Grèves de Noël à la SNCF : des habitants de l’Est parisien à la recherche de solutions alternatives

À la veille de Noël, des centaines de trains ont été supprimés en raison d’une grève des contrôleurs de la SNCF. Pour rejoindre leurs proches, des habitants de l’Est parisien cherchent des solutions de secours, quitte à payer plus cher et à allonger leur temps de trajet.

Sur les téléphones portables de 200 000 Français, un message s’affiche : « Votre train est supprimé en raison d’un mouvement social local. » Faute de négociations avec les contrôleurs en grève, SNCF voyageurs annonce : « Si vous souhaitez reprogrammer votre voyage ou obtenir son remboursement sans frais, nous vous invitons, avant départ, à vous rendre sur le site de nos agences agréées ou dans l’un de nos autres points de vente. » Contraints de devoir se déplacer en gare à la dernière minute, certains voyageurs de l’Est parisien favorisent des solutions alternatives pour réveillonner en famille.

Pour Claro, rejoindre sa petite amie à Pau est un vrai casse-tête : « Quand mon train a été annulé vendredi 16 décembre, j’ai commencé à stresser. En allant sur l’application SNCF, j’ai vu qu’il était possible de faire le trajet la veille pour le même prix. » Son retour dans la capitale l’inquiète : « Je ne sais pas quand je pourrai rentrer chez moi. »

Des voyageurs attendent un train pour rejoindre leurs proches à Noël. Gare de Lyon, Paris XIIe, 23/12/2022. © Antoine Mermet

Tout le monde n’a cependant pas la chance de trouver un billet au même prix que le précédent.  « Avec mon copain, nous devions partir le 24 au matin chez mon grand-père qui habite près de Bordeaux. Nous avons pris nos billets début novembre », explique Loreleï en larmes. A l’annonce de la suppression de son train, la jeune femme de 21 ans n’a réussi à trouver qu’un Flixbus à 180€. Il partira le 24 au soir et arrivera à Bordeaux le 25 au matin. « On va aller directement dans un point de vente SNCF pour se faire rembourser parce qu’en ligne, ils ne proposent que des bons d’achat ou un échange », conclut-elle.

Un trajet d’une dizaine d’heures au lieu de deux

Prix excessifs et temps de trajet plus long : les Français sont prêts à tout pour voir leurs proches. Victoire est exaspérée : « Vendredi 23, j’aurais dû partir à Rennes pour voir des amis et reprendre un TER pour rentrer à Vannes chez mes parents. » La voilà maintenant contrainte de réaliser un trajet d’une dizaine d’heures pour un voyage qui se fait habituellement en deux heures trente : prendre un premier TER jusqu’au Mans, attendre trois heures, prendre un TGV jusqu’à Sablé-sur-Sarthe, sauter dans un TER jusqu’à Rennes et, enfin, prendre un quatrième train jusqu’à Vannes.

Dans la gare routière de Paris Bercy, les bus affichent complets. Paris XIIe, 23/12/2023. © Enzo Sultan

Malgré leur colère, les Parisiens gardent la tête froide. Luca devait partir le 23 décembre au matin. Il a fini par « prendre un bus de nuit à 23h jeudi soir pour arriver à 7h à Bordeaux. » Malgré son agacement, il exprime son soutien aux grévistes : « Proposer 2% d’augmentation aux contrôleurs quand les pâtes et le riz ont augmenté de 20%, c’est honteux. »

Texte : Margot Bonnéry

Photos : Antoine Mermet et Enzo Sultan

 

La gratuité de certains préservatifs masculins pour les 18-25 ans divise les pharmaciens du XXe

À compter du 1er janvier 2023, certains préservatifs masculins seront gratuits pour les 18-25 ans. Cette mesure n’est pas du goût de deux pharmaciens du XXe arrondissement de Paris, qui craignent quelle profite principalement aux marques leaders du marché, non gratuites.

