Le voleur des casiers de salles de sport maintenu en prison

Un homme suspecté de vol dans les casiers de plusieurs salles de sport franciliennes, notamment dans le XXe arrondissement de Paris, a comparu au tribunal de Nanterre ce lundi 19 décembre. Son addiction dévorante pour les jeux n’a pas convaincu les juges qui le maintiennent en détention.

« Vous pariez où ? Au Casino ? » « Paris sportifs, monsieur. » L’homme vêtu d’une chemise rose soignée qui répond au président du tribunal de Nanterre ce lundi 19 décembre est suspecté d’avoir commis une série de vols dans plusieurs salles de sports d’Île-de-France. Steeve B., 29 ans, aurait raflé ce qu’il trouvait dans des casiers entre août et octobre 2022, dont l’arme d’un policier dans une salle de sport du XXe arrondissement. Face aux trop nombreuses comparutions qu’il doit traiter, le juge renvoie l’affaire en choisissant le maintien en détention provisoire.

« Vous avez déclaré parier entre 1 000 € et 1 500 € par mois et votre salaire ne suffisait plus », lance le juge en parcourant le dossier du suspect. « Sa sœur était malade et son addiction constituait une réelle échappatoire », signale l’avocate, qui insiste sur la recherche active d’emploi de son client. « Je souhaite aussi déménager afin de m’extirper d’un environnement qui contribue à me maintenir dans mon addiction », ajoute l’ancien commercial en guise de garantie supplémentaire.

« Les justiciables ne doivent pas pâtir du recours à la détention provisoire », clame l’avocate de l’accusé, qui rappelle que l’homme est détenu depuis le 18 novembre. « On notera aussi qu’il a fait preuve de constance dans les faits qui lui sont reprochés : ils ne se sont jamais aggravés, si ce n’est, effectivement, la détention d’une arme d’un fonctionnaire de police », reconnaît l’avocate avec un léger sourire.

Le procureur observe que l’homme a déjà été condamné deux fois depuis 2019 pour vol et usurpation d’identité. « Il récidive alors même qu’il a écopé d’un an de prison avec sursis pour des faits similaires. Rien ne peut nous garantir qu’il ne va pas réitérer. » Finalement le juge opte pour un maintien en détention provisoire et un report de l’affaire au 12 janvier 2023.

Texte : Guilhem Bernes

Photos : Enzo Sultan

Pédagogie militante et entrepreneuriat au marché de Noël féministe du Gang du clito

Le Gang du clito organisait un marché de Noël féministe au Ground Control (Paris, XIIe) le week-end du 17 et 18 décembre. 55 femmes, entrepreneures ou militantes, étaient présentes. L’objectif ? Sensibiliser à l’égalité femmes-hommes et valoriser des créatrices engagées.

Des affiches d’anatomie clitoridienne, la déclaration des droits de la femme, des jeux de société anti-sexistes. Mais aussi des savons artisanaux en coffrets, des talismans brodés à la main en forme de vulve. Ces biens hétéroclites étaient à vendre dans ce marché de Noël qui a exposé samedi 18 et dimanche 19 décembre après-midi plus de cinquante créatrices pour ce premier week-end des vacances. L’événement est à l’initiative du Gang du clito, une maison d’édition visant à démocratiser le féminisme via des posts pédagogiques sur Instagram et des événements sur le féminisme.

Des talismans brodés main en forme de vulve. Paris XIIe, 18/12/2022. © Clément Tissot

Valoriser les initiatives militantes

Pour Julia Pietri, fondatrice du Gang du clito et organisatrice de l’événement, le but de ce marché est de valoriser le travail des associations militantes : « Le stand n’est pas cher, je l’offre aux associations féministes. Le public qui vient est féministe et cherche à rencontrer d’autres femmes engagées, donc ça matche tout de suite. » L’association Les Ateliers du féminisme populaire a ainsi permis à Rabia Mabrouka, calligraphe et animatrice dans une maison de quartier à Bondy, de participer à ce marché via le programme « Héroïnes en région » qui forme des femmes des quartiers populaires à l’entrepreneuriat.

Pour « des cadeaux qui ont du sens »

Ce marché de Noël, c’est l’occasion « de rassembler le talent des femmes entrepreneures et d’essayer de contrer le Noël des multinationales », continue Julia Pietri.

Plus loin sur la gauche, Nathalie de Parseval, artiste et artisane, fabrique des bijoux en béton depuis 2020. Elle utilise pour cela des moules en silicone de dentiste : « Il m’a fallu un an pour créer les outils adaptés, les bons moules, et aussi la bonne composition de béton. » De sorte que le produit final reste « très léger ».

