Le Football club Arc-en-ciel se bat pour faire avancer la cause LGBT

L’équipe mixte et LGBT+ du Football club Arc-en-ciel s’entrainait le mercredi 21 décembre 2022 pour la dernière fois cette année, au stade Maryse Hilsz du XXe arrondissement de Paris. Les footballeurs et footballeuses sont en colère contre la Fédération et contre l’équipe de France qui a refusé de porter le brassard arc-en-ciel lors de la Coupe du monde au Qatar.

Cami, 23 ans, entre sur le terrain pour son premier entrainement avec l’équipe Arc-en-ciel. Depuis longtemps, il cherchait un club où jouer sans être jugé sur son orientation sexuelle. Cami est un homme trans. Le Football club Arc-en-ciel est ouvert à tous et à toutes, quelle que soit son orientation sexuelle. Les joueurs et les joueuses s’entrainent le mercredi, le jeudi et le samedi soir au stade Maryse Hilsz, dans le XXe arrondissement de Paris. La saison 2022 a pris fin ce mercredi 21 décembre. Ce soir, le jeune homme est soutenu par son amie Coriandre, qui le met en confiance. Il se lance et dépasse ses appréhensions, marquant presque un but.

Cami, 23 ans, assiste à son premier entrainement. Le FC Paris Arc-en-ciel est une association sportive Lesbienne, Gay, Bi et Trans (LGBT) & friendly. Le club lutte contre toute forme de discriminations. Stade Maryse Hilsz, Paris XX. 21/12/2022. © Claire Corrion.

La Fédération française de football met un frein à l’inclusion

Au FC Arc-en-ciel, où l’on se bat contre l’homophobie depuis 1997, le nombre d’adhérents ne cesse d’augmenter et les places au sein d’un club sont désormais rares. Celui-ci reste convaincu qu’un football inclusif est possible, tout en constatant le manque de reconnaissance dans le milieu. Les clubs mixtes et LGBT sont rares, autant que les créneaux d’accès aux stades et les subventions de la part de la FFF. Les joueurs solutionnent le problème en s’affiliant à trois fédérations : la Fédération française de football, à laquelle peuvent adhérer des équipes féminines, la Fédération sportive et gymnique du travail qui acceptent des équipes mixtes et Sports LGBT dont l’objet est l’inclusion des personnes lesbiennes, gays, bi et trans.

 « Tout cela nous a poussé à nous organiser et à nous engager politiquement et socialement. Nous luttons hors des stades contre toutes formes de discrimination » raconte Marion, joueuse et responsable de l’équipe mixte. Âgée de 33 ans, elle joue au foot depuis ses 11 ans et a subi de nombreuses remarques sexistes : « On ne me passait pas le ballon, on me disait que je jouais comme une fille et que je n’avais pas ma place sur le terrain. » Marie-Lyse Lounes, coach du FC Arc-en-ciel explique : « l’inclusion, le respect de soi et des autres, l’entraide, la solidarité, la non-discrimination selon son niveau, son âge, sa religion, son orientation sexuelle, sont des valeurs essentielles. » Cami a tenu tout le match malgré la fatigue. Il espère se faire accepter au sein du club. Rendez-vous le 4 janvier 2023 pour la reprise des entrainements.

Texte : Christophe Vallée

Photo : Claire Corrion

Mondial de football au Qatar : une finale entre espoir et résignation

Les passionnés de football ont vibré dimanche soir, lors de la finale de la Coupe du monde remportée par l’Argentine face à la France. Dans des bars de l’est parisien, supporters français et argentins ont soutenu leurs joueurs en rythmant le match de leurs cris et de leurs larmes. Des deux côtés, on a voulu, jusqu’au bout, croire à la victoire.