Emmanuel Macron l’a annoncé début décembre : « En pharmacie, le préservatif sera gratuit pour les 18-25 ans. Cela va commencer dès le 1er janvier [2023]. » Depuis le 10 décembre 2018, certains sont déjà remboursés par la Sécurité sociale sur prescription d’un médecin ou d’une sage-femme. L’Assurance maladie prend ainsi actuellement en charge à hauteur de 60% les préservatifs masculins des marques  « Eden » et « Sortez couverts ! ». Les 40% restants peuvent être remboursés par les complémentaires santé. Mais certains pharmaciens redoutent que les jeunes précaires ne soient pas suffisamment informés des marques de préservatifs concernées par la gratuité.

Deux marques de préservatifs face aux géants du secteur

Cette gratuité concernera uniquement les préservatifs « Eden » et « Sortez couverts ! », méconnus du grand public et très peu prescrits, selon Éric Levy, propriétaire d’une pharmacie avenue Gambetta. La mesure ne s’appliquera donc pas aux marques les plus connues, comme Manix et Durex, les leaders du marché.

Or ces marques sont bien plus chères que les autres. À titre de comparaison, une boîte de 24 préservatifs « Eden » coûte 5,20 euros contre 12,90 euros pour des préservatifs Manix. Pour atteindre notamment le public jeune, les leaders mettent en avant la diversité de leurs produits. Ainsi, « Manix et Durex savent qu’ils feront plus de marge et vendront plus ! C’est pour cela qu’ils se permettent de vendre plus cher leurs préservatifs », lance le pharmacien. En résumé, « cette mesure gouvernementale est une solution pour les personnes ric-rac. Celles qui ont les moyens et qui veulent de la variété peuvent toujours s’acheter les boîtes les plus chères », estime Éric Levy.

Cachez ces préservatifs que je ne saurais voir !

« La législation en vigueur nous interdit d’exposer en rayon ou au comptoir les produits remboursés », explique le pharmacien. Cette invisibilité relative va donc bénéficier à Manix et Durex. En effet, pour un jeune, il est plus facile d’aller vers des marques connues et exposées en rayon plutôt que de se présenter au comptoir avec sa carte Vitale et demander des préservatifs gratuits.

Benoît, préparateur en pharmacie rue de l’Indre dans le XXe arrondissement, juge « inadmissible » cette nouvelle mesure. Il pointe du doigt les jeunes qui pourraient chercher à profiter du système : « Pour les petits jeunes qui n’ont pas les moyens, je peux comprendre. Mais ceux qui ont les moyens de se payer un verre en terrasse peuvent se payer des boîtes de capotes ! », juge-t-il. De son côté Éric Levy, bien que favorable à la gratuité, redoute que « des gens viennent chercher des boîtes pour les revendre ensuite ». Avant de conclure : « J’espère qu’il n’y aura pas trop de détournements. »

Texte : Bérénice Paul

Photos : Antoine Mermet

Tricot urbain à Vincennes : le concours du plus bel habillage de potelets annulé

L’association Pauses devait organiser jusqu’à fin décembre un concours de tricot urbain,  ou « yarn bombing », à Vincennes. Le but : réaliser le plus bel habillage de poteaux de voirie en laine tricotée. Mais l’événement vient d’être annulé à la suite du vol de plusieurs chaussettes géantes.

Vincennes compte actuellement plus de 350 chaussettes de laine recouvrant des potelets (des petits poteaux de rue). Ces décorations de Noël d’un genre particulier sont inspirées de la mouvance du « yarn bombing ». Elles ont été réalisées dans le cadre d’un concours initié par Pauses, une association de tricoteuses vincennoises. Mais, alors que la gagnante devait recevoir en cadeau un boudin de porte façonné par des membres de l’association, le concours a dû être annulé en raison du vol de plusieurs de ces chaussettes.

Les œuvres en tricot n’ont pas toutes disparu. On peut encore voir des chaussettes rue du Midi, rue de Montreuil, rue Robert-Giraudineau, avenue Lamartine, rue du Château, place Bérault et rue Jean-Spire-Lemaître. Les photos sont disponibles sur Instagram avec le mot-dièse #pausesvincennes.