La légèreté des bagues en béton de Nathalie Parseval. Paris XIIe, 18/12/2022. © Clément Tissot

L’édition 2022, la troisième de ce marché, n’a pas désempli. Julia Pietri commente : « Ça marche de mieux en mieux. » Selon elle, ce marché correspond à ce que cherchent les gens : « Des cadeaux qui ont du sens. » Françoise Laurente, 61 ans, est venue après avoir lu un post relayé par une amie sur Instagram. Elle repart avec une petite pochette en tissu sur laquelle est imprimée un slogan détourné : « Métro, boulot, vibro ».

Texte : Imane Lbakhar

Photos : Clément Tissot

Des habitants du 93 participent à un challenge pour plus de sobriété énergétique

Diminuer sa consommation d’électricité, de gaz et d’eau : c’est le défi lancé aux citoyens de quatre villes de Seine-Saint-Denis par la coopérative Électrons solaires 93 pour les prochains mois.

De janvier à avril 2023 se tiendra le « Défi Déclics » – « déclics » signifiant « défi citoyens locaux d’implication pour le climat et la sobriété ». Le but de l’opération : aider les habitants des villes de Pantin, des Lilas, de Romainville et du Pré-Saint-Gervais à réduire leur consommation énergétique de manière collaborative et ludique cet hiver. Un projet piloté par Électrons solaires 93, une coopérative d’énergie renouvelable citoyenne, en partenariat avec l’Agence locale de l’énergie et du climat (Alec).

Un projet « convivial et coopératif »

La soirée de lancement, qui aura lieu à la mairie des Lilas le 13 janvier, sera l’occasion de fédérer les équipes nouvellement constituées. Jusqu’en avril 2023, les volontaires échangeront entre eux et seront accompagnés pour mettre en place des éco-gestes. Le but : baisser de 10 % leurs dépenses d’électricité, d’eau et de gaz. Selon les organisateurs du projet, une telle baisse représente un gain de 100 à 200 euros par an et par foyer. Pour ce faire, un wattmètre sera prêté pour mesurer les consommations. Un guide technique et un kit contenant des éco-mousseurs, un sablier et une multiprise seront également distribués. Au cours du challenge, les participants et les organisateurs se réuniront lors de deux soirées : une basée sur un jeu « éco-gestes » et une autre de clôture, où les prix seront remis.

« L’électricité est un sujet abstrait et compliqué, explique Marie Paysant-Leroux, chargée de développement au sein de la coopérative. L’aspect convivial et coopératif crée une dynamique et rend les choses plus sympathiques. » Avant de chapeauter le projet, elle-même a été capitaine de son équipe en 2019 et est ressortie convaincue de l’expérience. Par la suite, elle s’est engagée dans la coopérative et a proposé cette année à l’Alec, en charge du défi depuis quinze ans, qu’Électrons solaires 93 prenne le relais.

« Les citoyens sont eux-mêmes acteurs »

Isabelle Brissot a, quant à elle, rejoint le défi pour « des raisons économiques et sociétales ». Cette comptable habitant aux Lilas ne se définit pas comme une militante écolo. Mais, pour elle, mener des actions en faveur de l’environnement est une « question de bon sens ». Avec de telles initiatives, les « citoyens sont eux-mêmes acteurs. Ils n’attendent pas que tout vienne des pouvoirs publics », ajoute-t-elle.

Pourtant, la quinzaine d’inscrits à ce jour ne permet la formation d’équipes que dans deux villes : Pantin et Les Lilas. Pour Marie Paysant-Leroux, il y a un « cumul de raisons » : la communication tardive, l’approche des fêtes de Noël, le flot d’informations que reçoivent les Franciliens. La coopérative poursuit ses efforts pour mobiliser plus de monde et faire connaître le projet. Malgré le faible taux de participation, le défi sera bien lancé à la rentrée 2023.

Texte : Perrine Kempf

Photo : Rudy Ouazene

Fin du ticket de caisse papier : une mise en place progressive qui fait débat

La fin de l’impression automatique du ticket de caisse, initialement prévue au 1er janvier, ne s’appliquera qu’au 1er avril 2023. Certains commerçants proposent déjà le ticket dématérialisé à leurs clients, mais les réactions ne sont pas unanimes.

30 milliards de tickets de caisse sont édités chaque année. En application de la loi du 10 février 2020 pour la lutte contre le gaspillage, ces tickets ne seront plus automatiquement imprimés à partir du 1er avril 2023. Les clients pourront récupérer leurs tickets de caisse sur leur téléphone portable, via les applications des grandes enseignes, ou le recevoir par email. Ce changement est plutôt salué par les commerçants rencontrés dans l’est de Paris.

