Père Noël au centre commercial de Bel Est, portrait d’un retraité

Jean, 76 ans, joue le rôle du Père Noël au centre commercial Bel Est, à Bagnolet. Depuis sept ans, aux vacances d’hiver, ce retraité se fait photographier avec des familles qui rêvent à la magie de Noël.

« Retire ton bonnet, Mohamed ! » Jean, 76 ans, prend son rôle de Père Noël au sérieux. Jusqu’au 24 décembre, de 10 h à 18 h au centre commercial Bel Est situé à Bagnolet, les familles se succèdent pour se faire photographier avec l’homme en costume rouge et blanc, assis sur un trône majestueux. Le décor est constitué d’un sapin, d’une cheminée et de paquets emballés avec du papier cadeau étoilé. Aux côtés de Jean, Céline, 54 ans, est gérante d’une société spécialisée dans l’événementiel. C’est elle qui a installé le décor avant de photographier les enfants assis sur les genoux de l’homme à la barbe blanche, contre la somme de 10 €.

« Il a de belles joues ! »

Jean sourit, une clochette à la main, prêt à accueillir les rêveurs. Des parents, accompagnés de leurs deux filles, passe devant le stand. « C’est le décor qui nous a interpelé », dit l’homme, avant de rejoindre ses filles pour la photo. « C’est un beau Père Noël. Il a de belles joues », commente une femme qui choisit son cliché sur un écran avant l’impression de la photo. Un peu plus loin, une trentenaire, dit à son jeune fils tout en pointant du doigt l’homme au bonnet rouge : « Regarde ! Lui, c’est un faux Père Noël. »

Jean se prête au rôle du Père Noël, offrant des petits cadeaux aux enfants. © Enzo Sultan

Si certains brisent parfois la magie, Jean aime à faire rêver les enfants et qu’ils le fassent rêver à leur tour. Le regard pétillant, il se remémore le moment où il a tenu dans ses bras, un nourrisson de 4 jours. Les questions les plus posées par les petits curieux ? « Comment vas-tu transporter les cadeaux ? » et « Où sont tes rennes ? » Jean leur répond : « qu’ils vivent au ciel. Ce serait d’ailleurs pratique pour rentrer, ils me déposeraient », s’amuse-t-il d’une voix joviale où l’on sent, néanmoins, un soupçon de fatigue.

Une activité qui n’est pas de tout repos

« Ma femme travaille dans la galerie. C’est elle qui m’a parlé de l’offre du centre commercial », explique-t-il. Depuis sept ans, à l’approche des fêtes, ce retraité se pare du costume rouge et blanc contre une rémunération entre 10 et 15 € de l’heure selon ses propos. Pour ce septuagénaire, ancien salarié de l’administration publique, quitter le Sud où il vit et monter à Paris pour tenir ce rôle, chaque hiver, cela n’est pas une activité de tout repos : il reste assis pendant six heures et demi par jour. « Ça fait mal aux genoux et aux mollets. C’est plus de mon âge », s’exclame-t-il en riant.

Le 24 décembre, Jean laissera son costume à un nouveau candidat. 2022, marque l’année de sa sortie de scène dans le rôle du Père Noël.

Texte : Guilhem Bernes

Photos : Enzo Sultan

Cette année, Jean laissera définitivement son trône de Père Noël. Un trône qu’il aura occupé pendant sept ans. © Enzo Sultan

Baghera a trouvé un foyer grâce à l’École du chat de Bagnolet

La jeune chatte Baghera a été sauvée de la rue par Carole, une des bénévoles de l’École du chat. Sortir les chats errants de la rue et leur trouver un foyer, une mission pas toujours possible. Les soigner et les stériliser reste la priorité.

Carole se presse. Elle doit être à 17h chez le vétérinaire pour récupérer Baghera. Sur place, elle s’inquiète de savoir si l’animal s’est laissé approcher. « Elle n’a pas l’air très sauvage, mais on n’a pas voulu tenter le diable : on l’a identifiée, testée, vaccinée », répond Aline*, la vétérinaire. Disparue depuis deux mois après avoir donné naissance à deux chatons, Baghera a été retrouvée il y a quelques jours grâce à l’intervention des bénévoles de l’École du chat de Bagnolet.

Baghera est amenée chez le vétérinaire pour la vaccination et l’identification. © Clément Tissot

« Certains chats sont impossibles à domestiquer »

Carole, bénévole au sein de l’association depuis deux ans, s’interroge : « Nous devons savoir si Baghera est sauvage. » Cette scénariste de formation organise le nourrissage des félins qui errent dans les rues de la ville. Certains chats nécessitent un accompagnement médical. La vaccination et la stérilisation constituent l’antichambre d’une possible adoption. Le chat est d’abord placé dans une famille d’accueil. « Certains chats sont impossibles à domestiquer. Ils sont trop sauvages. Ceux-là, on les relâche en veillant à ce qu’ils soient en bonne santé », explique Carole.

Parée d’une collerette, Baghera assiste, impassible, à l’énumération de son pédigrée par la vétérinaire. Subissant les effets de l’anesthésie, le félin paraît inoffensif et absent. Seuls ses yeux verts irisés pointent à la surface de la cage. Quant à son âge, « c’est difficile à dire », juge la vétérinaire, « elle doit avoir entre deux et trois ans ». Son assistant inscrit la date du 1er janvier 2020 sur l’ordinateur. Baghera a maintenant une date de naissance. Mais en attendant d’être adoptée, celle-ci devra d’abord passer huit jours en famille d’accueil.

Une adhérente de l’association organise au téléphone, le placement d’un des chats © Clément Tissot

L’effet domino de l’adoption

Depuis plusieurs années, l’association s’organise pour lutter contre la misère animale dans les rues de la ville en s’occupant des chats errants. Entre janvier et juillet 2022, elle a fait stériliser une quarantaine de chats. Trente-six d’entre eux ont été adoptés et quatre ont été relâchés. En 2021, l’association a déboursé pas moins de 16 000 euros en soins vétérinaires. Néanmoins, « il faudrait faire plus de stérilisation », préconise Carole. Il suffit de cinq chattes non stérilisées pour constituer une population de cent chats. « On espère vivement une campagne de stérilisation en 2023 de la part de la mairie », lance la bénévole en sortant de chez le vétérinaire. Sur le pas de la porte, elle précise : « Chaque chat adopté permet de sortir un autre animal de la rue. »

* le nom a été modifié

Texte : Bérénice Paul

Photos : Clément Tissot