Catégorie : PANTIN
L’Amap du Père-Lachaise suspend ses distributions de légumes
L’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) du Père-Lachaise a annoncé sur son blog que mercredi 22 décembre 2022 aurait lieu la dernière distribution de paniers de fruits et légumes de cette année. Lors d’une réunion en novembre dernier, l’agriculteur référent de l’Amap a déclaré qu’il ne pouvait pas fournir de produits pour le mois de janvier. En cause, la sécheresse de l’été dernier et l’augmentation des charges liées à l’inflation pour les agriculteurs. Reprise des distributions le mercredi 1er février 2023.
Texte : François Bourlier
Photos : Joris Chateau
Report de l’expulsion d’exilés à Pantin : « Une excellente décision » pour leur avocat
Le tribunal de proximité de Pantin repousse à avril 2025 l’expulsion d’une soixantaine d’exilés qui occupent un bâtiment vacant dans la ville. Alors que le projet de loi « anti-squat » vient d’être adopté à l’Assemblée nationale, l’avocat des exilés, Matteo Bonaglia, voit dans ce verdict « les derniers soubresauts d’un système démocratique et juridictionnel efficace, avant que cette loi passe ».
Comment en êtes-vous venu à défendre des réfugiés visés par une assignation d’expulsion ?
Matteo Bonaglia : J’ai été contacté en février 2022 quand ils sont entrés sur les lieux, accompagnés par des associations. Ce sont surtout des exilés, dont la majorité a été déboutée de sa demande de droit d’asile. Les avocats de l’EPFIF [Établissement public foncier d’Île-de-France], propriétaire du bâti, ont délivré en août 2022 devant le tribunal de proximité de Pantin, une assignation à fin d’expulsion qui visait tous les occupants.
Comment avez-vous fait pour retarder l’expulsion ?
L’objet n’était pas de contester l’EPFIF dans sa propriété, mais de convaincre le juge que l’expulsion devait intervenir plus tard. Compte tenu de la situation de détresse des exilés, de leurs conditions d’occupation responsables, de leurs démarches pour trouver des solutions alternatives d’hébergement et de l’harmonie entre les occupants et les riverains, le juge nous a suivis. L’expulsion des intéressés n’interviendra pas avant le 1er avril 2025, ce qui est une excellente décision.
Y a-t-il beaucoup de cas similaires en France ?
La saturation croissante des dispositifs d’hébergement d’urgence et l’aggravation de la crise du logement donnent lieu à une augmentation des lieux de vie informels. Pour autant, la part des contentieux liés aux squats représente 1 % des dossiers lorsqu’il s’agit d’expulsion. La majorité des expulsions est due à des impayés locatifs et à des non-respects du bail. Mais la focalisation politico-médiatique sur les squats est telle qu’on a l’impression que ce phénomène est massif, ce qui est ridicule et faux.
La proposition de loi « anti-squat » a été adoptée à l’Assemblée et sera examinée au Sénat en janvier 2023. En quoi consiste-t-elle ?
Cette loi comprend un premier volet qui s’intéresse au squat et à des situations connexes, et un deuxième relatif aux relations locatives. Les défenseurs de la loi souhaitent que les propriétaires n’aient plus à se plier au respect d’une procédure judiciaire. Deux mécanismes seraient instaurés. D’abord, le délit d’occupation sans droit ni titre d’une propriété d’autrui, sanctionné d’une peine de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende. Et la possibilité de laisser de côté le déroulé classique d’un schéma d’expulsion, en confiant l’autorité aux procureurs et aux préfets plutôt qu’à des juges indépendants.
Que pensez-vous de cette loi ?
C’est une catastrophe. C’est trente ans de construction d’une législation à peu près équilibrée entre les intérêts du propriétaire et des occupants mis à bas. À la place, on va criminaliser la pauvreté. Je vois dans le verdict du cas de Pantin les derniers soubresauts d’un système démocratique et juridictionnel efficace, avant que cette loi passe.
Propos recueillis : Perrine Kempf
Photos : Zoé Perrin
La Cité des merveilles à Pantin propose une initiative artistique et pédagogique autour de la Terre et du Vivant
Jusqu’au 5 mars 2023, la Cité fertile de Pantin propose un parcours immersif qui combine déambulation artistique et sensibilisation à la protection de la biodiversité. Adapté à toutes les générations, cet événement invite à réfléchir au monde dans lequel nous aimerions vivre.
« Cette année, le principe de la Cité des merveilles est d’amener à redécouvrir le monde qui nous entoure et de penser au futur pour vivre mieux et ensemble », explique Blanche Evette, chargée de communication de la Cité fertile située à Pantin. Ce tiers-lieu accueille la 2e édition de cette manifestation qui se tient les samedis et les dimanches d’hiver, de 12 h à 20 h. Au programme : une scénographie conçue par plus de 10 artistes avec des espaces dédiés, entre autres, au monde animal ou au cosmos, mais aussi des stands d’artisans et des ateliers thématiques pour sensibiliser le public à la protection de la biodiversité. Malgré le froid, les visiteurs courageux explorent les diverses propositions, comme ceux « attirés par le marché de Noël ».