La parfumerie Marionnaud du centre commercial Bel Est propose déjà le ticket dématérialisé aux clients. « Ce sont surtout les jeunes qui acceptent, reconnaît Fatiha, responsable des ventes. Pourtant le process est simple : après leur passage en caisse, les clients reçoivent un mail avec la trace de la transaction bancaire. »

Chez Lidl, Aurélien, manager, vante l’application Lidl+, qui permet au client d’enregistrer tous ses achats en ligne : « Les jeunes sont satisfaits, les plus vieux sont accompagnés, on les aide à créer un compte si besoin. On gaspille moins de papier et ça permet une fidélisation, c’est bénéfique. Ça nous arrange, ça arrange les clients, qui sont très satisfaits avant les fêtes, période où l’application est beaucoup téléchargée. »

Eva, 35 ans, est une habituée de la dématérialisation : « Avec l’application Leclerc, on retrouve facilement nos tickets de caisse. Je ne suis pas spécialement militante, mais c’est beaucoup plus pratique comme ça. Plus de papier ni d’encre, ça ne peut qu’être écolo ! »

« Pour les plus âgés, c’est compliqué »

À l’Intermarché de la Porte de Bagnolet, Marie-Laure, hôtesse de caisse, le reconnaît : « Sans le papier, c’est plus facile pour nous, mais les papis et les mamies, qui n’ont pas l’application du magasin, veulent toujours avoir le ticket en main. »

Pour Maryline, cliente à la retraite qui fait les courses pour des personnes âgées, « c’est une très mauvaise idée. Les clients ne pourront plus vérifier leurs achats. Il y a des choses plus importantes à faire pour l’écologie ». Yamin, boucher au supermarché Auchan du Bel Est, est lui aussi sceptique : « On dit qu’on retire le plastique et il est encore là. Les tickets de caisse, ça sert de justificatif aux personnes âgées. Comment vont-elles faire si vous ne leur [en] donnez pas ? Elles ne savent pas utiliser un portable ou un ordinateur.»

Oneisha, 21 ans, résume : « Pour les jeunes, c’est très bien, mais on doit archiver ses mails, les classer, et pour les plus âgés, c’est compliqué. Après, c’est une bonne chose pour l’écologie car il y aura moins de tickets par terre. Mais les mails polluent aussi… »

Texte : Virginie Fauchois

Photo : Joris Chateau

Mondial de football au Qatar : une finale entre espoir et résignation

Les passionnés de football ont vibré dimanche soir, lors de la finale de la Coupe du monde remportée par l’Argentine face à la France. Dans des bars de l’est parisien, supporters français et argentins ont soutenu leurs joueurs en rythmant le match de leurs cris et de leurs larmes. Des deux côtés, on a voulu, jusqu’au bout, croire à la victoire.

  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine, dans le bar Fitzroy, Paris 11. Les supporters sont à fond derrière l'équipe de France qui vient d'égaliser à la 80e minute du match. Le 18/12/2022 ©Enzo Sultan
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine, dans le bar Fitzroy, Paris 11. L'équipe de France ayant égalisé, la tension est grande. Le 18/12/2022 ©Enzo Sultan.
  • Finale de la Coupe du monde France - Argentine dans le bar Los Francechutes, Paris 11. Le 18/12/2022 ©Emeline Sauser
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine, dans le bar Fitzroy, Paris 11. L'agent de sécurité engagé pour la soirée du match est lui aussi à fond dans le match. Le 18/12/2022 ©Enzo Sultan.
  • Finale de la Coupe du monde France - Argentine dans le bar Los Francechutes, Paris 11. Les Français égalisent à la 80e minute, éloignant les Argentins de la victoire. Le 18/12/2022 ©Emeline Sauser
  • Finale de la Coupe du monde France - Argentine dans le bar Los Francechutes, Paris 11. Le 18/12/2022 ©Emeline Sauser
  • Finale de la Coupe du monde France - Argentine dans le bar Los Francechutes, Paris 11. Le 18/12/2022 ©Emeline Sauser
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine, dans le bar Fitzroy, Paris 11. A la fin des prolongations, les Français partent aux tirs au but. Le 18/12/2022 ©Enzo Sultan.
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine dans le bar Fitzroy (11e). Mbappé égalise à la 117e minute. La France va aux tirs au but. Paris, 18/12/2022 © Enzo Sultan.
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine, dans le bar Fitzroy, Paris 11. La tension est à son comble dans le camp français. Le 18/12/2022 ©Enzo Sultan.
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine. L'Argentine a gagné, les supporters français, déçus, rentrent chez eux. Le 18/12/2022 ©Enzo Sultan.
  • Finale de la Coupe du monde 2022 France - Argentine, rue du Faubourg Saint-Antoine. Comme un symbole les drapeaux français tombent sur le sol et redeviennent invisibles. Le 18/12/2022 © Enzo Sultan.

