner entre nous », indique l’infirmière qui travaillera le 24 décembre. Chaque membre de l’équipe a inscrit sur un petit tableau, situé dans la salle de repos, ce qu’il compte apporter. « On essayera de donner de la joie aux familles. Globalement, il y a toujours une atmosphère plus détendue à Noël », témoigne Blandine, sage-femme depuis deux ans et demi. Elle aussi passera le réveillon à la maternité, comme par le passé.
« C’est toujours très festif en dépit de la quantité de travail »
Thierry, gynécologue-obstétricien et ancien chef de service de la maternité, a aussi connu plusieurs soirs de garde, le 25 décembre. Pour lui, travailler pendant les fêtes de fin d’année s’avère un bon prétexte pour échapper aux obligations familiales : « C’est l’avantage de passer les fêtes à la maternité ! C’est toujours très festif en dépit de la quantité de travail. Mais, évidemment, il ne faut pas le dire », ajoute-t-il en riant.
L’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) du Père-Lachaise a annoncé sur son blog que mercredi 22 décembre 2022 aurait lieu la dernière distribution de paniers de fruits et légumes de cette année. Lors d’une réunion en novembre dernier, l’agriculteur référent de l’Amap a déclaré qu’il ne pouvait pas fournir de produits pour le mois de janvier. En cause, la sécheresse de l’été dernier et l’augmentation des charges liées à l’inflation pour les agriculteurs. Reprise des distributions le mercredi 1er février 2023.
L’exposition des 100 ans de la bibliothèque Fessart, prolongée jusqu’au 7 janvier 2023, fait ressurgir les figures féminines importantes de l’institution. Un hommage particulier est rendu à Jacqueline Dreyfus-Weil qui devrait donner son nom à l’établissement en mai 2023.
« Donner un nom à un établissement public, c’est rendre hommage à une figure marquante, c’est inscrire un héritage de valeur dans un territoire et c’est, enfin, conforter l’ambition du lieu », déclare François Dagnaud, maire du XIXe devant le Conseil de Paris. Ce sont la directrice actuelle de la bibliothèque Fessart, Christine NGuyen-Fau, et son adjointe Laura Vallée, qui ont suggéré de la rebaptiser du nom de Jacqueline Dreyfus-Weil. Une commission de changement de nom confirmera la modification officielle, prévue pour le mois de mai 2023.
Mais qui était Jacqueline Dreyfus-Weil (1938-1943) ? Elle exerce en 1932 à la bibliothèque Forney, puis participe au lancement des ateliers de lecture et de contes de la bibliothèque municipale L’Heure joyeuse, dans le Ve, avant d’arriver rue Fessart. Intervenante en section jeunesse de 1934 à 1937, elle met en œuvre les principes de l’éducation nouvelle, un mouvement de réforme pédagogique plaçant l’enfant, plutôt que les savoirs, au centre de l’activité éducative. Elle documente abondamment ses expériences pédagogiques par des notes. Après sa mort, son mari fait don de tous les écrits et notes de son épouse au fonds patrimonial de L’Heure joyeuse.
Un nouveau modèle de bibliothèques
Après la Première Guerre mondiale, le Comité américain des régions dévastées (Card) crée des bibliothèques à la demande du public qui réclame des livres. « À l’inverse des bibliothèques parisiennes de l’époque, souvent reléguées dans un coin de salle municipale ou d’école, les bibliothèques créées par le Card étaient des lieux spécifiquement dédiés, accueillants et agréables à fréquenter », explique Christine NGuyen-Fau.
Autre nouveauté : « La jeunesse, jusque-là rarement admise dans les bibliothèques, devient un public cible pour lequel des actions en faveur de l’éducation sont menées. » La bibliothèque Fessart ouvre ainsi ses portes le 2 novembre 1922.
Des femmes professionnalisent leur pratique dans l’entre-deux-guerres
Afin d’ouvrir une nouvelle carrière aux femmes, l’Américaine Jessie Carson, bibliothécaire de la New York Public Library, engagée par le Card, obtient que les premières bibliothécaires françaises soient formées aux États-Unis. C’est dans cette mouvance que Jacqueline Dreyfus-Weil se forme aux méthodes de l’éducation nouvelle. Elle s’engage à mettre en place des espaces destinés à des activités culturelles pour enfants et devient référente en la matière.
