Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Législatives 2024 : « Une victoire du RN serait dramatique pour les droits des femmes »

Montage de trois photos de militantes féministes manifestant le 23 Juin à Paris, contre le Rassemblement nationale et pour les droits des femmes.

Difficulté d’accès à l’IVG, lutte contre les violences sexuelles et sexistes dévoyée, insécurité des militantes féministes… Sarah Durocher, présidente du Planning familial, alerte sur les conséquences d’une éventuelle victoire du parti d’extrême-droite de Jordan Bardella, le 7 Juillet 2024.

« Ce serait une catastrophe ». Sarah Durocher, la Présidente du Planning familial, ne mâche pas ses mots. « Une majorité du Rassemblement national à l’Assemblée nationale serait dramatique. Pour les droits des femmes et des minorités, pour l’égalité femme-homme et pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ». Pendant toute la campagne des législatives, la responsable féministe a pris la parole avec détermination. Seule et aux côtés des 200 associations, syndicats et ONG du collectif « Alertes féministes » qui a mobilisé 65000 personnes dans les rues de Paris le 23 Juin. Son message : sous le vernis de la dédiabolisation du parti par Marine Le Pen, « le RN conserve une idéologie patriarcale, raciste et xénophobe ».

 
 
 
 
 
Voir cette publication sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Une publication partagée par Isabelle Duriez (@isaduriez)

L’accès à l’IVG en danger

Le 17 Juin dans une vidéo sur X, Jordan Bardella a affirmé : « Parce qu’aucune femme ne doit craindre qu’un seul de ses droits soit remis en cause, Marine Le Pen a soutenu l’inscription de l’IVG dans la Constitution ». Un vote en trompe l’œil cependant : la moitié des 91 élus du RN n’ont pas voté en faveur de ce texte le 4 mars 2024 (11 contre, 20 abstentions, 14 absents). En 2022, les députés RN ont, par ailleurs, voté contre l’allongement du délai légal de 12 à 14 semaines.

« Ce qui est inscrit dans la Constitution, c’est la liberté du droit à avorter, explique Sarah Durocher. Mais cela ne garantit ni l’accès à une information éclairée sur l’IVG, ni l’accès à l’avortement sur tout le territoire ». Les mouvements d’extrême-droite mènent déjà en France des stratégies de désinformation en ligne sur l’avortement. Le Rassemblement national pourrait aller plus loin : dérembourser l’IVG, supprimer l’accès aux mineurs et faire fermer des centres d’IVG, lors des arbitrages de la politique de santé… Il s’est également prononcé contre la PMA pour les femmes seules.

Une réponse sécuritaire aux violences envers les femmes

En 2022, Marine Le Pen a annoncé que, au pouvoir, elle supprimerait le ministère des droits des femmes. Ce ministère, au budget le moins important, pilote notamment les actions en faveur de l’égalité femme – homme et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. « Si nous perdons ces financements, nous ne pourrons plus intervenir dans les collèges et lycées », prévient la présidente du Planning.

Au niveau européen, le RN a voté contre l’adoption de la convention d’Istanbul sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Dans sa vidéo, Jordan Bardella promet bien de mener « une lutte implacable contre l’insécurité qui fait régresser la liberté de chaque femme de France de se déplacer dans les rues et dans l’espace public ». Mais, à travers un prisme déformant. Il prévoit ainsi, pour protéger les Françaises, de reprendre « le contrôle de notre politique migratoire en expulsant les délinquants et criminels étrangers ».

« Ce n’est pas en expulsant des personnes étrangères que nous lutterons contre les violences à l’égard des femmes, dénonce la Présidente du Planning. Neuf viols sur dix sont commis par l’entourage proche, compagnon, ex-compagnon ou parent, et non par des étrangers ».

Les centres du Planning directement menacés

« L’extrême-droite nous menace régulièrement de retirer les subventions qui nous permettent d’accompagner 450.000 personnes sur le terrain », s’inquiète Sarah Durocher. Des femmes en recherche d’information sur la contraception, la sexualité ou l’IVG, des femmes qui souhaitent avorter, des victimes de violences, des personnes LGBTQIA+, des personnes en situation de handicap… « S’ils passent à l’acte, les emplois de nos salariés et nos capacités d’accueil sont menacés. Qui accompagnera ces publics? ».

Déjà, la violence envers le Planning familial a augmenté depuis l’entrée du Rassemblement national à l’Assemblée. Les locaux font, régulièrement l’objet de dégradations comme à Lille ou à Bordeaux. Et les militantes sont victimes de cyber harcèlement droite et de menaces d’agressions physiques. « C’est pareil partout, en Pologne, en Hongrie, au Brésil, en Argentine, rappelle Sarah Durocher. Quand l’extrême-droite avance, les droits des femmes reculent ». 

Vidéo Isabelle Duriez

Pourquoi Jordan Bardella cible les femmes

Le Président du RN, Jordan Bardella, a appelé directement les femmes à voter pour lui, dans sa vidéo diffusée le 17 Juin 2024. Son objectif : mobiliser l’électorat féminin qui pendant longtemps s’est détournée de l’extrême-droite perçue comme violente. Ce « gender gap » a été identifié partout dans le monde par les politologues. Pour la première fois, lors des élections européennes du 9 Juin 2024 autant de femmes que d’hommes ont voté pour le Rassemblement national. En cinq ans, entre 2019 et 2024, le parti de Marine Le Pen a gagné dix points dans l’électorat féminin lors des scrutins européens, passant de 20 à 30%. Selon un sondage Ifop sortie des urnes, elles seraient même 32% à avoir voté pour le RN. Il reste à Jordan Bardella à confirmer cette évolution lors du deuxième tour des législatives.

 
 
 
 
 
Voir cette publication sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Une publication partagée par Isabelle Duriez (@isaduriez)

Texte : Isabelle Duriez
Photo d’ouverture : plus de 65000 personnes ont manifesté, le 23 Juin 2024 à Paris, pour dénoncer le risque pour les droits des femmes d’une victoire politique du Rassemblement national. © Isabelle Duriez (montage)