Texte : Verena Samson

Photos : Enzo Sultan et Emeline Sauser

[VIDÉO] Un sapin de Noël éco-responsable à la Villette

Pour la deuxième année consécutive, le parcours « Lumières ! » revient au parc de la Villette. Depuis le 15 décembre, les visiteurs sont invités à pédaler pour générer l’électricité nécessaire pour illuminer un sapin de Noël de 6 mètres de haut.

 

Vidéo réalisée par Pamela Eanga et Pauline Fournier

 

Infos pratiques :
« Lumières ! » Un parcours féerique dans le parc
Jusqu’au 1er janvier 2023
Du mardi au dimanche de 17h à 23h
Parc de la Villette – Paris, XIXe.
Entrée gratuite

À Paris, les sans-papiers manifestent contre la loi Darmanin

À l’occasion de la journée internationale des migrants du 18 décembre, des collectifs de Paris XXe ont participé à une manifestation contre le projet de loi sur l’immigration de Gérald Darmanin. Ce rassemblement était aussi une ode à la solidarité.

« Cette manifestation, c’est le début d’une bataille : les droits ça ne se demande pas, ça s’arrache. » Denis, bénévole du collectif « 20e Solidaire avec tou.te.s les migrant.e.s  », s’indigne du projet de loi sur l’immigration du ministre de l’Intérieur et du ministre du Travail. Ce projet permettra la délivrance de titres de séjour pour « les métiers en tension » et l’accélération des reconduites à la frontière des personnes en situation irrégulière. Le bénévole se mobilise pour la régularisation des sans-papiers qui, selon lui, sont victimes de nombreuses formes de répression et de menaces d’expulsion. Si le plan du gouvernement voit le jour, prévient Denis, il les enfoncera davantage dans la précarité : « Des milliers de travailleurs migrants sont morts sur les chantiers de la Coupe du monde au Qatar. Ici, d’autres sont exploités pour les Jeux olympiques. »

« Chasse aux migrants »

Il fait 3 °C, mais le froid n’arrête pas la foule. Ils sont 2 500 personnes selon la police. Au rythme de percussions brésiliennes, ils se réchauffent en scandant : « So-so-so, solidarité avec les sans-papiers », « C’est Darmanin qu’il faut changer, c’est Macron qu’on veut dégager », « Du cas par cas ? On n’en veut pas ». Le collectif s’alarme d’une montée du racisme et d’une « chasse aux migrants » qui risque de s’étendre à tous les étrangers. Selon une manifestante, les fascistes ont beaucoup trop confiance. En témoignent les attaques qui ont visé de jeunes maghrébins dans les rues de Paris, lors du match de football opposant la France au Maroc, le 14 décembre dernier.

 

Angelina, militante et étudiante allemande et Didiane, travailleur sans-papiers dans le bâtiment et membre du « Collectif des sans-papiers de Paris 20e », unis dans le même combat. © Ophélie Loubat.

« Les immigrés existeront toujours »

Pour Didiane, sans-papiers qui travaille dans le bâtiment, le but de cette marche est aussi de « montrer que les immigrés existeront toujours ». Ce membre du « Collectif des sans-papiers de Paris 20e » est contraint d’enchaîner les missions, faute d’obtenir une régularisation, et ce après plusieurs tentatives restées infructueuses. « Vive l’immigration et à bas ceux qui font la guerre aux immigrés et aux sans-papiers ! » Didiane aimerait être en règle, travailler régulièrement, comme tout le monde, explique-t-il, souriant, emmitouflé dans une doudoune.

« Les bons et les mauvais »

Angelina milite comme compagnon de route : « Darmanin fait une différence entre les “bons et les mauvais migrants”, alors que cela servira à justifier les répressions. On espère que le gouvernement rejettera cette proposition de loi. » La jeune étudiante allemande revendique l’esprit de solidarité qui porte la manifestation : « Quand on lutte à gauche, on lutte tous contre le même système. On est solidaire et on ne choisit pas les causes pour lesquelles on veut se battre : tout est relié. »

Texte : Margot Bonnéry

Photos : Ophélie Loubat