Théâtre :  Une troupe russe exilée en France revisite le mythe d’Icare à la Cartoucherie de Vincennes

Depuis lundi, le théâtre de L’Épée de bois à la Cartoucherie de Vincennes héberge la compagnie Akhe de Saint-Pétersbourg et permet à ces réfugiés politiques de mettre en scène hors programmation Dédale. Une dernière présentation au public, gratuite, a lieu ce soir à 20h00. Rencontre avec le metteur en scène Vadim Gololobov.

Le collectif russe Akhe, qui a fui la Russie pour émigrer en France en août dernier, est hébergé depuis le 19 décembre au théâtre de L’Épée de bois. Il donne à 20h, ce vendredi 23 décembre, une dernière présentation de son travail sur le mythe d’Icare : enfermés par le roi de Crète dans l’oppressant labyrinthe, Dédale et son fils Icare parviennent à s’en évader en s’élançant vers le ciel grâce à des ailes faites de cire et de plumes. Une histoire qui sonne comme un écho à la situation politique actuelle en Russie.

Une démarche expérimentale

Laboratoire de recherche scénographique, la compagnie Akhe propose au public un théâtre dit d’ingénierie. « Il n’y a pas de texte, tout est visuel », explique Vadim Gololobov. Désignant du doigt une multitude de post-it disposés sur l’espace scénique, il précise : « C’est presque improvisé, on va essayer d’articuler entre elles toutes les petites scènes qu’on a créées. C’est un spectacle tout neuf, on n’a pas fait d’annonce, ce n’est même pas une générale. Tout passe par le bouche-à-oreille. »

Le plateau du théâtre de L’Épée de bois investi par la troupe de théâtre russe Akhe. Cartoucherie de Vincennes, 21/12/2022. © Clément Tissot

« Un accueil exceptionnel »

Antonio Diaz-Florian, directeur du théâtre de L’Épée de bois, a spécialement ouvert les portes de la Cartoucherie jusqu’à Noël pour la troupe russe. « Le théâtre a fermé sa programmation dimanche dernier et ne rouvre qu’en janvier. C’est un accueil exceptionnel, comme à la maison. Je suis très touché par l’énergie de cette compagnie immigrante. C’est rare. »

Mise en place des éléments de décor par la troupe de théâtre Akhe. Cartoucherie de Vincennes, 21/12/2022. © Clément Tissot

Vadim Gololobov espère qu’Ariane Mnouchkine, dont le père est lui-même originaire de Saint-Pétersbourg, viendra voir leur présentation. Directrice du Théâtre du soleil, c’est elle qui a été monté, dans les années 1970, ce lieu emblématique de la recherche théâtrale qu’est la Cartoucherie de Vincennes.

Quant aux membres du collectif Akhe, ils ne savent pas s’ils rentreront un jour dans leur pays. « Tous les festivals internationaux sont clos. Avec la guerre, la culture a pris cher », conclut le metteur en scène russe.

Texte : Virginie Fauchois

Photos : Clément Tissot

 

Monoprix de Vincennes : les locaux ne changent pas leurs habitudes de consommation face à l’inflation

Le Val-de-Marne est le troisième département de France le plus touché par la hausse des prix : + 9,3 % par rapport à la moyenne nationale, selon une étude menée par l’institut NielsenIQ, publiée début décembre 2022. À Vincennes, certains habitants ne se sentent pas concernés par l’inflation. 

À l’entrée du Monoprix de Vincennes, le décor des fêtes de fin d’année est bien installé : un automate à l’effigie du Père Noël répète en boucle les chants traditionnels. Au rayon des vins, les Vincennois échangent des conseils sur la cuisson du foie gras pendant que d’autres clients quittent le magasin, les bras chargés de cadeaux, de boîtes de chocolats et de petits plats cuisinés par des traiteurs. Une enquête de novembre 2022 menée par nos confrères du journal Le Parisien indique que le prix du panier Monoprix est l’un des plus chers au niveau national avec 40,30 €, juste derrière Franprix qui détient la première place (40,86 €), Lidl restant le moins cher (17,39 €). Une étude menée par l’institut NielsenIQ, publiée début décembre sur le site de FranceInfo, révèle que le Val-de-Marne est le troisième département le plus cher de France : les prix y sont 9,3 % plus élevés que la moyenne nationale. Paris reste le département le plus cher du pays (19,3 %).

