La communauté kurde poursuit son combat pour la reconnaissance du caractère terroriste du triple assassinat survenu le 23 décembre 2022 au Centre culturel Ahmet-Kaya, rue d’Enghien (10e). Une marche commémorative se déroulera samedi 23 décembre, à 11 heures, au départ de gare du Nord.
Un an, jour pour jour, après le meurtre d’Emine Kara, Mir Perwer et Abdurahman Kizil survenu au Centre culturel kurde Ahmed-Kaya, situé rue d’Enghien (10e), la communauté kurde ne baisse pas les bras. Elle rejette toujours la thèse d’un acte isolé et irrationnel. Convaincue que la tuerie était commanditée par les services secrets turcs, elle souhaite une reconnaissance du caractère terroriste de l’attentat.
Une haine viscérale des étrangers
Rappel des faits. Le 23 décembre 2022, William Malet (69 ans), qui sortait tout juste de prison, ouvrait le feu sur le centre Ahmet-Kaya puis, quelques mètres plus loin, chez un coiffeur – kurde lui aussi –, tuant trois personnes et en blessant trois autres. La justice française invoque un motif raciste, arguant que le septuagénaire revendiquait une haine viscérale des étrangers et qu’il avait déjà été mis en examen pour tentative de meurtre, en décembre 2021, sur des migrants soudanais. Pour autant, les investigations n’auraient établi aucun lien avec la Turquie.
La communauté kurde est convaincue au contraire que l’acte ne peut qu’avoir été commandité. « Comment le tueur pouvait-il savoir qu’Emine Kara, une des figures les plus importantes du Mouvement des femmes kurdes en France et ancienne combattante contre Daesh au sein du PKK, serait présente au centre ce jour-là ? Pourquoi s’en prendre à elle ? », s’étonne Piya O., membre du centre Ahmet-Kaya.
Le précédent de 2013
Cette franco-kurde, qui a grandi en Turquie, rappelle que la communauté s’est une première fois sentie flouée par la justice française suite à l’attentat du 10 janvier en 2013. Trois militantes kurdes avaient été abattues d’une balle dans la tête à Paris par un nationaliste turc : « Quatre ans d’attente, et un dossier couvert par le secret-défense, imposé par le gouvernement français, qui empêche de connaître la vérité… L’assassin n’a même pas pu être jugé ! Il est mort quelques semaines avant le procès. »
Le procès de William Malet est encore à venir. Malgré le rejet du caractère terroriste de l’attaque par le Parquet antiterroriste saisi mi-mars, la communauté kurde poursuit son combat. « L’émotion est intense dans la communauté, mais on ne lâchera pas. Si on écoute notre peur, on ne peut plus lutter. », témoigne Piya O.
Honorer les mémoires
À l’approche de l’anniversaire de ce triple assassinat, la communauté prévoit une marche commémorative samedi 23 décembre, à partir de 11 heures, de la gare du Nord au Centre culturel Ahmet-Kaya.
Puis, comme tous les ans depuis 11 ans, les kurdes de toute l’Europe se retrouveront le premier samedi de janvier à Paris pour honorer la mémoire de toutes les victimes kurdes en France à travers celles de Sakine, Leyla et Canciz, assassinées en 2013.
Texte : Sofia Hullot-Guiot – Photos : Amélie Dibon