Un restaurant solidaire au Pré-Saint-Gervais réinsère des femmes en situation de précarité

Le Pré de chez vous, un nouveau restaurant solidaire au Pré-Saint-Gervais, a pour objectif de former et de réinsérer des femmes. Une initiative municipale et citoyenne, dont le succès redessine tout un quartier.

Former et insérer des femmes éloignées de l’emploi ou en situation précaire, c’est l’objectif du restaurant solidaire Le Pré de chez vous. Il a ouvert voici quatre semaines au Pré-Saint-Gervais, 1 rue Lamartine. En cuisine, Keltoum, la trentaine, raconte qu’elle a exercé beaucoup de petits jobs avant de reprendre pied. « J’ai eu des situations délicates à gérer au début. Mes trois enfants étaient âgés de 6 mois à 8 ans à l’époque. Aujourd’hui, ils ont 14 et 22 ans » explique-t-elle. Dans les relais solidaires. Ce réseau, auquel appartient le restaurant vise une insertion professionnelle via les métiers de bouche. Elle a pu suivre une formation de cuisinière, en 2016. Une fois son diplôme en poche, Keltoum a travaillé à Pantin avant d’être recrutée au Pré de chez vous.

Les voyages culinaires proposés par le restaurant Le Pré de chez vous. © Nathalie Fristot

 « Donner libre cours à ses créations »

Mehrnaz, originaire d’Iran, pâtissière de 38 ans, est réfugiée politique. Elle est arrivée sur le territoire en 2014, avec sa fille de 12 ans et son fils de 8 ans, sans connaître un mot de français. Pendant quatre ans, elle a reconstruit sa vie, apprenant en autodidacte la langue. Titulaire d’un bac +3 en théâtre, elle était photographe de mariage pendant douze ans en Iran. À Paris, elle a été serveuse dans le restaurant Les Cuistots migrateurs à Paris XIIe , il y a deux ans. C’est là où travaille actuellement son mari, chef de cuisine depuis six ans. « Ma passion, ce sont les gâteaux. J’adore revisiter des recettes à ma façon, tout fait maison » confie Mehrnaz. Tout comme ses gâteaux aux épinards ou en forme de sapin que l’on peut voir sur le compte Instagram du Pré de chez vous. Voilà ce qui l’a incitée à venir y travailler : pouvoir donner libre cours à ses créations.

La réinsertion comme levier pour revitaliser des quartiers

Jérémie, un habitué d’une quarantaine d’années, confie venir au moins deux ou trois fois par semaine. Il mange parfois sur place mais choisit le plus souvent la formule à emporter car il travaille juste en face. Ce mardi midi, tous les clients ont apprécié la cuisine iranienne de Mehrnaz et Keltoum. Le Pré de chez vous, créé avec l’aide de la municipalité du Pré-Saint-Gervais et l’action citoyenne est un lieu qui a été choisi par les habitants du Pré-Saint-Gervais pour être inscrit dans le cadre du développement du quartier prioritaire de la ville les Sept Arpents en 2020. Le concept semble être un succès qui porte ses fruits au-delà de la réinsertion : « Le quartier est enfin en train de changer en créant des nouveautés comme ce restaurant sain », ajoute Jérémie, il précise aussi que : « C’est aussi un quartier chaud. Il y a de la prostitution par exemple. Mais elle est en train de se désagréger peu à peu. »

Texte : Michaël Mannarino

Photos : Nathalie Fristot

Journée internationale de la solidarité humaine : des enfants du Pré-Saint-Gervais offrent un goûter solidaire

À l’occasion de la Journée internationale de la solidarité humaine fixée au 20 décembre par les Nations unies, la Mairie du Pré-Saint-Gervais a organisé un goûter solidaire avec les enfants du centre de loisirs de la ville.

« Aujourd’hui, on a fait un atelier pâtisserie : des crêpes, des gaufres, des boules coco et du chocolat chaud », s’exclame Eya, 8 ans, emmitouflée dans son bonnet de père Noël. Abrités sous une tente au milieu du square Edmond-Pépin, les enfants du centre de loisirs du Pré-Saint-Gervais s’activent aux côtés des animateurs. Ils servent gratuitement aux passants le goûter confectionné par leurs soins le matin même et ne manquent pas d’interpeller les badauds intrigués : « Bonjour Madame, vous voulez une crêpe ? », « Qui veut une boule de coco ? », « Quelqu’un a besoin d’une serviette ? », « Une gaufre au chocolat pour le monsieur ».

Si les enfants ont pu autant s’investir, c’est grâce au projet « Solidarité » mis en œuvre par la mairie et le centre de loisirs de la ville. « On a déjà élaboré plusieurs projets solidaires. Cette saison, le thème du centre de loisirs, c’est “Noël féérique”. Nous avons donc voulu mettre en place un projet où tout le monde est le bienvenu. On veut transmettre l’esprit de partage », explique Assan Fakhri, directeur du centre de loisirs.