Donner à la bibliothèque Fessart le nom de cette professionnelle passionnée et engagée permet de rendre hommage à une femme qui a œuvré au rayonnement de l’établissement. L’anniversaire de la bibliothèque est tout à la fois l’occasion d’une exposition, d’une commémoration et d’un baptême. L’exposition est prolongée jusqu’au 7 janvier 2023. Il est possible de préparer cette découverte grâce à une visite numérique sur le site des bibliothèques de Paris.
Malgré l’envolée du coût des matières premières et de l’énergie, cette pâtisserie végane du XIe arrondissement de Paris parvient à modérer la répercussion de la hausse des prix sur ses clients en cette fin d’année.
Comme tous les artisans, VG Pâtisserie, première pâtisserie artisanale végétale bio de France, est confrontée à l’inflation et à la hausse des coûts de l’énergie. Pour autant, ses tarifs ne flambent pas : « On essaie de s’aligner sur ceux d’une boulangerie classique parisienne, même si nos matières premières sont plus chères », assure Célia Brégier, responsable de la pâtisserie.
Si le kilo de farine de blé classique (T55) est à 1,35 euro, il faut compter 1,60 euro pour sa version bio. Les marges de VG Pâtisserie en sont d’autant plus réduites. Dans cette boutique, les viennoiseries ont augmenté de 5 centimes, les cookies de 20 centimes, les produits de Noël de 30 centimes par rapport à l’année dernière. « On aurait pu augmenter plus, mais on ne l’a pas fait par rapport à la clientèle », détaille Célia Brégier. Pour compenser cette perte, la responsable confie que des économies sont faites sur l’électricité et que la gestion des stocks se fait en flux tendu.
Des clients qui viennent de loin
Chez VG pâtisserie, la bûche aux fruits rouges ou au chocolat pour six personnes est à 35 euros (soit 2 euros de plus que l’an dernier) et la buchette individuelle à 5,80 euros (30 centimes de plus qu’en 2021). Dans une pâtisserie traditionnelle, le prix d’une bûche pour six personnes oscille de 35 à 52 euros.
« C’est appréciable pour nous, les véganes, de ne pas avoir à payer trop cher pour un pain au chocolat ou un croissant », souligne Julie Thomas, une habituée de la pâtisserie de 27 ans. Habitante d’Anvers, en Belgique, elle vivait jusqu’à l’an dernier dans le XXe arrondissement, non loin de la boutique. « Les prix ici sont plus bas qu’à Anvers, où un pain au chocolat végane coûte facilement 2,5 euros », précise-t-elle.
Avant de rentrer passer les fêtes à Barcelone, Aela Sarraute, étudiante de 18 ans, est venue récupérer une commande pour sa mère. Elle a fait le plein, car « là-bas, les pâtisseries véganes sont beaucoup plus chères ». Elle confie payer 3 euros le croissant à Barcelone, « alors qu’ici il n’est qu’à 1,20 euro, quasiment le même prix que dans une boulangerie classique ». Ce qui est très raisonnable selon elle.
Depuis lundi, le théâtre de L’Épée de bois à la Cartoucherie de Vincennes héberge la compagnie Akhe de Saint-Pétersbourg et permet à ces réfugiés politiques de mettre en scène hors programmation Dédale. Une dernière présentation au public, gratuite, a lieu ce soir à 20h00. Rencontre avec le metteur en scène Vadim Gololobov.
Le collectif russe Akhe, qui a fui la Russie pour émigrer en France en août dernier, est hébergé depuis le 19 décembre au théâtre de L’Épée de bois. Il donne à 20h, ce vendredi 23 décembre, une dernière présentation de son travail sur le mythe d’Icare : enfermés par le roi de Crète dans l’oppressant labyrinthe, Dédale et son fils Icare parviennent à s’en évader en s’élançant vers le ciel grâce à des ailes faites de cire et de plumes. Une histoire qui sonne comme un écho à la situation politique actuelle en Russie.
