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Le pari de Cergy pour attirer les touristes

Quatre cyclistes se trouvent au 12 colonnes, une des 12 stations de l'Axe Majeur. Leur pause terminée, ils reprennent la route.

Si la ville de Cergy, en région parisienne, n’est pas en apparence la destination la plus sexy pour un week-end ou un séjour, cela n’a pas empêché la ville de développer une offre de tourisme local tentant d’attirer des touristes en quête de dépaysement.

Et si le voyage responsable commençait près de chez soi ? Fruit de la fusion de deux communes, la ville de Cergy a émergé en 1972, à 40 km de Paris. C’est l’une des cinq « villes nouvelles » construites pour désengorger les grandes aires urbaines. Sa préfecture, vieille de cinquante ans, énorme bâtisse de béton gris en forme de pyramide inversée, côtoie le bâtiment vert et bleu de la bibliothèque municipale. Cergy-Pontoise n’est, à priori, pas la destination la plus séduisante. Cette commune de presque 100 000 habitants s’est développée en même temps que ses infrastructures et mise aujourd’hui sur une offre variée de tourisme local pour tenter d’attirer des Parisiens curieux et prêts à aller au-delà du périphérique ou des touristes avides de « dépaysement ».

L’office de tourisme de Cergy-Pontoise et l’agglomération (composée de 13 communes limitrophes) ont voté en 2022 la nouvelle stratégie politique en matière de tourisme pour 2023-2026. Si la ville se veut être une destination de proximité pour les habitants de la capitale, l’office de tourisme cherche à toucher avant tout une clientèle locale. « Pour le moment, nos cibles sont les territoires limitrophes, soit la vallée de l’Oise et le Vexin », explique Marine Ruquier, directrice de l’office de tourisme. Mais nous n’oublions pas qu’avec les Jeux olympiques nous avons une vraie carte à jouer. On se dit que les Parisiens vont vouloir fuir la capitale. 

Deux kayakistes dans un kayak rouge sont en train de pagayer sur les étangs de l'île de loisirs de Cergy. En arrière-plan, l'Axe Majeur.
Des kayakistes à l’île de loisirs de Cergy-Pontoise. En arrière-plan, l’Axe majeur. ©Julien Dufloux

L’Oise : une invitation au slow-tourisme

Située autour de la boucle de l’Oise, Cergy-Pontoise veut profiter de son emplacement géographique et attirer un public amateur de balades en bateau. « L’idée, c’est l’itinérance, la mobilité et la possibilité de rayonner sur le territoire avec plusieurs modes de transport. Nous développons le concept de boat and bike et recherchons, pour la saison, un bateau qui pourrait aussi transporter les vélos », indique Marine Ruquier. Faire le lien entre bateau et vélo et toucher les territoires limitrophes, ainsi pourrait être résumée la stratégie touristique de Cergy-Pontoise. La ville a développé un réseau de pistes cyclables, assez dense. C’est justement à vélo que Lucie vient de parcourir les 25 km qui la séparent du Vésinet (Yvelines), où elle habite. Et elle ne compte pas s’arrêter là. « Mon point de chute, c’est Auvers-sur-Oise », précise la jeune femme avant d’enfourcher sa bicyclette et de pédaler en direction de la ville des impressionnistes et de Van Gogh, qui y a passé ses derniers jours. 

Dans un parc au Vésinet (Les Yvelines), le portrait de Lucie Reyx, tout sourire à côté de son vélo. Quatre sacoches jaunes; deux à l'avant et deux à l'arrière agrémente son vélo
Rencontrée à l’office de tourisme de Cergy-Pontoise, Lucie Reyx, membre de l’association Une lettre un sourire s’apprête à faire un tour de France à vélo. Photo réalisée au Vésinet (Yvelines) – © Julien Dufloux

L’Axe majeur et l’Île de loisirs : les best of

Par son patrimoine médiéval, le centre de Pontoise a longtemps concentré l’offre touristique. Mais en 1985 débutent les travaux de l’« Axe majeur », un parcours de promenade de 3,2 km conçu par le plasticien Dani Karavan, matérialisé en partie par un pont rouge et composé de 12 spots à traverser. « C’est l’un des lieux que j’aime le plus à Cergy », rapporte Annie, 68 ans, ancienne urbaniste de la ville de Pontoise. « C’est un monument architectural, destiné à créer du tissu social dans un milieu urbain. Dans ce lieu se côtoient les populations des différentes agglomérations. » A l’extrémité de la promenade : une vue sur l’île de Loisirs. Avant d’être aménagé en 1975, le lieu était noyé par les étangs. C’est désormais un parc urbain de 250 ha dont 150 en plans d’eau, qui comprend 5 000 m2 de plage et des activités en tout genre : pique-nique, barbecue, rafting, kayak, planche à voile, vague à surf, téléski nautique, tennis, accrobranche, pédalo…

Les 12 stations de l’Axe majeur en vidéo

L’île de Loisirs est désormais une destination prisée. « C’est le lieu de Cergy qui attire le plus de visiteurs. Ils ne sont pas moins d’un million chaque année en moyenne », assure Marion Roux, chargée de communication externe et relations presse à l’office de tourisme. 

Diversifier les offres pour plaire aux jeunes

Si les seniors et les familles investissent le lieu l’après-midi, les jeunes préfèrent s’y rendre le soir pour discuter, manger, se retrouver. L’objectif est de les attirer aussi la journée avec une offre de loisirs plus étendue et une « appli parcours » destinée aux étudiants. « L’agglomération compte deux universités et une grande école de commerce, nous devons réfléchir à la manière de capter ces nouveaux publics », explique Marine Ruquier. 

Et Jean-Claude, 70 ans, le mari d’Annie, d’ajouter : « Cergy est l’une des villes nouvelles qui s’est le mieux développée. A Marne-la-Vallée, pour le coup, c’est superficiel, ça manque de charme, d’authenticité. Et puis, à part Disney… » Si le couple vit maintenant à Annecy, lors de son passage en région parisienne, il revient toujours du côté de Cergy-Pontoise où il a habité dix ans.

Texte : Isabelle Lawson – Photos : Julien Dufloux