Depuis lundi, le théâtre de L’Épée de bois à la Cartoucherie de Vincennes héberge la compagnie Akhe de Saint-Pétersbourg et permet à ces réfugiés politiques de mettre en scène hors programmation Dédale. Une dernière présentation au public, gratuite, a lieu ce soir à 20h00. Rencontre avec le metteur en scène Vadim Gololobov.
Le collectif russe Akhe, qui a fui la Russie pour émigrer en France en août dernier, est hébergé depuis le 19 décembre au théâtre de L’Épée de bois. Il donne à 20h, ce vendredi 23 décembre, une dernière présentation de son travail sur le mythe d’Icare : enfermés par le roi de Crète dans l’oppressant labyrinthe, Dédale et son fils Icare parviennent à s’en évader en s’élançant vers le ciel grâce à des ailes faites de cire et de plumes. Une histoire qui sonne comme un écho à la situation politique actuelle en Russie.
Une démarche expérimentale
Laboratoire de recherche scénographique, la compagnie Akhe propose au public un théâtre dit d’ingénierie. « Il n’y a pas de texte, tout est visuel », explique Vadim Gololobov. Désignant du doigt une multitude de post-it disposés sur l’espace scénique, il précise : « C’est presque improvisé, on va essayer d’articuler entre elles toutes les petites scènes qu’on a créées. C’est un spectacle tout neuf, on n’a pas fait d’annonce, ce n’est même pas une générale. Tout passe par le bouche-à-oreille. »
« Un accueil exceptionnel »
Antonio Diaz-Florian, directeur du théâtre de L’Épée de bois, a spécialement ouvert les portes de la Cartoucherie jusqu’à Noël pour la troupe russe. « Le théâtre a fermé sa programmation dimanche dernier et ne rouvre qu’en janvier. C’est un accueil exceptionnel, comme à la maison. Je suis très touché par l’énergie de cette compagnie immigrante. C’est rare. »
Vadim Gololobov espère qu’Ariane Mnouchkine, dont le père est lui-même originaire de Saint-Pétersbourg, viendra voir leur présentation. Directrice du Théâtre du soleil, c’est elle qui a été monté, dans les années 1970, ce lieu emblématique de la recherche théâtrale qu’est la Cartoucherie de Vincennes.
Quant aux membres du collectif Akhe, ils ne savent pas s’ils rentreront un jour dans leur pays. « Tous les festivals internationaux sont clos. Avec la guerre, la culture a pris cher », conclut le metteur en scène russe.
Texte : Virginie Fauchois
Photos : Clément Tissot