Salaires nets moyens mensuels des habitants de Vincennes en 2019. Source JDN d’après l’Insee.

« Je ne compte pas vraiment ce que j’achète »

Alexandre, 30 ans, cadre supérieur, passe ses courses à une caisse automatique : « Je suis assez peu regardant sur le prix des aliments, je préfère acheter de la qualité, même si je sais que c’est un peu plus cher. » Le trentenaire précise : « Je suis allé dans le supermarché le plus proche de chez moi. » Théodore, un directeur artistique âgé de 39 ans, admet qu’il ne prête pas attention à ce qu’il dépense : « L’inflation est visible sur le montant de la note à la caisse, mais je ne compte jamais ce que j’achète. J’aime me faire plaisir. » Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, la catégorie socioprofessionnelle la plus représentée à Vincennes est celle des cadres et des professions intellectuelles supérieures : elle représente 30,8 % de la population de la commune. Un chiffre bien au-dessus de la moyenne nationale (19 %). Le salaire net moyen d’un cadre vincennois ? 4 955 € mensuel.

Texte : François Bourlier

Photos : Emeline Sauser

Tricot urbain à Vincennes : le concours du plus bel habillage de potelets annulé

L’association Pauses devait organiser jusqu’à fin décembre un concours de tricot urbain,  ou « yarn bombing », à Vincennes. Le but : réaliser le plus bel habillage de poteaux de voirie en laine tricotée. Mais l’événement vient d’être annulé à la suite du vol de plusieurs chaussettes géantes.

Vincennes compte actuellement plus de 350 chaussettes de laine recouvrant des potelets (des petits poteaux de rue). Ces décorations de Noël d’un genre particulier sont inspirées de la mouvance du « yarn bombing ». Elles ont été réalisées dans le cadre d’un concours initié par Pauses, une association de tricoteuses vincennoises. Mais, alors que la gagnante devait recevoir en cadeau un boudin de porte façonné par des membres de l’association, le concours a dû être annulé en raison du vol de plusieurs de ces chaussettes.

Les œuvres en tricot n’ont pas toutes disparu. On peut encore voir des chaussettes rue du Midi, rue de Montreuil, rue Robert-Giraudineau, avenue Lamartine, rue du Château, place Bérault et rue Jean-Spire-Lemaître. Les photos sont disponibles sur Instagram avec le mot-dièse #pausesvincennes.

Les chaussettes habillent les poteaux de la rue de Midi (à gauche). Sandrine réalise ses bérets grâce à des aiguilles circulaires et une jauge (à droite). © Nathalie Fristot

Sandrine et Edwige font partie des tricoteuses qui ont confectionné les habillages des potelets. Dans la salle Henri Bonnemain de la maison des associations de Vincennes, Edwige, 69 ans, vincennoise depuis trente-huit ans, a rejoint l’association en septembre. Sandrine Altglas, 56 ans, y est adhérente depuis plus d’un an et se dit en « thérapie de tricot ». Cette activité reposante lui permet d’oublier ses soucis personnels et lui fait du bien. Elle en est persuadée : tricoter permet de prolonger l’espérance de vie des personnes atteintes d’Alzheimer.

Un concept venu du Texas

Chacune a sa spécialité. Sandrine utilise des aiguilles circulaires « pour tricoter en rond et confectionner beaucoup de bonnets ». Edwige, de son côté, pratique la « frivolité » à la navette, une technique particulière de dentelle composée de nœuds et de picots désormais peu usitée. Elle en décore ses réalisations en tricot, comme une signature.

