Une marche solidaire à l’occasion de la fête iranienne de Yalda

Une marche de solidarité avec le peuple iranien a eu lieu mercredi 21 décembre à Paris à l’occasion de la fête iranienne de Yalda, qui célèbre la victoire de la lumière sur les ténèbres. Partie de la place de la République, cette manifestation pacifique organisée par le collectif féministe irano-kurde Roja-Paris, a rassemblé plus d’une centaine de personnes.

« À bas le régime fasciste en Iran! Dégage Khamenei ! » scande la centaine de participants à la marche de solidarité avec le peuple iranien, organisée par le collectif féministe irano-kurde Roja-Paris, ce mercredi 21 décembre. Parti de la place de la République, dans le XIe arrondissement de Paris, le cortège s’est rendu à la fontaine des Innocents, dans le Ier. Toutes les générations y étaient représentées. En grande majorité d’origine iranienne, femmes et hommes sont venus protester contre le régime et montrer leur soutien au peuple, en cette nuit de Yalda.

« Pas de Yalda cette année, nous sommes en deuil »

Yalda est une fête traditionnelle et familiale iranienne qui célèbre le solstice d’hiver. Cette année cependant, le cœur n’est pas à la joie, mais à la révolte. Soma est l’une des organisatrices de la marche. C’est la première fois que cette Iranienne de 35 ans, qui vit en France depuis quatre ans, ne fête pas Yalda : « Cette année en Iran, personne ne fête Yalda. Tout est arrêté : les rencontres, les soirées. Les gens sont en deuil. »

Nicolas, 23 ans, venu de Créteil, a eu vent de ce rassemblement sur Instagram. D’habitude, ce Franco-Iranien passe la soirée de Yalda en famille, mais ce soir, ses proches étaient trop las pour faire la fête. « Je n’ai jamais été en Iran, mais toute ma famille est iranienne. Je connais l’Iran à travers les histoires que mon père me raconte depuis mon enfance. Ce soir, ça me fait plaisir d’être entouré d’Iraniens, c’est comme si j’étais là-bas. Je me devais de venir. »

« Femme, vie, liberté ! »

Au milieu des chants révolutionnaires, le slogan « Femme, vie, liberté ! », entonné en Iran lors des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini en septembre 2022, résonne à plusieurs reprises. « C’est la nuit la plus longue de l’année, la plus sombre, c’est à peu près comme le régime islamique, cela prend une signification symbolique pour nous », confie Leïly, 28 ans, étudiante en art, qui porte fièrement le drapeau LGBTQ sur le dos. Par sa présence ce soir, elle souhaite « porter la voix de ceux que l’on n’écoute pas. Cette révolution n’est pas juste contre le voile obligatoire, c’est pour le droit des femmes, des minorités ethniques et de genre qui sont opprimées depuis la révolution islamique [de 1979]. » En France depuis deux ans et demi, elle confirme avec pudeur que c’est l’une des raisons qui l’ont poussée à quitter l’Iran : « Les personnes queers en Iran sont opprimées depuis très longtemps, ça me concerne aussi. » « Il y a une solidarité inédite, du jamais vu entre les différentes couches de la société » souligne un sympathisant qui souhaite garder l’anonymat.

Cela fait trois mois que l’organisation féministe organise des rassemblements pour faire entendre la voix des groupes de population persécutés en Iran et lutter contre le régime. Avec cette troisième marche organisée, le message se veut clair : « Le soulèvement du peuple iranien continue. »

Texte : Pamela Eanga

Photos et son : Clément Tissot, Antoine Mermet

Report de l’expulsion d’exilés à Pantin : « Une excellente décision » pour leur avocat

Le tribunal de proximité de Pantin repousse à avril 2025 l’expulsion d’une soixantaine d’exilés qui occupent un bâtiment vacant dans la ville. Alors que le projet de loi « anti-squat » vient d’être adopté à l’Assemblée nationale, l’avocat des exilés, Matteo Bonaglia, voit dans ce verdict « les derniers soubresauts d’un système démocratique et juridictionnel efficace, avant que cette loi passe ».

Comment en êtes-vous venu à défendre des réfugiés visés par une assignation d’expulsion ?

Matteo Bonaglia : J’ai été contacté en février 2022 quand ils sont entrés sur les lieux, accompagnés par des associations. Ce sont surtout des exilés, dont la majorité a été déboutée de sa demande de droit d’asile. Les avocats de l’EPFIF [Établissement public foncier d’Île-de-France], propriétaire du bâti, ont délivré en août 2022 devant le tribunal de proximité de Pantin, une assignation à fin d’expulsion qui visait tous les occupants.

Habitants du bâtiment occupé à Pantin. 20/12/2022. © Zoé Perrin

Comment avez-vous fait pour retarder l’expulsion ?

L’objet n’était pas de contester l’EPFIF dans sa propriété, mais de convaincre le juge que l’expulsion devait intervenir plus tard. Compte tenu de la situation de détresse des exilés, de leurs conditions d’occupation responsables, de leurs démarches pour trouver des solutions alternatives d’hébergement et de l’harmonie entre les occupants et les riverains, le juge nous a suivis. L’expulsion des intéressés n’interviendra pas avant le 1er avril 2025, ce qui est une excellente décision.

