Plusieurs organisations se sont rassemblées le 18 décembre, place de la République, pour exprimer leur désaccord avec le projet de loi immigration, discuté le jour même au Parlement.
Place de la République à Paris, 16 heures. « Quand ils avaient besoin de main-d’œuvre, nous étions là et aujourd’hui ils veulent nous jeter ! » Porte-parole de l’association Coalition sans-papiers Paris (CSP75), Mariama Sidibé s’indigne : « Il ne faut pas que cette loi voie le jour ! Et il faut mieux encadrer le travail des femmes immigrées. Omniprésentes dans les métiers en tension, elles ont de mauvaises conditions de travail et sont souvent maltraitées. » La date de ce rassemblement n’a pas été choisie au hasard. « Le 18 décembre est la journée internationale des migrants et l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage aux États-Unis », souligne la porte-parole.
À la sortie de la station de métro République, Nayan NK, fondateur de Solidarité Asie France, distribue énergiquement des tracts aux passants. « Cette loi, c’est n’importe quoi ! Avec la mesure qui vise à instaurer un juge unique au lieu de trois pour les naturalisations, cela va être la justice expéditive assurée », s’emporte-t-il.
Des mains symboliquement enchaînées
Une dizaine de policiers se tiennent à distance. Des groupes se forment un peu partout, frôlés de temps en temps par les jeunes skateurs habitués de la place. Au milieu d’un groupe de manifestants « flotte » un bateau gonflable avec, à l’intérieur, une poupée déchirée. « C’est pour représenter tous les morts en Méditerranée, mais aussi ceux de la mer Égée, de Mayotte… », explique l’une des membres de CSP75.
17 heures, départ du cortège vers Nation. Au même moment, à l’Assemblée débutent les discussions de la commission mixte paritaire (CMP), destinées à trouver un accord majoritaire sur le projet de loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » défendu par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. « C’est une loi absolument scandaleuse qui va être encore durcie par la CMP, il y en a marre de cette dérive vers l’extrême-droite », s’indigne la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui se réjouit cependant du succès du rassemblement. « C’est la mobilisation des invisibles, des sans-papiers qui travaillent dans des conditions extrêmement difficiles. Peu d’événements leur donnent la parole, c’est d’autant plus important d’être à leurs côtés aujourd’hui. » En tête de cortège, Mariama Sidibé s’est symboliquement lié les mains avec une chaîne. Derrière elle, porté par d’autres manifestants, le canot pneumatique continue imperturbablement à avancer.
Texte : Jérémie Maillet – Photos : Cyril Catalan, Amélie Dibon, Julien Dufloux