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L’Atelier Maurice Arnoult forme les bottiers de demain

Tandis que Nastassia et Réza (à gauche de l'image) travaillent sur leurs créations, Isabel, responsable de la formation, explique à Christophe la conduite à suivre dans l'élaboration de son patron.

L’Atelier Maurice Arnoult permet de se former au métier de bottier. Créer dans le quartier de la goutte d’or à Paris par un collectif de bottiers, l’atelier accompagne des candidats au CAP de bottier. Les primo-arrivants sont également pris en charge dans un parcours de formation.

Les mur de l'atelier sont recouvert des moules des apprentis formés.
Des outils et des moules de chaussures sont suspendus à un mur de l’école.

Un passionné de reconstitution historique

Conducteur de travaux, Christophe a travaillé dix ans dans le bâtiment. Un jour de 2022, sur un chantier, son cœur s’emballe : il a 18 de tension. Le lendemain, il démissionne et se lance dans la cordonnerie. Un saut pas tout à fait dans l’inconnu puisqu’il fabrique, depuis 2014, des souliers d’époque, juste pour le plaisir. Après sa formation, Christophe ambitionne de se lancer à son compte pour faire des chaussures destinées à des reconstitutions historiques du Moyen Age, grâce à l’Atelier Maurice Arnoult.

Christophe est reconversion professionnelle. Il était chef de travaux dans le bâtiment.
Christophe ajuste à un moule en bois la semelle qu’il est en train de fabriquer .

L’animatrice 3D souhaite créer ses propres chaussures

Avant, Nastassia était animatrice 3D. Elle travaillait pour des studios de films d’animation et de jeux vidéo. Mais ses vraies passions, ce sont la mode et l’artisanat. Lasse de la précarité inhérente à son statut d’intermittente, elle décide en 2023 de se former à la profession de bottier. Au départ, cela n’a pas été facile. Il lui a fallu apprendre à utiliser des outils et accepter la transformation de ses mains. Ce qu’elle préfère dans son métier, c’est imaginer de nouveaux modèles. Créer plutôt que reproduire.

Nastassia a travaillé plusieurs années dans les films d'animation. Aujourd'hui elle affûte ses propres couteau.
Nastassia, étudiante de 29 ans, affutte son couteau.

Son rêve, devenir cordonnier en France

Réza est né en Iran, dans la ville de Qom, à 150 km de Téhéran. A 10 ans, il fabriquait des sandales en plastique pour aider ses parents avant de devenir piqueur (assembleur des pièces de cuir d’une chaussure) pour des cordonniers dans la capitale. A son arrivée en France en 2019, il a d’abord été déménageur, puis a poussé la porte de l’Atelier Maurice-Arnoult en janvier 2022. Son rêve : devenir bottier en France.

Réza découpe le cuir méticuleusement pour assembler ses prochaines créations.
Réza, 32 ans, découpe avec minutie une pièce de cuir pour un soulier.

Il ne veut plus rester derrière un écran d’ordinateur

Alban a été prothésiste dentaire pendant dix-sept ans. Au début, il aimait bien son métier mais le numérique est venu tout bouleverser. Finies les empreintes dentaires en plâtre. Les empreintes numériques gagnent du terrain chez les dentistes. Aujourd’hui, Alban passe ses journées derrière un écran d’ordinateur à travailler sur des moules numériques qui seront fabriquées par des machines. En 2021, il annonce à son employeur qu’il le quittera dans un an. Après dix-huit mois de recherche Alban choisit la formation de bottier car il aime travailler de ses mains.

Alban a créé ses premier souliers en cuir à l'Atelier Maurice Arnoult.
Alban, 40 ans, présente le produit fini de son travail, une paire de chaussures pour hommes.

Tombée par hasard dans la botterie

En se promenant dans le quartier de la Goutte d’or, en thèse d’anthropologie, Alondra passe par hasard, devant l’atelier. Elle est tellement séduite par le travail des artisans qu’elle décide de suivre un stage d’initiation, puis de se former au métier de bottier. Aujourd’hui, elle travaille pour Christian Louboutin à mi-temps. L’autre partie de son temps, elle le passe à se perfectionner à l’Atelier Maurice Arnoult.

Une voie d’avenir

Selon l’Observatoire des trajectoires professionnelles, en 2022, 35,8 % de la population active ont connu une reconversion professionnelle, contre 26,2 % en 2016. 68 % des actifs estiment que la crise sanitaire a changé leur rapport au travail. λ

Texte : Fouad Arbaouia – Photos : Christian Rault