Inventé par la Texane Magda Sayeg en 2005, le concept du « yarn bombing » s’est répandu dans le monde, mais reste confidentiel en France. L’association Pauses tente de le faire connaître en confectionnant des gaines en laine pour troncs d’arbres, gros pots de fleurs et autres éléments de mobilier urbain. Elle promeut l’utilisation de laines anciennes délaissées, qui ont ainsi droit à une deuxième vie. Les tricoteuses sont bénévoles et le produit de la vente de ces créations est reversé au Téléthon.

Texte : Michaël Mannarino

Photos : Nathalie Fristot

Château de Vincennes : une promenade littéraire d’arbre en arbre jusqu’au 23 décembre

La première représentation de « Contes & histoires » sest tenue au château de Vincennes lundi 19 décembre. Un moment de partage et d’échanges intergénérationnels qui se poursuit jusqu’au 23 décembre 2022.

Promenons-nous dans les bois… de Vincennes. C’est le titre du dialogue musical imaginé par Philippe Mathé, comédien-lecteur, et François Pernel, harpiste contemporain. Du 19 au 23 décembre 2022, dans le donjon du château de Vincennes, ils donnent un récital inspiré des arbres et de la nature, avec le souci de démontrer l’importance de les préserver.

Partager un moment en famille

« Nous avons adapté notre sélection de textes afin de susciter l’intérêt des adultes et des enfants », explique Philippe Mathé. Pour cette édition, le comédien-lecteur a choisi des histoires simples et concrètes et de la poésie d’auteurs classiques, tels que Charles Baudelaire ou Jean de La Fontaine. « Si les enfants ne comprennent pas un passage, ils peuvent se tourner vers leurs parents. Ils sont d’ailleurs souvent surpris de voir leurs parents longuement attentifs et concentrés. »

Avant le début de la première représentation, François Pernel précise ses attentes : « J’ai composé en fonction du public attendu. J’espère réussir à capter l’attention des enfants, et que la magie du duo va opérer. » Johanna, mère de Basile, 5 ans, et Jules, 8 ans, est ravie de partager ce moment avec ses fils : « Ils adorent les contes et quand j’ai vu qu’il y avait aussi de la musique, je me suis dit que cela remplissait tous les critères. » Un avis partagé par Anne, venue avec Joachim, 8 ans, et Saul, 4 ans : « C’est agréable de participer tous ensemble à une activité qui sort de l’ordinaire. »

Ouvrir les yeux sur l’importance des arbres

Il y a, chez les deux artistes, une volonté de montrer que la littérature peut s’écouter partout sans être ennuyeuse. « Il était une fois, il était une feuille. » Dès la première phrase, qui introduit un poème de Robert Desnos, les spectateurs se laissent bercer. Certaines histoires célèbrent les arbres, d’autres les liens que nous tissons avec les bois et les forêts. Toutes parlent du respect que nous leur devons. Une thématique qui n’a pas été choisie au hasard : « On espère que ces histoires sur les arbres feront entendre aux spectateurs que ce sont nos compagnons et qu’ils porteront ensuite sur eux un regard différent », poursuit Philippe Mathé. « Si nous n’étions pas en hiver, nous aurions pu faire ça dans le bois pour une parfaite immersion. »

Infos pratiques :
Les 20, 21, 22 décembre à 14h et 15h15sur eux
Le 23 décembre à 14h
Tarif : 12,5 euros
Gratuit pour les moins de 26 ans
Réservations sur le site

Texte : Chloé Bachelet

Photo : Demian Letinois

« Dédale » : un laboratoire théâtral à la Cartoucherie de Vincennes

Les 22 et 23 décembre à 20h00, le laboratoire de théâtre Akhe de Saint-Pétersbourg (Russie) présentera « Dédale », un travail en cours de fabrication, aux curieux et passionnés des coulisses théâtrales. Pour y assister, rendez-vous au théâtre de l’Épée de bois à la Cartoucherie de Vincennes. Entrée libre.

Infos pratiques :
Cartoucherie de Vincennes
Route du Champ-de-Manœuvre
75012 Paris
Métro ligne 1, arrêt Château de Vincennes ; bus 112, arrêt Cartoucherie. 

Texte: Emmanuelle Cappelli

Photo : Jakub Hałun/CC