L’exposition des 100 ans de la bibliothèque Fessart, prolongée jusqu’au 7 janvier 2023, fait ressurgir les figures féminines importantes de l’institution. Un hommage particulier est rendu à Jacqueline Dreyfus-Weil qui devrait donner son nom à l’établissement en mai 2023.
« Donner un nom à un établissement public, c’est rendre hommage à une figure marquante, c’est inscrire un héritage de valeur dans un territoire et c’est, enfin, conforter l’ambition du lieu », déclare François Dagnaud, maire du XIXe devant le Conseil de Paris. Ce sont la directrice actuelle de la bibliothèque Fessart, Christine NGuyen-Fau, et son adjointe Laura Vallée, qui ont suggéré de la rebaptiser du nom de Jacqueline Dreyfus-Weil. Une commission de changement de nom confirmera la modification officielle, prévue pour le mois de mai 2023.
Mais qui était Jacqueline Dreyfus-Weil (1938-1943) ? Elle exerce en 1932 à la bibliothèque Forney, puis participe au lancement des ateliers de lecture et de contes de la bibliothèque municipale L’Heure joyeuse, dans le Ve, avant d’arriver rue Fessart. Intervenante en section jeunesse de 1934 à 1937, elle met en œuvre les principes de l’éducation nouvelle, un mouvement de réforme pédagogique plaçant l’enfant, plutôt que les savoirs, au centre de l’activité éducative. Elle documente abondamment ses expériences pédagogiques par des notes. Après sa mort, son mari fait don de tous les écrits et notes de son épouse au fonds patrimonial de L’Heure joyeuse.
Un nouveau modèle de bibliothèques
Après la Première Guerre mondiale, le Comité américain des régions dévastées (Card) crée des bibliothèques à la demande du public qui réclame des livres. « À l’inverse des bibliothèques parisiennes de l’époque, souvent reléguées dans un coin de salle municipale ou d’école, les bibliothèques créées par le Card étaient des lieux spécifiquement dédiés, accueillants et agréables à fréquenter », explique Christine NGuyen-Fau.
Autre nouveauté : « La jeunesse, jusque-là rarement admise dans les bibliothèques, devient un public cible pour lequel des actions en faveur de l’éducation sont menées. » La bibliothèque Fessart ouvre ainsi ses portes le 2 novembre 1922.
Des femmes professionnalisent leur pratique dans l’entre-deux-guerres
Afin d’ouvrir une nouvelle carrière aux femmes, l’Américaine Jessie Carson, bibliothécaire de la New York Public Library, engagée par le Card, obtient que les premières bibliothécaires françaises soient formées aux États-Unis. C’est dans cette mouvance que Jacqueline Dreyfus-Weil se forme aux méthodes de l’éducation nouvelle. Elle s’engage à mettre en place des espaces destinés à des activités culturelles pour enfants et devient référente en la matière.
Donner à la bibliothèque Fessart le nom de cette professionnelle passionnée et engagée permet de rendre hommage à une femme qui a œuvré au rayonnement de l’établissement. L’anniversaire de la bibliothèque est tout à la fois l’occasion d’une exposition, d’une commémoration et d’un baptême. L’exposition est prolongée jusqu’au 7 janvier 2023. Il est possible de préparer cette découverte grâce à une visite numérique sur le site des bibliothèques de Paris.
Texte : Valérie Barrier
Photos : Valentin Caball