Au Pré-Saint-Gervais, des ateliers de cirque en famille à la cité Rabelais

La compagnie Circo Criollo initie les habitants du Pré-St-Gervais aux pratiques circassiennes. Cette proposition, qui s’inscrit dans « Noël au Pré » organisé par la ville jusqu’au 31 décembre, amène la culture dans les quartiers populaires.

« Les enfants vont arriver, des gens m’ont contactée » affirme, confiante, Mariangeles Kalamar, artiste de cirque pluridisciplinaire et directrice artistique de la compagnie Circo Criollo. En effet, le temps d’installer sur la piste les accessoires qui seront en accès libre, les premiers participants arrivent dans la cour intérieure de la cité Rabelais : tapis circulaire rouge, boule d’équilibre, cerceaux, massues. Après les épidémies de Covid, la ville du Pré-Saint-Gervais a souhaité multiplier les interventions culturelles auprès de ses habitants qui en sont le plus éloignés. « Nous sommes déjà venus ici l’hiver et l’été derniers pour proposer des ateliers et des spectacles. L’idée m’a plu car je faisais déjà ça dans les favelas en Argentine quand j’y vivais. Le lieu est joli, mais ce sont quand même des familles, des enfants qui, habituellement, n’ont pas les moyens d’accéder à ce type d’activité. »

Une jongleuse néophyte

Au milieu des bâtiments de petite taille de la cité Rabelais, l’atelier n’est pas très visible. Pourtant, celui-ci a tout de même piqué la curiosité de quelques femmes accompagnées de leurs enfants. Malgré la bruine tenace, petits et grands se prennent au jeu, initiés par les artistes présents – une contorsionniste et un clown, qui est aussi danseur et jongleur. L’une des mamans s’essaye au jonglage à la massue : « L’année dernière, avec les boules, j’ai eu du mal. Je ne suis pas allée au-delà de trois en même temps. » Coralie, contorsionniste, guide la jongleuse néophyte. La massue finit par décrire une courbe harmonieuse avant de retomber dans les mains de celle-ci. L’expérience est rapidement interrompue par sa nièce, en recherche d’un public pour admirer sa prestation d’équilibriste sur la boule. « C’est ce qui me plaît le plus ! », s’exclame la fillette. La cour de la cité Rabelais résonne de l’enthousiasme des enfants qui passent frénétiquement d’un support à l’autre.

Une fillette s’initie à la boule d’équilibre dans la joie et la bonne humeur. © Stéphane Marcault

Quand la culture rencontre le social

« C’est bien cette animation qui vient dans la cité », confie une maman, travailleuse sociale de profession. « Faire se rejoindre le social et la culture, c’est difficile : quand on pense à manger, on ne pense pas à la culture. C’est dommage car ce genre d’initiative fait voir autre chose que les problèmes quotidiens », conclue-t-elle avant d’aller photographier son aînée qui s’exerce au hula hoop.

Après une première intervention à la cité Rabelais, la compagnie Circo Criollo proposera un nouvel atelier d’initiation aux pratiques du geste et de l’équilibre : rendez-vous le jeudi 22 décembre de 14 h 30 à 16 h 30 au Square Salvator Allende, 42 Rue André Joineau.

Texte : Valérie Barrier

Photos : Stéphane Marcault

À Paris, les sans-papiers manifestent contre la loi Darmanin

À l’occasion de la journée internationale des migrants du 18 décembre, des collectifs de Paris XXe ont participé à une manifestation contre le projet de loi sur l’immigration de Gérald Darmanin. Ce rassemblement était aussi une ode à la solidarité.

« Cette manifestation, c’est le début d’une bataille : les droits ça ne se demande pas, ça s’arrache. » Denis, bénévole du collectif « 20e Solidaire avec tou.te.s les migrant.e.s  », s’indigne du projet de loi sur l’immigration du ministre de l’Intérieur et du ministre du Travail. Ce projet permettra la délivrance de titres de séjour pour « les métiers en tension » et l’accélération des reconduites à la frontière des personnes en situation irrégulière. Le bénévole se mobilise pour la régularisation des sans-papiers qui, selon lui, sont victimes de nombreuses formes de répression et de menaces d’expulsion. Si le plan du gouvernement voit le jour, prévient Denis, il les enfoncera davantage dans la précarité : « Des milliers de travailleurs migrants sont morts sur les chantiers de la Coupe du monde au Qatar. Ici, d’autres sont exploités pour les Jeux olympiques. »

« Chasse aux migrants »

Il fait 3 °C, mais le froid n’arrête pas la foule. Ils sont 2 500 personnes selon la police. Au rythme de percussions brésiliennes, ils se réchauffent en scandant : « So-so-so, solidarité avec les sans-papiers », « C’est Darmanin qu’il faut changer, c’est Macron qu’on veut dégager », « Du cas par cas ? On n’en veut pas ». Le collectif s’alarme d’une montée du racisme et d’une « chasse aux migrants » qui risque de s’étendre à tous les étrangers. Selon une manifestante, les fascistes ont beaucoup trop confiance. En témoignent les attaques qui ont visé de jeunes maghrébins dans les rues de Paris, lors du match de football opposant la France au Maroc, le 14 décembre dernier.

 

Angelina, militante et étudiante allemande et Didiane, travailleur sans-papiers dans le bâtiment et membre du « Collectif des sans-papiers de Paris 20e », unis dans le même combat. © Ophélie Loubat.

« Les immigrés existeront toujours »

Pour Didiane, sans-papiers qui travaille dans le bâtiment, le but de cette marche est aussi de « montrer que les immigrés existeront toujours ». Ce membre du « Collectif des sans-papiers de Paris 20e » est contraint d’enchaîner les missions, faute d’obtenir une régularisation, et ce après plusieurs tentatives restées infructueuses. « Vive l’immigration et à bas ceux qui font la guerre aux immigrés et aux sans-papiers ! » Didiane aimerait être en règle, travailler régulièrement, comme tout le monde, explique-t-il, souriant, emmitouflé dans une doudoune.

« Les bons et les mauvais »

Angelina milite comme compagnon de route : « Darmanin fait une différence entre les “bons et les mauvais migrants”, alors que cela servira à justifier les répressions. On espère que le gouvernement rejettera cette proposition de loi. » La jeune étudiante allemande revendique l’esprit de solidarité qui porte la manifestation : « Quand on lutte à gauche, on lutte tous contre le même système. On est solidaire et on ne choisit pas les causes pour lesquelles on veut se battre : tout est relié. »

Texte : Margot Bonnéry

Photos : Ophélie Loubat