Dans les neuf villes de la communauté d’agglomération Est Ensemble, de nouveaux tarifs de l’eau sont mis en place à partir du 1er janvier 2024. Décryptage avec Jean-Claude Oliva, président de la régie d’eau et d’assainissement Eau publique par Est Ensemble.
Pourquoi les communes composant Est Ensemble* ont-elles souhaité revenir à une gestion publique de l’eau ?
C’est une vieille histoire, le sujet avait déjà été évoqué il y a une dizaine d’années. Pour de nombreux élus, c’est une question de démocratie locale. Il est préférable que la gestion de l’eau et la tarification relèvent des élus locaux, et que ce service soit plus proche des usagers. En 2022, la majorité a choisi de franchir le pas. En sortant du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif) et du contrat avec Veolia, nous récupérons de nouvelles marges de manœuvre financières qui vont être répercutées sur les tarifs et sur les investissements dans le réseau de distribution.
Comment ont été conçus ces nouveaux tarifs ?
Le principe, c’est qu’ils soient plus justes et que l’eau soit moins chère pour les particuliers. Nous avons donc supprimé l’abonnement, qui pénalisait les petits consommateurs, et avons institué la progressivité de la tarification. Les 10 000 premiers litres consommés par foyer, ce qui correspond aux besoins d’une famille de cinq personnes pour l’alimentation et la cuisine, seront gratuits. Ensuite, il est prévu sept paliers : plus la consommation sera importante, plus le coût sera élevé. Par ailleurs,les habitants des copropriétés bénéficieront des mêmes conditions, alors qu’auparavant ils étaient pénalisés car considérés comme de gros consommateurs.
Quels sont les changements pour les entreprises ?
Jusqu’à nouvel ordre, les petites structures, comme les artisans, continueront à bénéficier du même traitement que les particuliers. En revanche, pour les autres entreprises, il y aura un tarif unique, alors qu’il était jusque-là dégressif. L’objectif est d’encourager ces grosses consommatrices à aller vers plus de sobriété, par exemple en installant des systèmes de récupération des eaux de pluie. Idem pour les collectivités. Certaines communes limitrophes de Paris envisagent par exemple de recourir au réseau d’eau brute – filtrée mais non potable – pour l’arrosage de leurs espaces verts.
* Est Ensemble regroupe les communes de Bagnolet, Bobigny, Bondy, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin et Romainville.
Propos recueillis par Jean-Marc Engelhard – Photo : Yohann Cordelle