Y a-t-il beaucoup de cas similaires en France ?

La saturation croissante des dispositifs d’hébergement d’urgence et l’aggravation de la crise du logement donnent lieu à une augmentation des lieux de vie informels. Pour autant, la part des contentieux liés aux squats représente 1 % des dossiers lorsqu’il s’agit d’expulsion. La majorité des expulsions est due à des impayés locatifs et à des non-respects du bail. Mais la focalisation politico-médiatique sur les squats est telle qu’on a l’impression que ce phénomène est massif, ce qui est ridicule et faux.

La proposition de loi « anti-squat » a été adoptée à l’Assemblée et sera examinée au Sénat en janvier 2023. En quoi consiste-t-elle ?

Cette loi comprend un premier volet qui s’intéresse au squat et à des situations connexes, et un deuxième relatif aux relations locatives. Les défenseurs de la loi souhaitent que les propriétaires n’aient plus à se plier au respect d’une procédure judiciaire. Deux mécanismes seraient instaurés. D’abord, le délit d’occupation sans droit ni titre d’une propriété d’autrui, sanctionné d’une peine de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende. Et la possibilité de laisser de côté le déroulé classique d’un schéma d’expulsion, en confiant l’autorité aux procureurs et aux préfets plutôt qu’à des juges indépendants.

Que pensez-vous de cette loi ?

C’est une catastrophe. C’est trente ans de construction d’une législation à peu près équilibrée entre les intérêts du propriétaire et des occupants mis à bas. À la place, on va criminaliser la pauvreté. Je vois dans le verdict du cas de Pantin les derniers soubresauts d’un système démocratique et juridictionnel efficace, avant que cette loi passe.

Propos recueillis : Perrine Kempf

Photos : Zoé Perrin

 

 

L’association La Fresque du climat aide les élus du XXe à comprendre les enjeux climatiques 

Le maire du XXe arrondissement de Paris, Éric Pliez, et six adjoints ont participé ce lundi 19 décembre à un atelier de La Fresque du climat. L’objectif était de sensibiliser les élus aux changements climatiques.

Deux animatrices de l’association La Fresque du climat se sont rendues à la mairie du XXe arrondissement de Paris lundi 19 décembre pour animer un atelier de sensibilisation aux enjeux climatiques. Les onze personnes présentes – le maire Éric Pliez, des élus et des conseillers – ont été interpellées par les enjeux climatiques. Et ont pu réfléchir aux actions à mettre en place, tant sur le plan personnel que professionnel.

Des élus de la mairie du XXe réfléchissent aux enjeux climatiques lors d’un atelier proposé par La Fresque du climat. © Demian Letinois

Au cours de l’atelier, les élus se sont confrontés aux liens de causalité entre les actions humaines et les nombreuses catastrophes climatiques. Annie Gafforelli, adjointe au maire en charge de la démocratie locale et de la participation citoyenne, et Wendy Wierzchowski, animatrice de La Fresque du climat, sont à l’initiative de cet atelier. « Il est important que nous, les élus, on maîtrise ce sujet afin de mieux agir », explique Annie Gafforelli. La mairie du XXe est la première de la capitale à participer à cet atelier. L’objectif est simple et l’adjointe au maire l’énonce clairement : « Si nous comprenons mieux ce qui se passe, nous pourrons mieux sensibiliser la population et adapter nos actions. »

La pédagogie au service du climat

Anne Baudonne, en charge des affaires scolaires et de la réussite éducative, ne connaissait pas cette approche : « Je voulais découvrir cet outil pour le proposer dans les écoles dans le but de sensibiliser les élèves. Mais quand je vois les termes énoncés lors du débriefing pour qualifier ce qui se passe, je ne pense pas que cela soit la meilleure approche à avoir auprès des plus jeunes. » Si la séance lui a permis d’approfondir ses connaissances sur les enjeux climatiques, le caractère anxiogène qu’il peut provoquer ne l’a pas convaincue.

Les élus se prêtent au jeu lors de l’atelier de La Fresque du climat pour mieux comprendre le défi climatique. De gauche à droite : Hamidou Samaké (délégué au maire du XXe), Anne Baudonne et Annie Gafforelli (adjointes au maire du XXe). © Demian Letinois

« Affolant, désolant, inéluctable ». À la fin de l’atelier les avis sont quasi unanimes. Des termes peu positifs, rapidement remplacés par la volonté de changer les choses : « Il faudrait que j’arrête d’envoyer des e-mails quand je peux trouver l’information en me déplaçant dans le bureau à côté » ; « en se déplaçant à vélo, à condition qu’il ne soit pas électrique évidemment, on réduit notre impact carbone en ce qui concerne les transports ».

Comprendre les bases scientifiques du dérèglement climatique, lever le voile sur les zones d’ombre et sensibiliser aux enjeux d’une prise de conscience collective, tels sont les objectifs de La Fresque du climat.

Texte : Chloé Bachelet

Photos : Demian Letinois