XXe arrondissement : un studio radio portable pour donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas

Une quinzaine d’enfants de 6 à 10 ans ont été initiés à la prise de parole ce jeudi 22 décembre dans une association d’éducation populaire du XXe arrondissement de Paris. Un premier atelier d’une série qui vise à favoriser l’expression de celles et ceux qu’on entend peu dans les médias.

« Qu’est-ce que tu as aimé en 2022 ? » « La journée sportive avec l’école, parce qu’on a fait du foot », répond avec un grand sourire Hamza à Fabrice qui anime l’atelier radio ce jeudi après-midi. Pour la première fois à l’Association d’éducation populaire Charonne Réunion (AEPCR) du XXe, une quinzaine d’enfants entre 6 et 10 ans testent la nouvelle Radiobox. Studio compact et simplifié, ce boîtier portable permet d’enregistrer et de diffuser des programmes radio partout. En offrant un lieu d’expression aux jeunes, cet atelier s’insère dans la mission de l’association qui promeut le vivre-ensemble.

« Poser des questions responsabilise et valorise »

L’objectif de cette Radiobox ? « Redonner la parole à des publics qui ont l’impression qu’on la leur a confisquée », résume Yahia Adane, directeur de la structure. Concrètement, cette radio portable permettra d’aller à la rencontre des gens du quartier en faisant des ateliers à l’extérieur des locaux de l’association, de réaliser des interviews et des débats ou de faire connaître les structures de proximité.

Les enfants se succèdent au micro. Certains en profitent pour plaisanter, comme Naïm qui lance tout fier : « Je suis la star du foot ! » D’autres, plus timides, ne répondent que par bribes. Cette expérience fait cependant des heureux, à l’image de Lazare, 6 ans, qui conclut, un sourire malicieux en coin : « J’ai bien aimé. »

L’activité radio du centre de loisirs de l’Association d’éducation populaire Charonne-Réunion. Paris XXe, 22/12/22. © Ophélie Loubat

Pour Aline Grasperge, qui poursuit une thèse en sciences de l’éducation et travaille à l’AEPCR, « cet outil paraît anodin mais ne l’est pas. Il permet de donner la parole aux voix inaudibles et de parler du quotidien ». Quant à Sanhadja Akhrouf, éducatrice à la protection judiciaire de la jeunesse qui suit des jeunes passant leur Bafa (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur) dans l’association, elle estime qu’ « être en situation de poser des questions responsabilise et valorise. »

Une radio née du confinement

Le début de l’aventure radiophonique remonte au premier confinement, lorsque David, un des animateurs, a organisé et enregistré des débats à distance avec des jeunes. Portant sur cette période et ses conséquences, les échanges étaient mis en ligne sur la chaîne YouTube Radio’Charonne. Par la suite, David a découvert la Radiobox, produite par Making waves, une association qui vise à rendre la radio accessible à tous. Son acquisition a été financée par la caisse d’allocations familiales, avec le soutien de la mairie de Paris, convaincue que ce projet correspond à la mission sociale de la structure.

Le deuxième épisode de l’aventure est prévu la semaine prochaine au même endroit. Ce sera au tour des ados de tenir le micro. Naïm réitèrerait bien l’expérience. Avant de céder sa place à un autre enfant, il s’exclame : « Ah! J’aime trop parler dans les micros! »

Texte : Perrine Kempf

Photos : Ophélie Loubat