Les Lilas face au développement de la communauté d’agglomération « Est Ensemble »

Détachée de Bagnolet, de Romainville et de Pantin en 1867, la ville des Lilas se reconstruit entre rénovation et besoins en équipements grandissants. Aujourd’hui, les murs témoignent du fragile équilibre entre souvenirs et avenir, entre choix et résistances.

  • Atelier de sérigraphie menacé par une potentielle implantation d'un immeuble d'habitations. Rue de Romainville. © Joris Château

Collecte de dons aux Lilas pour étudiants en difficulté

Comment venir en aide aux étudiants ? Grâce au conseil des jeunes de la ville des Lilas, une collecte solidaire se tient tous les mercredis jusqu’au 25 janvier 2023 au Kiosque, lieu d’information et d’écoute destiné aux jeunes en situation de précarité et à leur famille.

« Cela fait bizarre de voir que notre projet marche », confie Marine, 20 ans, à la vue d’une retraitée apportant un cabas débordant de vêtements et d’assiettes. Cette Lilasienne est heureuse de constater le nombre d’affaires réunies en seulement deux semaines : vêtements, cosmétiques, vaisselle, mais aussi des bijoux, un skate, une guitare… Depuis le 7 décembre et jusqu’au 25 janvier, le conseil des jeunes des Lilas, auquel elle appartient, organise une collecte de dons non alimentaires en faveur des étudiants en difficulté.

Une démarche inclusive

Selon Linkee, association qui redistribue des produits alimentaires, un étudiant sur trois fait face à la précarité. Consciente de ce problème majeur, Marine a voulu mettre en place une démarche inclusive, notamment pour ceux qui ont du mal à accepter leur situation et à admettre qu’ils ont besoin d’aide : « Ce n’est pas facile quand on est jeune d’aller dans une association solidaire, on ne se sent pas forcément légitime. C’est pour cela que nous n’avons pas écrit dans l’annonce que ces dons étaient à destination de ceux qui n’ont pas de moyens. » « Si on ne sait pas quoi faire de ses affaires, on les dépose ici et on fait le bonheur de certains », surenchérit Laure, informatrice jeunesse du Kiosque, qui accompagne Marine dans cette démarche.

Vêtements, bijoux et vaisselle recueillis lors de la collecte solidaire, au Kiosque. Les Lilas, 21/12/2022. © Stéphane Marcault

Un projet engagé au succès grandissant

Marine et Laure n’oublient pas les enjeux écologiques : « Zéro déchet pour vous, zéro euro pour eux, 100 % citoyen pour tous et toutes », tel est le slogan inscrit sur les prospectus. Une initiative qui permettra au conseil des jeunes de réaliser d’autres projets dans l’avenir, au vu du succès de celui-ci. Regardant du coin de l’œil l’inventaire des objets récoltés, la jeune femme de 26 ans s’interroge sur la date limite de dépôt des dons. Cette initiative, qui ne cesse de croître, est une telle réussite qu’elle pourrait « accepter des dons passés le 25 janvier ». « On fera une remise de dons en février, poursuit-elle, et, en fonction de ce qu’on reçoit, on verra si on organise une ou plusieurs soirées. »

Marine constate que la plupart des donateurs sont des personnes âgées de 45 à 60 ans : « Cela fonctionne comme on espérait : les personnes de cette tranche d’âge ont plus à donner qu’à recevoir et inversement pour les 15-25 ans. »

Texte : Margot Bonnéry

Photos : Stéphane Marcault

Noël aux Lilas : un concours de vitrines en manque de notoriété

La ville des Lilas organise le concours de la plus belle vitrine de Noël 2022. Une façon de remercier et mettre en valeur le commerce de proximité, qui est l’un des atouts majeurs de la commune.

En cette période de fêtes, la mairie des Lilas a lancé, pour la seconde année, son concours de la plus belle vitrine de Noël parmi les commerçants de la ville. Un concours réservé aux Lilasiennes et Lilasiens, qui peuvent voter jusqu’au 31 décembre 2022. Mais force est de constater que, dans les rues de la ville, peu de gens semblent au courant de cette opération. Y compris parmi les commerçants.

Des commerçants impliqués

Le salon Kayli, spécialiste de l’onglerie, de l’esthétique et de la coiffure situé au 150 rue de Paris, est rempli de clientes. Lili, à l’accueil, est passionnée de décorations de Noël. L’année dernière, elle avait bien décoré sa boutique, par plaisir. Mais cette année, elle a un planning très chargé et n’a pas eu connaissance de l’événement. Malgré tout, sa vitrine présente de très beaux soldats de bois, nommés aussi casse-noisettes Erzgebirge, de belles guirlandes rouges et blanches s’enroulant autour des deux poteaux à l’entrée, ainsi que deux étoiles rouges sur la porte.