Les chaussettes habillent les poteaux de la rue de Midi (à gauche). Sandrine réalise ses bérets grâce à des aiguilles circulaires et une jauge (à droite). © Nathalie Fristot

Sandrine et Edwige font partie des tricoteuses qui ont confectionné les habillages des potelets. Dans la salle Henri Bonnemain de la maison des associations de Vincennes, Edwige, 69 ans, vincennoise depuis trente-huit ans, a rejoint l’association en septembre. Sandrine Altglas, 56 ans, y est adhérente depuis plus d’un an et se dit en « thérapie de tricot ». Cette activité reposante lui permet d’oublier ses soucis personnels et lui fait du bien. Elle en est persuadée : tricoter permet de prolonger l’espérance de vie des personnes atteintes d’Alzheimer.

Un concept venu du Texas

Chacune a sa spécialité. Sandrine utilise des aiguilles circulaires « pour tricoter en rond et confectionner beaucoup de bonnets ». Edwige, de son côté, pratique la « frivolité » à la navette, une technique particulière de dentelle composée de nœuds et de picots désormais peu usitée. Elle en décore ses réalisations en tricot, comme une signature.

Inventé par la Texane Magda Sayeg en 2005, le concept du « yarn bombing » s’est répandu dans le monde, mais reste confidentiel en France. L’association Pauses tente de le faire connaître en confectionnant des gaines en laine pour troncs d’arbres, gros pots de fleurs et autres éléments de mobilier urbain. Elle promeut l’utilisation de laines anciennes délaissées, qui ont ainsi droit à une deuxième vie. Les tricoteuses sont bénévoles et le produit de la vente de ces créations est reversé au Téléthon.

Texte : Michaël Mannarino

Photos : Nathalie Fristot

Père Noël au centre commercial de Bel Est, portrait d’un retraité

Jean, 76 ans, joue le rôle du Père Noël au centre commercial Bel Est, à Bagnolet. Depuis sept ans, aux vacances d’hiver, ce retraité se fait photographier avec des familles qui rêvent à la magie de Noël.

« Retire ton bonnet, Mohamed ! » Jean, 76 ans, prend son rôle de Père Noël au sérieux. Jusqu’au 24 décembre, de 10 h à 18 h au centre commercial Bel Est situé à Bagnolet, les familles se succèdent pour se faire photographier avec l’homme en costume rouge et blanc, assis sur un trône majestueux. Le décor est constitué d’un sapin, d’une cheminée et de paquets emballés avec du papier cadeau étoilé. Aux côtés de Jean, Céline, 54 ans, est gérante d’une société spécialisée dans l’événementiel. C’est elle qui a installé le décor avant de photographier les enfants assis sur les genoux de l’homme à la barbe blanche, contre la somme de 10 €.

« Il a de belles joues ! »

Jean sourit, une clochette à la main, prêt à accueillir les rêveurs. Des parents, accompagnés de leurs deux filles, passe devant le stand. « C’est le décor qui nous a interpelé », dit l’homme, avant de rejoindre ses filles pour la photo. « C’est un beau Père Noël. Il a de belles joues », commente une femme qui choisit son cliché sur un écran avant l’impression de la photo. Un peu plus loin, une trentenaire, dit à son jeune fils tout en pointant du doigt l’homme au bonnet rouge : « Regarde ! Lui, c’est un faux Père Noël. »

Jean se prête au rôle du Père Noël, offrant des petits cadeaux aux enfants. © Enzo Sultan

Si certains brisent parfois la magie, Jean aime à faire rêver les enfants et qu’ils le fassent rêver à leur tour. Le regard pétillant, il se remémore le moment où il a tenu dans ses bras, un nourrisson de 4 jours. Les questions les plus posées par les petits curieux ? « Comment vas-tu transporter les cadeaux ? » et « Où sont tes rennes ? » Jean leur répond : « qu’ils vivent au ciel. Ce serait d’ailleurs pratique pour rentrer, ils me déposeraient », s’amuse-t-il d’une voix joviale où l’on sent, néanmoins, un soupçon de fatigue.

