Auteur/autrice : Rédaction Rédaction
Attaque du 23 décembre dans le Xe : la communauté kurde manifeste entre hommages et revendications
Le Conseil démocratique kurde en France a organisé samedi 24 décembre, place de la République à Paris, une manifestation d’hommage aux victimes de l’attaque perpétrée la veille devant le Centre culturel kurde Ahmet-Kaya (Xe). Le Parquet de Paris a qualifié l’attaque de « crime raciste ». De son côté, le Conseil démocratique s’indigne que « le caractère terroriste ne soit pas retenu ». Et rappelle que le 9 janvier 2013, trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avaient été assassinées rue La Fayette.
Portrait : Montreuil, ma ville !
Depuis les allées fleuries des marchés, jusqu’aux portes de la mairie, en passant par les commerces locaux, où l’on se pose pour se réchauffer et chasser le temps, les Montreuillois nous livrent un portrait dynamique et coloré de leur ville en cette fin d’année 2022.
À Pantin, la création s’invite sous toutes ses formes
Du canal de l’Ourcq au Pré-saint-Gervais, la création artistique s’affiche partout à Pantin. De la rénovation de bâtiments phares au recycling vestimentaire, une balade urbaine entre passé et présent. Suivez la rivière !
Place des Fêtes : un marché haut en couleur qui contraste avec la grisaille urbaine
Perchée sur les hauteurs de Belleville, à l’est de Paris, la place des Fêtes est encadrée de tours HLM construites entre 1957 et 1978. Si la grisaille domine, le marché qui s’y tient trois jours par semaine, donne toujours un air de liesse au lieu.
« Lutter dans la joie » : l’art de vivre dans le XXe
Dans le XXe arrondissement de Paris, la joie éclate dans les couleurs des peintures murales, des affiches ou des édifices. La lutte et les revendications sociales éclatent, elles, dans les slogans et les espaces associatifs et solidaires. Promenade dans un arrondissement qu’on « aime un peu partout ».
Plan grand froid : un gymnase de Montreuil accueille 40 sans-abris jusqu’au 2 janvier 2023
Les températures négatives ont conduit la préfecture d’Île-de-France et le gouvernement à déclencher le plan grand froid, le 12 décembre dernier. Montreuil fait partie des quatre villes de Seine-Saint-Denis mobilisées. Dans ce cadre, la commune met à disposition l’un de ses gymnases municipaux.
En Île-de-France, le plan grand froid a été déclenché le 12 décembre sur deux départements : Paris et la Seine-Saint-Denis. Lorsque les températures minimales ressenties descendent à des niveaux très bas au moins deux jours consécutifs, le dispositif permet à la direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement de réquisitionner des bâtiments publics pour mettre à l’abri des personnes vivant à la rue. Ainsi, jusqu’au 2 janvier 2023 un gymnase de Montreuil est réaménagé en hébergement d’urgence par le Centre communal d’action sociale de la ville et géré par l’association Cités caritas. 40 personnes sans-abri y sont accueillies, 36 d’entre elles sont originaires de la Côte-d’Ivoire.
« Les journées sont longues mais, au moins, on est au chaud »
Awa a 22 ans. Enceinte de quatre mois, elle attend son premier enfant. Toute sa vie tient dans ses grands cabas calés sous son lit. Elle est arrivée au gymnase mardi 13 décembre dernier avec son compagnon. Tous deux migrants ivoiriens, ils ont passé un mois à dormir à la rue, dans les gares RER de Noisy-le-Sec, Pantin ou Bondy. Après des heures et des jours à appeler le 115, elle a été « contente » d’apprendre qu’une place en hébergement leur avait été accordée, alors que les températures se faisaient glaciales. Le gymnase municipal est chauffé. Trois repas quotidiens et des kits d’hygiène sont fournis, en partenariat avec la Croix-Rouge.
C’est l’association Cités caritas qui gère la logistique au quotidien, pour le compte de la ville de Montreuil. « Notre objectif est de faire passer les gens, de la rue, à des solutions de logement pérenne. On se sert de ce type de dispositif, le plan grand froid, pour le faire, mais cela reste temporaire » déclare Marthe Yonh, directrice de transition de la branche hébergement 93/94/95 au sein de l’association.