Vitrine décorée pour Noël, salon de coiffure Kayli. Les Lilas, 19/12/2022 © Nathalie Fristot

Un peu plus loin, au 151 de la même rue, Les Tatas flingueuses est une épicerie fine mais aussi une boutique de créateurs, affichant un joli mélange kitsch et vintage. À l’entrée du magasin, deux univers : l’un jaune pour les enfants, l’autre rose pour les adultes. Les vitrines encadrant la porte sont faites en rideaux de papier fluo brillant, avec de grandes étoiles et de grands flocons de neige illuminés. Patrizia, vendeuse, ignore tout de ce concours elle aussi. « Avec mon équipe, j’ai toujours fait des efforts pour rendre la vitrine attirante », déclare-t-elle. Elle aime entendre les « Wow » d’admiration, qui valorisent son travail. Et compte décorer sa vitrine encore plus l’année prochaine, pour tenter de remporter le titre de la plus belle vitrine de Noël.

Des habitants appelés à voter en ligne

Catherine, une passante très enjouée, la soixantaine, affirme également manquer d’information sur ce concours : « J’aurais dû penser à aller sur internet pour voir ce que propose la mairie des Lilas », regrette-t-elle. Elle hésite encore, mais son œil brille vers deux préférences : la librairie Folies d’encre et la boutique Les Tatas flingueuses. À son retour chez elle, elle pensera sans nul doute à voter.

L’année dernière, c’est le salon de coiffure Raymond Azar qui a été récompensé, précise le service communication de la mairie. Et cette année ? Des informateurs indiquent que les voix des habitants pourraient se porter sur la vitrine d’un toiletteur pour chiens, bien connu des Lilasiens et Lilasiennes. Voter pour la plus belle vitrine des Lilas est possible en ligne jusqu’au 31 décembre 2022.

Texte : Michaël Mannarino

Photos : Nathalie Fristot

 

Cadeaux de Noël et inflation : les Parisiens ajustent leurs dépenses

À la Grande Récré de la Porte des Lilas, les Parisiens sont plus attentifs à leur budget que les années précédentes. En cause : l’inflation générale et celle du coût des jouets, qui s’élève à 6 % selon une étude de l’institut NPD Group, publiée en octobre dernier.

Dans les allées du magasin la Grande Récré de la Porte des Lilas, parents et grands-parents sont au rendez-vous, soucieux de faire plaisir aux plus petits, prenant en compte le contexte économique, marqué par une inflation générale. Le personnel du magasin s’affaire : accueil, conseils, réassort. Les rayons de jouets sont pleins. En tête de gondoles, les figurines des récents blockbusters finiront bientôt dans les mains d’enfants.

Un budget revu à la baisse

Nigib, employé au Crous de Paris, est venu avec son petit-fils. « Cette année est plus difficile. On offre moins, les années précédentes, c’était plus simple », confie-t-il. Le sexagénaire admet aussi que sous le sapin, l’abondance ne sera pas au rendez-vous. « Je partage, mais là j’offrirai qu’à mon petit-fils. » Au rayon des peluches, Patricia, une retraitée de 65 ans, ne ménage pas sa colère : « J’ai une retraite minable de 1500 euros net, l’inflation restreint mon budget à seulement 30 euros pour Noël. Je voulais prendre une poupée pour mon neveu, mais ce n’est pas possible. » Certains jouets sont plus touchés que d’autres par l’inflation. Les peluches de plus d’un mètre, particulièrement celles en provenance d’Asie, ont vu leur prix bondir de + 30 %, indique Phillipe Gueydon, PDG de King Jouet dans Le Parisien. Le coût du transport, le tarif élevé des containers et la parité euro-dollar jouent en défaveur des importations.

Nigib vient d’acheter un cadeau à son petit-fils à la Grande Récré, Porte des Lilas, 19.12.2022. © Pauline Fournier

Priorité aux enfants

« Pour la première fois, les cadeaux entre adultes sont compromis », témoignent Raketa et Ibrahim, qui sortent du magasin, tenant avec eux plusieurs cadeaux déjà emballés. « Cette année, j’ai dû augmenter mon budget pour faire le même nombre de cadeaux et je me suis limité aux petits enfants, ils sont prioritaires », précise Raketa. Même constat chez Zhen, 27 ans, buraliste : « L’année dernière, j’avais un montant libre, aujourd’hui, ce n’est plus possible. Je ne pourrai faire plaisir qu’à mes enfants. »

Quelques jours avant Noël Raketa et Ibrahim sortent de La Grande Récré après avoir fait des achats pour leurs petits enfants. Porte des Lilas, 19.12.2022. © Pauline Fournier

Des modes de consommations différents

Selon Frédérique Tutt de l’Institut NDP Group, « Cette augmentation des prix sur le marché des jeux et jouets reste très inférieure à l’inflation constatée sur l’ensemble des produits de grande consommation. La France est par ailleurs le pays d’Europe où l’inflation du prix des jouets reste la plus limitée par rapport à l’Allemagne (+ 6,6 %) ou Britanniques (+ 6,8 %) ». Les Parisiens adoptent de nouveaux comportements et ne cèdent pas à l’achat d’impulsion. Céline, 42 ans, salariée de Pôle emploi, ne prive personne de cadeaux, même si elle déplore l’impact de l’inflation sur ses achats de Noël. « Je vais acheter autant, mais différemment. On a repris le système des boites solidaires, c’est à dire un truc bon, un truc chaud et un truc culturel. On a finalement repensé le cadeau de Noël, ce qui allège notre budget », conclut-elle.

Texte : François Bourlier

Photos : Pauline Fournier