  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine, dans le bar Fitzroy, Paris 11. Les supporters sont à fond derrière l'équipe de France qui vient d'égaliser à la 80e minute du match. Le 18/12/2022 ©Enzo Sultan
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine, dans le bar Fitzroy, Paris 11. L'équipe de France ayant égalisé, la tension est grande. Le 18/12/2022 ©Enzo Sultan.
  • Finale de la Coupe du monde France - Argentine dans le bar Los Francechutes, Paris 11. Le 18/12/2022 ©Emeline Sauser
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine, dans le bar Fitzroy, Paris 11. L'agent de sécurité engagé pour la soirée du match est lui aussi à fond dans le match. Le 18/12/2022 ©Enzo Sultan.
  • Finale de la Coupe du monde France - Argentine dans le bar Los Francechutes, Paris 11. Les Français égalisent à la 80e minute, éloignant les Argentins de la victoire. Le 18/12/2022 ©Emeline Sauser
  • Finale de la Coupe du monde France - Argentine dans le bar Los Francechutes, Paris 11. Le 18/12/2022 ©Emeline Sauser
  • Finale de la Coupe du monde France - Argentine dans le bar Los Francechutes, Paris 11. Le 18/12/2022 ©Emeline Sauser
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine, dans le bar Fitzroy, Paris 11. A la fin des prolongations, les Français partent aux tirs au but. Le 18/12/2022 ©Enzo Sultan.
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine dans le bar Fitzroy (11e). Mbappé égalise à la 117e minute. La France va aux tirs au but. Paris, 18/12/2022 © Enzo Sultan.
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine, dans le bar Fitzroy, Paris 11. La tension est à son comble dans le camp français. Le 18/12/2022 ©Enzo Sultan.
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine. L'Argentine a gagné, les supporters français, déçus, rentrent chez eux. Le 18/12/2022 ©Enzo Sultan.
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine, rue du Faubourg Saint-Antoine. Comme un symbole les drapeaux français tombent sur le sol et redeviennent invisibles. Le 18/12/2022 © Enzo Sultan.

Texte : Verena Samson

Photos : Enzo Sultan et Emeline Sauser

Le Mondial autrement : un bar de Pantin récolte 2500 euros au profit d’une association locale

L’équipe du bar Sand Fabrik à Pantin a organisé une « fan zone solidaire » à l’occasion de la diffusion de matchs de la Coupe du monde de football. 2500 euros ont ainsi pu être récoltés au profit d’une association sportive locale.

C’est un vrai dilemme en interne qu’ils ont dû résoudre : boycotter ou diffuser le match opposant la France et l’Argentine ? « Sur les six associés, trois étaient pour la diffusion, trois étaient contre », explique Thibault Spentchian, président et cofondateur du Sand Fabrik, un bar de la banlieue est de Paris, où l’on peut pratiquer des « sports de sable » sur une plage artificielle. La solution qu’ils ont trouvée : créer une fan zone payante (un euro minimum) les soirs où jouait la France et donner les sommes recueillies à l’association Sport dans la ville qui œuvre à l’insertion sociale et professionnelle. Le bar a ajouté à cette somme 50 % des bénéfices réalisés. Au total 2500 euros vont ainsi être reversés à l’association.

Avant de prendre leur décision, les associés ont fait voter leur communauté sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram). Les habitués du bar avaient le choix entre le boycott ou la retransmission des matchs. En cochant la case « Non au Qatar, oui au Tieqar (quartier) », ils soulignaient leur désaccord profond vis-à-vis des logiques des instances du foot. Sur les 500 sondés, 61 % ont été favorables à la diffusion. Une condition cependant : l’accès à la fan zone devait passer par une participation symbolique des clients afin de soutenir une structure associative solidaire.

La France a perdu 2 à 4 contre l’Argentine aux penalties. Ici la fan zone du Sand Fabrik lors de la diffusion de la finale de la Coupe du monde de football. Pantin, 18/12/2022. © Rudy Ouazene

 

« Le foot, c’est le sport qui rassemble les gens »

Plus de 200 supporters, attirés par le vaste espace intérieur, la proximité avec leur lieu d’habitation ou encore le côté convivial, ont franchi dimanche soir la porte du Sand Fabrik. Découvrant pour la plupart l’initiative à leur arrivée, ils l’ont largement saluée. « Une très bonne idée » selon Maguy Dokaunengo, technicienne de laboratoire de 29 ans.

Le boycott a souvent été jugé « inutile ».  Il aurait eu du sens « s’il avait eu lieu beaucoup plus tôt », confient deux résidentes de Pantin. Sofiane Douara, habitant de Bondy, qualifie même le boycott d’« hypocrite », jugeant que la prise de conscience est arrivée trop tard. Tous sont d’accord pour dire qu’il aurait fallu intervenir au moment de l’attribution de la Coupe du monde au Qatar.

Des supporters français regardent la finale de la Coupe du monde de la FIFA dans la fan zone du Sand Fabrik. Pantin, 18/12/2022. © Rudy Ouazene.

Thibault Spentchian renchérit : « Le foot, c’est le dernier moment de ferveur collective qu’on a au niveau national. C’est le sport qui rassemble les gens. » Ces moments de partage sont essentiels selon lui, surtout dans un « contexte économique difficile », sans compter les tensions liées aux « questions identitaires ». « Et puis, ce n’est pas juste de demander aux particuliers de se priver alors que ce sont les instances de foot comme la Fifa [Fédération internationale de football association] qui sont responsables », ajoute-t-il. Si les supporters français ne cachaient pas leur tristesse à la suite de la défaite de la France en finale face à l’Argentine, au moins étaient-ils réunis.

 

Texte : Perrine Kempf

Photos : Rudy Ouazene