Une activité qui n’est pas de tout repos

« Ma femme travaille dans la galerie. C’est elle qui m’a parlé de l’offre du centre commercial », explique-t-il. Depuis sept ans, à l’approche des fêtes, ce retraité se pare du costume rouge et blanc contre une rémunération entre 10 et 15 € de l’heure selon ses propos. Pour ce septuagénaire, ancien salarié de l’administration publique, quitter le Sud où il vit et monter à Paris pour tenir ce rôle, chaque hiver, cela n’est pas une activité de tout repos : il reste assis pendant six heures et demi par jour. « Ça fait mal aux genoux et aux mollets. C’est plus de mon âge », s’exclame-t-il en riant.

Le 24 décembre, Jean laissera son costume à un nouveau candidat. 2022, marque l’année de sa sortie de scène dans le rôle du Père Noël.

Texte : Guilhem Bernes

Photos : Enzo Sultan

Cette année, Jean laissera définitivement son trône de Père Noël. Un trône qu’il aura occupé pendant sept ans. © Enzo Sultan

Baghera a trouvé un foyer grâce à l’École du chat de Bagnolet

La jeune chatte Baghera a été sauvée de la rue par Carole, une des bénévoles de l’École du chat. Sortir les chats errants de la rue et leur trouver un foyer, une mission pas toujours possible. Les soigner et les stériliser reste la priorité.

Carole se presse. Elle doit être à 17h chez le vétérinaire pour récupérer Baghera. Sur place, elle s’inquiète de savoir si l’animal s’est laissé approcher. « Elle n’a pas l’air très sauvage, mais on n’a pas voulu tenter le diable : on l’a identifiée, testée, vaccinée », répond Aline*, la vétérinaire. Disparue depuis deux mois après avoir donné naissance à deux chatons, Baghera a été retrouvée il y a quelques jours grâce à l’intervention des bénévoles de l’École du chat de Bagnolet.

Baghera est amenée chez le vétérinaire pour la vaccination et l’identification. © Clément Tissot

« Certains chats sont impossibles à domestiquer »

Carole, bénévole au sein de l’association depuis deux ans, s’interroge : « Nous devons savoir si Baghera est sauvage. » Cette scénariste de formation organise le nourrissage des félins qui errent dans les rues de la ville. Certains chats nécessitent un accompagnement médical. La vaccination et la stérilisation constituent l’antichambre d’une possible adoption. Le chat est d’abord placé dans une famille d’accueil. « Certains chats sont impossibles à domestiquer. Ils sont trop sauvages. Ceux-là, on les relâche en veillant à ce qu’ils soient en bonne santé », explique Carole.

Parée d’une collerette, Baghera assiste, impassible, à l’énumération de son pédigrée par la vétérinaire. Subissant les effets de l’anesthésie, le félin paraît inoffensif et absent. Seuls ses yeux verts irisés pointent à la surface de la cage. Quant à son âge, « c’est difficile à dire », juge la vétérinaire, « elle doit avoir entre deux et trois ans ». Son assistant inscrit la date du 1er janvier 2020 sur l’ordinateur. Baghera a maintenant une date de naissance. Mais en attendant d’être adoptée, celle-ci devra d’abord passer huit jours en famille d’accueil.

Une adhérente de l’association organise au téléphone, le placement d’un des chats © Clément Tissot

L’effet domino de l’adoption

Depuis plusieurs années, l’association s’organise pour lutter contre la misère animale dans les rues de la ville en s’occupant des chats errants. Entre janvier et juillet 2022, elle a fait stériliser une quarantaine de chats. Trente-six d’entre eux ont été adoptés et quatre ont été relâchés. En 2021, l’association a déboursé pas moins de 16 000 euros en soins vétérinaires. Néanmoins, « il faudrait faire plus de stérilisation », préconise Carole. Il suffit de cinq chattes non stérilisées pour constituer une population de cent chats. « On espère vivement une campagne de stérilisation en 2023 de la part de la mairie », lance la bénévole en sortant de chez le vétérinaire. Sur le pas de la porte, elle précise : « Chaque chat adopté permet de sortir un autre animal de la rue. »

* le nom a été modifié

Texte : Bérénice Paul

Photos : Clément Tissot

Hanouka : la communauté Loubavitch allume la deuxième bougie, place de la République

Les juifs célèbrent la fête de Hanouka jusqu’au 26 décembre. À cette occasion, le mouvement Loubavitch allume une bougie en public, huit soirs consécutifs. Reportage à Paris, place de la République, pour le deuxième soir de cette « fête des lumières », ouverte à tous.