Partager un temps en famille, sans écran
Voulue comme une place de village, la Halle prairie accueille une trentaine d’artisans et de jeunes créateurs pour un marché de Noël éthique dont la thématique change chaque week-end : seconde main, Amérique latine, Japon, alternatives solidaires et locales, etc. S’y tient également un espace jeux pour petits et grands, ravis de « partager un temps en famille, sans écran », comme l’expriment ces pantinois, parents de pré-ados. Un peu plus loin, deux jeunes femmes d’une vingtaine d’années s’interrogent sur l’écologie « en regardant des tutos sur YouTube ». Elles apprécient également de rencontrer des artisans qui répondent à leurs questions et partagent leurs savoir-faire.
Déambulation artistique et scientifique
Pour se repérer, les petits et les grands peuvent s’appuyer sur des panneaux installés dans les différents espaces thématiques et sur un carnet d’exploration. Des parcours ludiques au sein du lieu y sont proposés. Les visiteurs sont invités à mesurer les effets néfastes du réchauffement climatique sur la biodiversité. Dans la cour, à proximité des sculptures colossales d’animaux en fer de Fanfan et Grôm, la protection des forêts fait l’objet d’un exposé. Plus loin, l’installation de Blancard Superstar, réalisée avec du plastique récupéré, met en scène des méduses suspendues sous le préau, référence au 7e continent ou « vortex plastique », agglutiné au large du Pacifique.
Week-end africain
Tandis que la COP 15 de Montréal s’achève avec l’engagement des dirigeants mondiaux de prendre « des mesures urgentes » pour « arrêter et inverser la perte de la biodiversité » d’ici 2030, les rencontres à la Cité des Merveilles reviennent dès le week-end des 7 et 8 janvier. Pour cette reprise, la culture africaine sera à l’honneur.
Texte : Valérie Barrier
Photos : Rudy Ouazene
Le Mondial autrement : un bar de Pantin récolte 2500 euros au profit d’une association locale
L’équipe du bar Sand Fabrik à Pantin a organisé une « fan zone solidaire » à l’occasion de la diffusion de matchs de la Coupe du monde de football. 2500 euros ont ainsi pu être récoltés au profit d’une association sportive locale.
C’est un vrai dilemme en interne qu’ils ont dû résoudre : boycotter ou diffuser le match opposant la France et l’Argentine ? « Sur les six associés, trois étaient pour la diffusion, trois étaient contre », explique Thibault Spentchian, président et cofondateur du Sand Fabrik, un bar de la banlieue est de Paris, où l’on peut pratiquer des « sports de sable » sur une plage artificielle. La solution qu’ils ont trouvée : créer une fan zone payante (un euro minimum) les soirs où jouait la France et donner les sommes recueillies à l’association Sport dans la ville qui œuvre à l’insertion sociale et professionnelle. Le bar a ajouté à cette somme 50 % des bénéfices réalisés. Au total 2500 euros vont ainsi être reversés à l’association.
Avant de prendre leur décision, les associés ont fait voter leur communauté sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram). Les habitués du bar avaient le choix entre le boycott ou la retransmission des matchs. En cochant la case « Non au Qatar, oui au Tieqar (quartier) », ils soulignaient leur désaccord profond vis-à-vis des logiques des instances du foot. Sur les 500 sondés, 61 % ont été favorables à la diffusion. Une condition cependant : l’accès à la fan zone devait passer par une participation symbolique des clients afin de soutenir une structure associative solidaire.
« Le foot, c’est le sport qui rassemble les gens »
Plus de 200 supporters, attirés par le vaste espace intérieur, la proximité avec leur lieu d’habitation ou encore le côté convivial, ont franchi dimanche soir la porte du Sand Fabrik. Découvrant pour la plupart l’initiative à leur arrivée, ils l’ont largement saluée. « Une très bonne idée » selon Maguy Dokaunengo, technicienne de laboratoire de 29 ans.
Le boycott a souvent été jugé « inutile ». Il aurait eu du sens « s’il avait eu lieu beaucoup plus tôt », confient deux résidentes de Pantin. Sofiane Douara, habitant de Bondy, qualifie même le boycott d’« hypocrite », jugeant que la prise de conscience est arrivée trop tard. Tous sont d’accord pour dire qu’il aurait fallu intervenir au moment de l’attribution de la Coupe du monde au Qatar.
Thibault Spentchian renchérit : « Le foot, c’est le dernier moment de ferveur collective qu’on a au niveau national. C’est le sport qui rassemble les gens. » Ces moments de partage sont essentiels selon lui, surtout dans un « contexte économique difficile », sans compter les tensions liées aux « questions identitaires ». « Et puis, ce n’est pas juste de demander aux particuliers de se priver alors que ce sont les instances de foot comme la Fifa [Fédération internationale de football association] qui sont responsables », ajoute-t-il. Si les supporters français ne cachaient pas leur tristesse à la suite de la défaite de la France en finale face à l’Argentine, au moins étaient-ils réunis.
Texte : Perrine Kempf
Photos : Rudy Ouazene