L’hébergement pérenne est l’objectif principal
« Pour nous, l’objectif est d’éviter les retours à la rue, mais si on n’a plus de locaux, c’est dur », poursuit la responsable de l’association. « Ce n’est pas nous qui décidons. Les gens doivent passer par le SIAO, le Service intégré de l’accueil et de l’orientation, qui gère notamment les places disponibles dans les centres d’hébergement d’urgence. C’est seulement en fonction des places disponibles que l’on pourra orienter les gens. »
L’année dernière, l’association avait réussi à n’avoir aucun retour à la rue. « On intervenait sur un gymnase à Montreuil, avec 30 personnes hébergées. Cette année, on gère quatre gymnases. Franchement, je ne sais pas comment cela va être possible… » s’inquiète Marthe Yonh.
Bien que les températures dépassent désormais les 10°C à Paris, le plan grand froid reste en place pour la durée des fêtes de fin d’année. Il pourra être reconduit en fonction des conditions climatiques. Pour l’instant, la seule recommandation faite aux personnes hébergées est de recommencer à appeler le 115 à partir du 2 janvier 2023.
Texte : Pamela Eanga
Photo : Stéphane Marcault
Le désarroi des habitants du Clos-français, à Montreuil, toujours en attente d’être relogés
Depuis plus d’un an, les habitants du quartier du Clos-français situé à Montreuil (93) attendent d’être relogés. La barre de l’immeuble D dans laquelle ils vivent devait être détruite fin décembre 2022. Le projet a été repoussé à janvier 2023, faute de solution de relogement.
Cela fait maintenant un an que les habitants de la barre D du Clos-français à Montreuil patientent. Initialement prévue en décembre 2022, la destruction de la barre datant des années 1970 et regroupant 96 logements, a été repoussée à janvier 2023. Les habitants disent n’avoir reçu aucune information sur leur relogement.
« C’est édifiant, vous allez voir, de beaux logements mais dans un sale état », explique une habitante du quartier, désespérée par la situation de son amie, résidente de la barre D, tout comme de l’état de l’immeuble de celle-ci. Siva Calaivanane, 28 ans, vit chez son père, locataire ici depuis vingt-quatre ans : « Ça fait un an et demi que mon père a déposé sa demande de relogement et il ne se passe rien, explique-t-il, alors que la démolition était prévue en décembre 2021. » Un chauffe-eau défectueux, des réparations effectuées partiellement, des problèmes d’humidité ponctuent le quotidien du sexagénaire.
Un quotidien similaire à celui de Mmes Diaby et Tabetroukia. La première, âgée de 28 ans, vit dans le bâtiment D avec sa mère et ses sœurs depuis dix ans. Avec sa mère, elles ont effectué une demande de relogement restée sans suite : « On a envie de partir, il y a des taches d’humidité sur les murs du dernier étage, et des rats ! Mes sœurs ont peur de traverser l’allée tellement ils sont nombreux ! » s’exclame-t-elle. Les rats sont aussi un problème pour Mme Tabetroukia, 62 ans, qui vit avec son mari et ses deux fils : « Évidemment qu’il y a des rats partout, on n’a pas de local à poubelles. » Mais ce n’est pas la seule difficulté : « Je n’ai plus d’eau chaude et ma douche est dans un tel état que je ne veux pas l’utiliser, confie-t-elle au gardien venu constater les dégâts. Quand on rentre, on est obligés d’utiliser la lumière de notre portable car il n’y en a pas dans l’escalier. » Démunie face à cette situation, Mme Tabetroukia désespère : « Pourquoi nous laissent-ils comme ça ? Je ne comprends pas. »
Lors de la démolition d’un immeuble, la mairie doit obligatoirement procurer aux locataires un logement de remplacement qui répond aux mêmes critères que le précédent. Jusqu’à trois propositions peuvent leur être faites, mais les critères ne sont pas toujours respectés, explique celui que l’on surnomme « Fedo », président de l’association Droit au logement de Montreuil. En raison de leur situation précaire, les habitants sont, toutefois, poussés à accepter rapidement une proposition.
Texte : Chloé Bachelet
Photos : Claire Corrion
Prix des entrepreneurs handicapés : un restaurateur sourd du XIe récompensé
Le gérant du restaurant parisien 1000 & 1 Signes est sourd. Le 8 novembre 2022, il a reçu le prix de l’entrepreneur de l’année, lors de la 5e édition des Trophées H’up, qui récompensent des parcours d’entrepreneurs handicapés.