« Il y a plus de pâte à tartiner que de crêpes ! »

Cette générosité, les enfants en font preuve avec tout le monde : la première adjointe au maire chargée des politiques éducatives, Hawa Koné, en témoigne : « On est accueillis comme des rois ici. Ils sont généreux nos Gervaisiens ! », dit-elle les mains pleines de la nourriture donnée par les enfants. Cuisiner et offrir à manger ensemble dans la joie et la bonne humeur permet de susciter un esprit de camaraderie qui influe sur les mentalités. « À travers la nourriture, on peut faire passer tellement de messages aux enfants. »

Si le travail réalisé par les animateurs est essentiel pour le développement des enfants, c’est grâce aux projets élaborés avec l’adjointe au maire que les plus jeunes intériorisent cet esprit de solidarité et de générosité. « Ils sont super actifs, ils ont des projets extraordinaires. Ils nous ont même posé la question : « Regardez-nous et dites-nous : est-ce qu’on va vraiment réaliser les projets qu’on a dit qu’on voulait faire ? ». Une générosité qui parfois déborde. « Il y a plus de pâte à tartiner que de crêpes ! », s’exclame Hawa Koné le rire aux lèvres face à la montagne de chocolat s’échappant de la crêpe servie par la petite Malélé, 8 ans, qui n’y va pas avec le dos de la cuillère.

Texte : Margot Bonnéry

Photos : Joris Château

 

Au Pré-Saint-Gervais, des ateliers de cirque en famille à la cité Rabelais

La compagnie Circo Criollo initie les habitants du Pré-St-Gervais aux pratiques circassiennes. Cette proposition, qui s’inscrit dans « Noël au Pré » organisé par la ville jusqu’au 31 décembre, amène la culture dans les quartiers populaires.

« Les enfants vont arriver, des gens m’ont contactée » affirme, confiante, Mariangeles Kalamar, artiste de cirque pluridisciplinaire et directrice artistique de la compagnie Circo Criollo. En effet, le temps d’installer sur la piste les accessoires qui seront en accès libre, les premiers participants arrivent dans la cour intérieure de la cité Rabelais : tapis circulaire rouge, boule d’équilibre, cerceaux, massues. Après les épidémies de Covid, la ville du Pré-Saint-Gervais a souhaité multiplier les interventions culturelles auprès de ses habitants qui en sont le plus éloignés. « Nous sommes déjà venus ici l’hiver et l’été derniers pour proposer des ateliers et des spectacles. L’idée m’a plu car je faisais déjà ça dans les favelas en Argentine quand j’y vivais. Le lieu est joli, mais ce sont quand même des familles, des enfants qui, habituellement, n’ont pas les moyens d’accéder à ce type d’activité. »

Une jongleuse néophyte

Au milieu des bâtiments de petite taille de la cité Rabelais, l’atelier n’est pas très visible. Pourtant, celui-ci a tout de même piqué la curiosité de quelques femmes accompagnées de leurs enfants. Malgré la bruine tenace, petits et grands se prennent au jeu, initiés par les artistes présents – une contorsionniste et un clown, qui est aussi danseur et jongleur. L’une des mamans s’essaye au jonglage à la massue : « L’année dernière, avec les boules, j’ai eu du mal. Je ne suis pas allée au-delà de trois en même temps. » Coralie, contorsionniste, guide la jongleuse néophyte. La massue finit par décrire une courbe harmonieuse avant de retomber dans les mains de celle-ci. L’expérience est rapidement interrompue par sa nièce, en recherche d’un public pour admirer sa prestation d’équilibriste sur la boule. « C’est ce qui me plaît le plus ! », s’exclame la fillette. La cour de la cité Rabelais résonne de l’enthousiasme des enfants qui passent frénétiquement d’un support à l’autre.

Une fillette s’initie à la boule d’équilibre dans la joie et la bonne humeur. © Stéphane Marcault

Quand la culture rencontre le social

« C’est bien cette animation qui vient dans la cité », confie une maman, travailleuse sociale de profession. « Faire se rejoindre le social et la culture, c’est difficile : quand on pense à manger, on ne pense pas à la culture. C’est dommage car ce genre d’initiative fait voir autre chose que les problèmes quotidiens », conclue-t-elle avant d’aller photographier son aînée qui s’exerce au hula hoop.

Après une première intervention à la cité Rabelais, la compagnie Circo Criollo proposera un nouvel atelier d’initiation aux pratiques du geste et de l’équilibre : rendez-vous le jeudi 22 décembre de 14 h 30 à 16 h 30 au Square Salvator Allende, 42 Rue André Joineau.

Texte : Valérie Barrier

Photos : Stéphane Marcault