Malgré le froid, près de 300 personnes se sont réunies sur la place de la République, ce lundi soir, 19 décembre, pour voir s’allumer la deuxième bougie de Hanouka, une des fêtes traditionnelles du calendrier juif. Le rassemblement est organisé par la communauté Loubavitch, une branche du judaïsme. Suspendu à un chandelier géant, Benjamin Mergui, représentant de la communauté, préside la cérémonie. Pour lui, le choix de cette place n’est pas un hasard : celle-ci évoque les valeurs de liberté et de tolérance pour lesquelles les premiers juifs se sont battus. Chants, danses, distribution de kits d’allumage et de beignets, spectacle de jongleurs, cette célébration est ouverte à tous.

Pratiquants et non-pratiquants sont réunis pour l’allumage public de la deuxième bougie de Hanouka. Place de la République, Paris Xe, 19/12/2022 © Rudy Ouazene

Un rendez-vous avec le divin…

Pour Myriam, parisienne de 62 ans, c’est une fête importante : « Un moment de conscience très fort. Plus qu’un simple rassemblement, c’est un rendez-vous avec le divin. » Si de son côté, Margot, 28 ans, une habitante du quartier, n’a pu assister à la célébration d’hier, « finale du Mondial oblige », elle tenait absolument à « voir les lumières », ce soir. Pour cette pratiquante, c’est un moment joyeux et ludique qu’elle a l’habitude de fêter en famille, à la maison ou à la synagogue.

 

Distribution de kits d’allumage mais aussi de beignets, la célébration prône les valeurs de liberté et de tolérance pour lesquelles les premiers juifs se sont battus. Place de la République, Paris Xe, 19/12/2022 © Rudy Ouazene

…ouvert à tous

Toutes les personnes présentes ne sont pas pratiquantes, à l’instar de Shai, étudiant canadien de 23 ans, qui se définit comme « pas si croyant ». Pourtant, il souhaitait voir un allumage pendant son séjour parisien : « Hanouka est culturel, ça fait partie de moi, de ce que je suis. » Quant à Noémie, chrétienne de 28 ans, c’est la première fois qu’elle assiste à cet événement : « C’est très beau et inspirant. Ces moments de partage et de communion avec d’autres communautés sont importants. C’est une façon de mieux connaître la communauté juive, dans la joie et la bonne humeur », confie la montreuilloise.

Un moment de lumière et d’espoir

Hanouka (« inauguration » en hébreu) rend hommage au peuple d’Israël qui refusa l’envahisseur grec au Ier siècle av. J.-C.. Cette victoire militaire et spirituelle fut marquée par un phénomène extraordinaire : la hanoukkia, ce chandelier traditionnel à neuf branches, resta allumé pendant huit jours dans les décombres d’un temple. Depuis, la communauté juive commémore ce miracle en allumant, huit soirs d’hiver consécutifs, une bougie.

Pour des raisons de sécurité, les forces de l’ordre et le service de protection de la communauté juive sont présents. Jusqu’au 26 décembre, rendez-vous dans soixante lieux parisiens pour partager ce moment de lumière et d’espoir.

Texte : Pamela Eanga

Photos : Rudy Ouazene

Noël aux Lilas : un concours de vitrines en manque de notoriété

La ville des Lilas organise le concours de la plus belle vitrine de Noël 2022. Une façon de remercier et mettre en valeur le commerce de proximité, qui est l’un des atouts majeurs de la commune.