Une démarche expérimentale
Laboratoire de recherche scénographique, la compagnie Akhe propose au public un théâtre dit d’ingénierie. « Il n’y a pas de texte, tout est visuel », explique Vadim Gololobov. Désignant du doigt une multitude de post-it disposés sur l’espace scénique, il précise : « C’est presque improvisé, on va essayer d’articuler entre elles toutes les petites scènes qu’on a créées. C’est un spectacle tout neuf, on n’a pas fait d’annonce, ce n’est même pas une générale. Tout passe par le bouche-à-oreille. »
« Un accueil exceptionnel »
Antonio Diaz-Florian, directeur du théâtre de L’Épée de bois, a spécialement ouvert les portes de la Cartoucherie jusqu’à Noël pour la troupe russe. « Le théâtre a fermé sa programmation dimanche dernier et ne rouvre qu’en janvier. C’est un accueil exceptionnel, comme à la maison. Je suis très touché par l’énergie de cette compagnie immigrante. C’est rare. »
Vadim Gololobov espère qu’Ariane Mnouchkine, dont le père est lui-même originaire de Saint-Pétersbourg, viendra voir leur présentation. Directrice du Théâtre du soleil, c’est elle qui a été monté, dans les années 1970, ce lieu emblématique de la recherche théâtrale qu’est la Cartoucherie de Vincennes.
Quant aux membres du collectif Akhe, ils ne savent pas s’ils rentreront un jour dans leur pays. « Tous les festivals internationaux sont clos. Avec la guerre, la culture a pris cher », conclut le metteur en scène russe.
Une marche de solidarité avec le peuple iranien a eu lieu mercredi 21 décembre à Paris à l’occasion de la fête iranienne de Yalda, qui célèbre la victoire de la lumière sur les ténèbres. Partie de la place de la République, cette manifestation pacifique organisée par le collectif féministe irano-kurde Roja-Paris, a rassemblé plus d’une centaine de personnes.
« À bas le régime fasciste en Iran! Dégage Khamenei ! » scande la centaine de participants à la marche de solidarité avec le peuple iranien, organisée par le collectif féministe irano-kurde Roja-Paris, ce mercredi 21 décembre. Parti de la place de la République, dans le XIe arrondissement de Paris, le cortège s’est rendu à la fontaine des Innocents, dans le Ier. Toutes les générations y étaient représentées. En grande majorité d’origine iranienne, femmes et hommes sont venus protester contre le régime et montrer leur soutien au peuple, en cette nuit de Yalda.
« Pas de Yalda cette année, nous sommes en deuil »
Yalda est une fête traditionnelle et familiale iranienne qui célèbre le solstice d’hiver. Cette année cependant, le cœur n’est pas à la joie, mais à la révolte. Soma est l’une des organisatrices de la marche. C’est la première fois que cette Iranienne de 35 ans, qui vit en France depuis quatre ans, ne fête pas Yalda : « Cette année en Iran, personne ne fête Yalda. Tout est arrêté : les rencontres, les soirées. Les gens sont en deuil. »
Nicolas, 23 ans, venu de Créteil, a eu vent de ce rassemblement sur Instagram. D’habitude, ce Franco-Iranien passe la soirée de Yalda en famille, mais ce soir, ses proches étaient trop las pour faire la fête. « Je n’ai jamais été en Iran, mais toute ma famille est iranienne. Je connais l’Iran à travers les histoires que mon père me raconte depuis mon enfance. Ce soir, ça me fait plaisir d’être entouré d’Iraniens, c’est comme si j’étais là-bas. Je me devais de venir. »
« Femme, vie, liberté ! »
Au milieu des chants révolutionnaires, le slogan « Femme, vie, liberté ! », entonné en Iran lors des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini en septembre 2022, résonne à plusieurs reprises. « C’est la nuit la plus longue de l’année, la plus sombre, c’est à peu près comme le régime islamique, cela prend une signification symbolique pour nous », confie Leïly, 28 ans, étudiante en art, qui porte fièrement le drapeau LGBTQ sur le dos. Par sa présence ce soir, elle souhaite « porter la voix de ceux que l’on n’écoute pas. Cette révolution n’est pas juste contre le voile obligatoire, c’est pour le droit des femmes, des minorités ethniques et de genre qui sont opprimées depuis la révolution islamique [de 1979]. » En France depuis deux ans et demi, elle confirme avec pudeur que c’est l’une des raisons qui l’ont poussée à quitter l’Iran : « Les personnes queers en Iran sont opprimées depuis très longtemps, ça me concerne aussi. »« Il y a une solidarité inédite, du jamais vu entre les différentes couches de la société » souligne un sympathisant qui souhaite garder l’anonymat.
Cela fait trois mois que l’organisation féministe organise des rassemblements pour faire entendre la voix des groupes de population persécutés en Iran et lutter contre le régime. Avec cette troisième marche organisée, le message se veut clair : « Le soulèvement du peuple iranien continue. »