À la Grande Récré de la Porte des Lilas, les Parisiens sont plus attentifs à leur budget que les années précédentes. En cause : l’inflation générale et celle du coût des jouets, qui s’élève à 6 % selon une étude de l’institut NPD Group, publiée en octobre dernier.
Dans les allées du magasin la Grande Récré de la Porte des Lilas, parents et grands-parents sont au rendez-vous, soucieux de faire plaisir aux plus petits, prenant en compte le contexte économique, marqué par une inflation générale. Le personnel du magasin s’affaire : accueil, conseils, réassort. Les rayons de jouets sont pleins. En tête de gondoles, les figurines des récents blockbusters finiront bientôt dans les mains d’enfants.
Un budget revu à la baisse
Nigib, employé au Crous de Paris, est venu avec son petit-fils. « Cette année est plus difficile. On offre moins, les années précédentes, c’était plus simple », confie-t-il. Le sexagénaire admet aussi que sous le sapin, l’abondance ne sera pas au rendez-vous. « Je partage, mais là j’offrirai qu’à mon petit-fils. » Au rayon des peluches, Patricia, une retraitée de 65 ans, ne ménage pas sa colère : « J’ai une retraite minable de 1500 euros net, l’inflation restreint mon budget à seulement 30 euros pour Noël. Je voulais prendre une poupée pour mon neveu, mais ce n’est pas possible. » Certains jouets sont plus touchés que d’autres par l’inflation. Les peluches de plus d’un mètre, particulièrement celles en provenance d’Asie, ont vu leur prix bondir de + 30 %, indique Phillipe Gueydon, PDG de King Jouet dans Le Parisien. Le coût du transport, le tarif élevé des containers et la parité euro-dollar jouent en défaveur des importations.
Priorité aux enfants
« Pour la première fois, les cadeaux entre adultes sont compromis », témoignent Raketa et Ibrahim, qui sortent du magasin, tenant avec eux plusieurs cadeaux déjà emballés. « Cette année, j’ai dû augmenter mon budget pour faire le même nombre de cadeaux et je me suis limité aux petits enfants, ils sont prioritaires », précise Raketa. Même constat chez Zhen, 27 ans, buraliste : « L’année dernière, j’avais un montant libre, aujourd’hui, ce n’est plus possible. Je ne pourrai faire plaisir qu’à mes enfants. »
Des modes de consommations différents
Selon Frédérique Tutt de l’Institut NDP Group, « Cette augmentation des prix sur le marché des jeux et jouets reste très inférieure à l’inflation constatée sur l’ensemble des produits de grande consommation. La France est par ailleurs le pays d’Europe où l’inflation du prix des jouets reste la plus limitée par rapport à l’Allemagne (+ 6,6 %) ou Britanniques (+ 6,8 %) ». Les Parisiens adoptent de nouveaux comportements et ne cèdent pas à l’achat d’impulsion. Céline, 42 ans, salariée de Pôle emploi, ne prive personne de cadeaux, même si elle déplore l’impact de l’inflation sur ses achats de Noël. « Je vais acheter autant, mais différemment. On a repris le système des boites solidaires, c’est à dire un truc bon, un truc chaud et un truc culturel. On a finalement repensé le cadeau de Noël, ce qui allège notre budget », conclut-elle.
Texte : François Bourlier
Photos : Pauline Fournier