Sid Nouar, 43 ans, vient d’être élu lauréat du prix de l’entrepreneur de l’année lors des trophées 2022, organisé par H’up entrepreneurs, qui accompagne des entrepreneurs en situation de handicap. Cet ancien professeur des écoles sourd est patron depuis onze ans. Le nom de son restaurant marocain, 1000 & 1 Signes, traduit ce qui le caractérise : il est à la croisée des « Mille et une nuits » et de la langue des signes.
Une marque de reconnaissance
Sid Nouar a été très surpris de recevoir un mail de félicitations de la part de l’association, lui annonçant que son dossier était sélectionné pour participer au gala des trophées : « C’est Sophie, ma chargée des ressources humaines, sourde elle aussi, qui a rempli le formulaire de candidature en juin dernier, sans m’en informer », sourit le patron.
Cent candidats avaient postulé dans l’espoir de recevoir un des six prix de cet événement annuel. « Ce titre est le plus valorisant de tous », s’émerveille Sid Nouar. Il précise que ce prix, qui n’est pas doté d’une enveloppe financière, est surtout une marque de reconnaissance du travail accompli. C’est aussi une manière de profiter du réseau de H’up entrepreneurs.
« Je suis fier de mon patron »
Après s’être familiarisé avec la restauration dans différents établissements, Sid Nouar a acheté son local en 2018. Situé dans le XIe arrondissement, le restaurant est une invitation à découvrir l’identité sourde. Sur les murs, à côté d’un néon fluorescent au nom du restaurant, des tableaux permettent à tous les clients, entendants ou sourds, d’apprendre quelques mots ou expressions en langue des signes française : « gâteaux arabes », « merci »…
En cuisine, Sid Nouar est entouré de Hadamou, 24 ans, commis, de Mikaël, 41 ans, chef, et de Johanna, 23 ans, serveuse et étudiante en intervention sociale à l’université de Créteil. Tous sont sourds et pratiquent la langue des signes, un atout essentiel dans ce restaurant. « Je suis fier de mon patron, confie Mikaël, et de travailler dans cet environnement positif et serein. »
Au-delà de la récompense et de la fierté, ce prix permet également aux sourds de se débarrasser de leurs idées reçues, comme le souligne Hadamou : « Je pensais que les sourds n’étaient pas faits pour gérer une entreprise, mais Sid nous prouve le contraire chaque jour ! »
Renseignements : 1000 & 1 Signes
Texte : Michaël Mannarino
Photos : Nathalie Fristot
Plus de 3000 sans-abri meurent dehors en France selon les estimations du Collectif les morts de la rue
Le Collectif les morts de la rue dénombre pas moins de 451 décès de personnes « sans chez-soi » en 2022 sur l’ensemble du territoire français, dont 161 à Paris. Pour les membres de l’association, ces données sont très loin de la réalité.
L’association Le Collectif les morts de la rue a recensé 451 décès de personnes sans domicile en France entre le 1er janvier et le 10 décembre 2022. À Paris, ils en ont compté 161. Un chiffre « provisoire » et « en-dessous de la réalité », souligne Chrystel Estela, coordinatrice de l’association, qui précise qu’« en croisant nos données avec celles de l’Inserm [Institut national de la santé et de la recherche médicale], nous estimons qu’il y a en réalité cinq fois plus de morts ». Le dernier rapport du Collectif estime ainsi à 3024 le nombre de sans domicile morts non recensés en France en 2021, en plus des 620 recensés par l’association la même année. Selon l’Insee, il y avait 133 000 sans domicile en 2011.
Le rapport du Collectif les morts de la rue, dont la sortie est prévue en octobre 2023, n’est pas exhaustif. D’abord, parce que les données ne sont pas transmises en temps réel : l’association continue de recevoir, en 2022, des signalements de décès pour l’année 2021. D’autre part, parce que l’association dépend du bon vouloir de chacun pour remonter le décès des sans domicile. Presse, hôpitaux, municipalités, commissariats, riverains « ne nous connaissent pas toujours, ou bien n’ont pas le réflexe de nous contacter », explique Chrystel Estela.
L’association du XIXe arrondissement de Paris est l’unique institution qui collecte des données sur les morts de personnes sans domicile en France. Depuis 2012, elle publie chaque année un rapport sur le sujet. L’étude de 2021 nous apprend que les sans-abri ont une espérance de vie de 48 ans, contre 83 ans au sein de la population générale en France.
Texte : Guilhem Bernes
Photos : Zoé Perrin