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« La République française est en deuil »

façade bâtiment éclairé

Le 21 décembre, la municipalité de Montreuil a décidé de mettre ses drapeaux en berne et d’appeler à un rassemblement devant l’hôtel de ville après le vote de la loi « immigration ». Entretien avec Patrice Bessac, maire communiste, issu d’une liste dunion des gauches.

homme sur des marches entouré par d'autres personnes
Patrice Bessac, maire de Montreuil, lors de la manifestation du 21 décembre. © Lola Cassinat

Pourquoi avoir fait le choix de mettre les drapeaux en berne suite à la promulgation de la loi « immigration » ?

Ce protocole est appliqué dans des moments graves, le décès de hautes personnalités de la République, ou lors d’évènements tragiques de notre histoire. Il nous a semblé important de mettre les drapeaux en berne parce que nous pensons que la République française est en deuil.

En quoi la ville de Montreuil est-elle particulièrement concernée ? 

Montreuil est une terre d’immigration, le tissu solidaire y est très développé. Des associations accueillent des personnes sans abri, mais elles n’ont pas de solutions à proposer. Elles manquent de places d’hébergement. Quand nous ouvrons un gymnase pour accueillir des personnes pendant l’hiver, des femmes victimes de violence ou des sans-abri, contrairement à ce qui se passe dans certaines communes, nous ne leur demandons pas leur carte de séjour.

La France terre d’accueil, est-ce un principe révolu ?

Il y a des territoires de résistance dont Montreuil qui perpétuent la grande histoire française. Moi, je ne suis absolument pas désespéré. La lutte continue.

En quoi le vote de cette loi représente-t-il un tournant inquiétant ?

L’adoption d’un principe consubstantiel du Front national – la préférence nationale – marque indéniablement un tournant sur le fond, mais c’est aussi un tournant politique. Le gouvernement vient de donner une victoire culturelle considérable à l’extrême droite. L’histoire nous apprend que les victoires politiques sont toujours précédées de victoires culturelles. Il y donc un danger vital. Une course de vitesse est engagée si on ne veut pas avoir, en France, à l’image de ce qui se passe ailleurs, un gouvernement d’extrême droite.

Une alliance entre les partis est-elle encore possible ?

Il faut se battre pour qu’il y ait une union des forces de gauche et des écologistes. C’est ma conviction. Aujourd’hui, ce n’est pas possible, mais il faut remuer la situation et la changer.

Propos recueillis par Oanh Lê – Photos : Lola Cassinat