Vendredi 11 juin

La matinée du vendredi 11 juin est marquée par la douceur, la bienveillance et l’humilité de Muriel Gilbert, qui est venue nous présenter son poste de correctrice au Monde, qu’elle occupe depuis 2007. La plupart d’entre nous attendait avec impatience de la rencontrer puisque nous avions tous plus ou moins lu son récit Au bonheur des fautes. Et nous n’avons pas été déçus !

Le travail de correcteur est de plus en plus virtuel, et tout est pensé en termes de temps. C’est un rythme particulier à apprivoiser : on travaille de manière différente en fonction de notre place sur le planning, avant ou après bouclage. Par exemple, celui du Monde se fait tous les matins à 10 h 30. Passé cet horaire, c’est le break café qui remplace le rush stressant du matin. Le reste de la journée, les équipes travaillent autrement et de manière plus approfondie sur des sujets d’actualité dits « moins brûlants ».

D’où la difficulté de rendre un travail parfait. Être correcteur, c’est accepter que le 100 % n’existe pas. Il restera toujours des coquilles, et le monde entier remarquera les erreurs que vous avez laissé passer mais pas celles que vous avez corrigées avec brio.

Le correcteur est plutôt conservateur. Il n’est pas là pour révolutionner la langue, mais pour l’unifier afin que le lecteur puisse lire l’information le plus facilement possible. Et changer les habitudes d’un correcteur quand il doit travailler dans l’urgence risque de poser rapidement problème.

Muriel a parsemé son intervention d’anecdotes à la hauteur de son livre et je pense pouvoir affirmer au nom de toute la promo que nous avons passé une matinée très sympathique ! Quelques-unes d’entre nous ont même bravé leur timidité pour obtenir une super dédicace… au stylo rouge bien entendu ! 🙂

PE

 

 

Le temps béni des tubistes

Nous passons l’après-midi avec Flaubert.  Tout un article du Magazine littéraire consacré à Salammbô. On y apprend d’abord que la beauté de ce roman ne tient pas à la profondeur psychologique de ses personnages. George Sand elle-même déplore qu’ils ne soient pas plus fouillés. Et l’auteur de cet article d’établir un lien direct entre cette caractérisation sommaire et le fait que Salammbô « n’émeut guère ».

En terminant cette phrase, je m’interroge alors sur le terme « caractérisation ». J’ouvre mon Petit Larousse, et je découvre, non sans effroi, que le sens que je prête à ce mot ne correspond à aucune des acceptions officielles. Faut-il y voir un anglicisme formé sur character ? Et là-dessus surgissent d’autres questions : ce mot-là, dois-je le mettre entre guillemets ou en italique ? Quelle est la règle en la matière ? Je ne sais plus.

Cette amnésie devrait inquiéter l’aspirant-correcteur que je suis, mais pas le temps, l’article sur Salammbô m’accapare de nouveau. Et notamment ce titre sur lequel je suis peut-être passé trop vite : Le péplum trash de Flaubert.  Pourquoi ce « trash » me fait-il mal aux yeux ? Renvoie-t-il à la volonté de Flaubert d’être « aussi vrai que possible » ? Le choix du registre me semble discutable, mais dois-je en discuter pour autant ? Pas certain que ce soit là le rôle du correcteur. Sur ce point aussi, j’ai un trou. Il suffirait peut-être de remplacer « trash » par sa traduction.  Essayons : Salammbô, le péplum poubelle de Flaubert.  La titraille, c’est vraiment tout un art.

D’une minute à l’autre, je vais devoir aller faire le point sur ma recherche de stage. La question de ma légitimité me taraude un brin. Pas facile de se positionner en tant que correcteur quand de nouvelles lacunes se font jour à chaque instant. L’évocation par Muriel Gilbert de Didier, assis près de la photocopieuse et spécialiste en armement m’a laissé tout chose. Happé malgré moi par les illustrations de Poirson, j’oublie de vérifier les informations de la légende et je songe aux temps bénis de la poste pneumatique.

PB

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