En cette période de fêtes, la mairie des Lilas a lancé, pour la seconde année, son concours de la plus belle vitrine de Noël parmi les commerçants de la ville. Un concours réservé aux Lilasiennes et Lilasiens, qui peuvent voter jusqu’au 31 décembre 2022. Mais force est de constater que, dans les rues de la ville, peu de gens semblent au courant de cette opération. Y compris parmi les commerçants.

Des commerçants impliqués

Le salon Kayli, spécialiste de l’onglerie, de l’esthétique et de la coiffure situé au 150 rue de Paris, est rempli de clientes. Lili, à l’accueil, est passionnée de décorations de Noël. L’année dernière, elle avait bien décoré sa boutique, par plaisir. Mais cette année, elle a un planning très chargé et n’a pas eu connaissance de l’événement. Malgré tout, sa vitrine présente de très beaux soldats de bois, nommés aussi casse-noisettes Erzgebirge, de belles guirlandes rouges et blanches s’enroulant autour des deux poteaux à l’entrée, ainsi que deux étoiles rouges sur la porte.

Vitrine décorée pour Noël, salon de coiffure Kayli. Les Lilas, 19/12/2022 © Nathalie Fristot

Un peu plus loin, au 151 de la même rue, Les Tatas flingueuses est une épicerie fine mais aussi une boutique de créateurs, affichant un joli mélange kitsch et vintage. À l’entrée du magasin, deux univers : l’un jaune pour les enfants, l’autre rose pour les adultes. Les vitrines encadrant la porte sont faites en rideaux de papier fluo brillant, avec de grandes étoiles et de grands flocons de neige illuminés. Patrizia, vendeuse, ignore tout de ce concours elle aussi. « Avec mon équipe, j’ai toujours fait des efforts pour rendre la vitrine attirante », déclare-t-elle. Elle aime entendre les « Wow » d’admiration, qui valorisent son travail. Et compte décorer sa vitrine encore plus l’année prochaine, pour tenter de remporter le titre de la plus belle vitrine de Noël.

Des habitants appelés à voter en ligne

Catherine, une passante très enjouée, la soixantaine, affirme également manquer d’information sur ce concours : « J’aurais dû penser à aller sur internet pour voir ce que propose la mairie des Lilas », regrette-t-elle. Elle hésite encore, mais son œil brille vers deux préférences : la librairie Folies d’encre et la boutique Les Tatas flingueuses. À son retour chez elle, elle pensera sans nul doute à voter.

L’année dernière, c’est le salon de coiffure Raymond Azar qui a été récompensé, précise le service communication de la mairie. Et cette année ? Des informateurs indiquent que les voix des habitants pourraient se porter sur la vitrine d’un toiletteur pour chiens, bien connu des Lilasiens et Lilasiennes. Voter pour la plus belle vitrine des Lilas est possible en ligne jusqu’au 31 décembre 2022.

Texte : Michaël Mannarino

Photos : Nathalie Fristot

 

Le voleur des casiers de salles de sport maintenu en prison

Un homme suspecté de vol dans les casiers de plusieurs salles de sport franciliennes, notamment dans le XXe arrondissement de Paris, a comparu au tribunal de Nanterre ce lundi 19 décembre. Son addiction dévorante pour les jeux n’a pas convaincu les juges qui le maintiennent en détention.

« Vous pariez où ? Au Casino ? » « Paris sportifs, monsieur. » L’homme vêtu d’une chemise rose soignée qui répond au président du tribunal de Nanterre ce lundi 19 décembre est suspecté d’avoir commis une série de vols dans plusieurs salles de sports d’Île-de-France. Steeve B., 29 ans, aurait raflé ce qu’il trouvait dans des casiers entre août et octobre 2022, dont l’arme d’un policier dans une salle de sport du XXe arrondissement. Face aux trop nombreuses comparutions qu’il doit traiter, le juge renvoie l’affaire en choisissant le maintien en détention provisoire.

« Vous avez déclaré parier entre 1 000 € et 1 500 € par mois et votre salaire ne suffisait plus », lance le juge en parcourant le dossier du suspect. « Sa sœur était malade et son addiction constituait une réelle échappatoire », signale l’avocate, qui insiste sur la recherche active d’emploi de son client. « Je souhaite aussi déménager afin de m’extirper d’un environnement qui contribue à me maintenir dans mon addiction », ajoute l’ancien commercial en guise de garantie supplémentaire.

