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À l’ombre du Père-Lachaise, l’Atelier de Chopin redonne vie aux pianos

Un restaurateur de piano dans son atelier

À peine trois mois après la création de sa microentreprise de réparation et de restauration de pianos implantée dans le 20e arrondissement, Rodolphe Lemesle, trente ans de métier, tire un premier bilan positif de son activité.

« Les planètes étaient alignées », confie Roldophe Lemesle, ébéniste et technicien de piano depuis trente ans, installé au 162, rue des Pyrénées, dans le 20e arrondissement. « Alors, je me suis lancé dans l’entrepreneuriat à l’aube de mes 50 ans, et j’ai ouvert l’Atelier de Chopin le 18 septembre dernier. » Planètes alignées, tout comme la centaine de boîtes anciennes multicolores disposées le long des étagères de cet atelier de réparation et de restauration de pianos de 40 m2 : « Pistolets, étouffoirs, lanières, cuirs… », indiquent les étiquettes à la calligraphie surannée.

Un ruissellement de devis

« J’ai repris la partie atelier du magasin de pianos qui était juste en face, quand sa fondatrice, 83 ans aujourd’hui, a mis la clé sous la porte, et a congédié ses vingt salariés, dont moi, explique Rodolphe Lemesle. J’ai un profil qui ne court pas les rues, et de beaux postes m’étaient offerts, mais, encouragé par ma femme, j’ai choisi le risque et la liberté en me mettant à mon compte. » Et son carnet de commandes semble lui donner raison. « Cela démarre bien, je touche du bois, dit-il en souriant, en caressant un quart-de-queue Pleyel. Je bénéficie du ruissellement des devis signés sous l’enseigne de mon ancienne patronne et des clients que m’amène la dizaine d’accordeurs que je côtoie depuis des années. Je viens par exemple de restaurer un tabouret d’orgue pour une dame du quartier. » Les tarifs de cet artisan d’art peuvent varier de 3 000 € pour le « sauvetage » d’un piano droit à haute valeur sentimentale d’une cliente au budget restreint, à 9 000 €, pour « une restauration dedans-dehors complète », nécessitant trois mois de travail. Son talent est également prisé des entreprises historiques d’instruments, comme Pianos International ou Juste un Piano, qui le sollicitent régulièrement, par exemple pour revernir des pianos d’occasion.

En mars dernier une étude publiée par la société Xerfi pour la Chambre syndicale de la facture instrumentale indiquait qu’en 2022, sur un total de 1,68 million d’instruments achetés ou loués, 554 000 avaient été acquis d’occasion. Soit une hausse de 38,5 % par rapport à 2017. Par ailleurs, même si l’e-commerce atteint 31 % dans ce secteur, les magasins généralistes ou spécialisés représentent encore 54 % des ventes. L’enquête révèle enfin que 31 % des musiciens, amateurs comme professionnels, ont recours aux services d’experts de l’entretien et de la réparation. Une douce musique pour le fondateur de l’Atelier de Chopin.

Texte : Heidi Miller – Photos : Julien Dufloux