« Les justiciables ne doivent pas pâtir du recours à la détention provisoire », clame l’avocate de l’accusé, qui rappelle que l’homme est détenu depuis le 18 novembre. « On notera aussi qu’il a fait preuve de constance dans les faits qui lui sont reprochés : ils ne se sont jamais aggravés, si ce n’est, effectivement, la détention d’une arme d’un fonctionnaire de police », reconnaît l’avocate avec un léger sourire.

Le procureur observe que l’homme a déjà été condamné deux fois depuis 2019 pour vol et usurpation d’identité. « Il récidive alors même qu’il a écopé d’un an de prison avec sursis pour des faits similaires. Rien ne peut nous garantir qu’il ne va pas réitérer. » Finalement le juge opte pour un maintien en détention provisoire et un report de l’affaire au 12 janvier 2023.

Texte : Guilhem Bernes

Photos : Enzo Sultan

Pédagogie militante et entrepreneuriat au marché de Noël féministe du Gang du clito

Le Gang du clito organisait un marché de Noël féministe au Ground Control (Paris, XIIe) le week-end du 17 et 18 décembre. 55 femmes, entrepreneures ou militantes, étaient présentes. L’objectif ? Sensibiliser à l’égalité femmes-hommes et valoriser des créatrices engagées.

Des affiches d’anatomie clitoridienne, la déclaration des droits de la femme, des jeux de société anti-sexistes. Mais aussi des savons artisanaux en coffrets, des talismans brodés à la main en forme de vulve. Ces biens hétéroclites étaient à vendre dans ce marché de Noël qui a exposé samedi 18 et dimanche 19 décembre après-midi plus de cinquante créatrices pour ce premier week-end des vacances. L’événement est à l’initiative du Gang du clito, une maison d’édition visant à démocratiser le féminisme via des posts pédagogiques sur Instagram et des événements sur le féminisme.

Des talismans brodés main en forme de vulve. Paris XIIe, 18/12/2022. © Clément Tissot

Valoriser les initiatives militantes

Pour Julia Pietri, fondatrice du Gang du clito et organisatrice de l’événement, le but de ce marché est de valoriser le travail des associations militantes : « Le stand n’est pas cher, je l’offre aux associations féministes. Le public qui vient est féministe et cherche à rencontrer d’autres femmes engagées, donc ça matche tout de suite. » L’association Les Ateliers du féminisme populaire a ainsi permis à Rabia Mabrouka, calligraphe et animatrice dans une maison de quartier à Bondy, de participer à ce marché via le programme « Héroïnes en région » qui forme des femmes des quartiers populaires à l’entrepreneuriat.

Pour « des cadeaux qui ont du sens »

Ce marché de Noël, c’est l’occasion « de rassembler le talent des femmes entrepreneures et d’essayer de contrer le Noël des multinationales », continue Julia Pietri.

Plus loin sur la gauche, Nathalie de Parseval, artiste et artisane, fabrique des bijoux en béton depuis 2020. Elle utilise pour cela des moules en silicone de dentiste : « Il m’a fallu un an pour créer les outils adaptés, les bons moules, et aussi la bonne composition de béton. » De sorte que le produit final reste « très léger ».

La légèreté des bagues en béton de Nathalie Parseval. Paris XIIe, 18/12/2022. © Clément Tissot

L’édition 2022, la troisième de ce marché, n’a pas désempli. Julia Pietri commente : « Ça marche de mieux en mieux. » Selon elle, ce marché correspond à ce que cherchent les gens : « Des cadeaux qui ont du sens. » Françoise Laurente, 61 ans, est venue après avoir lu un post relayé par une amie sur Instagram. Elle repart avec une petite pochette en tissu sur laquelle est imprimée un slogan détourné : « Métro, boulot, vibro ».

Texte : Imane Lbakhar

Photos : Clément Tissot