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La mémoire d’Idir, chanteur kabyle, honorée à Ménilmontant

Shérif Ben Bouriche, animateur social à la retraite

La mairie de Paris a décidé de rebaptiser le square en l’honneur d’Idir, le chanteur kabyle emblématique, disparu en 2020, porte-parole de toute une génération d’immigrés algériens.

Le 12 décembre, lors du Conseil de Paris, le maire du 20e arrondissement, Éric Pliez a accédé à la demande du groupe Paris en commun (socialiste) de renommer le square Ménilmontant en l’honneur du chanteur kabyle Idir, décédé en mai 2020. La mémoire de l’artiste reste très vivace dans ce quartier.

Il suffit de franchir le seuil de l’Association culture berbère, au 37 bis, rue des Maronites, pour s’en rendre compte. Le portrait d’Idir, cheveux bruns coupés court et regard vif, accueille le visiteur. À l’entrée, Shérif Ben Bouriche, dit Bében, un animateur social à la retraite, se rappelle avec nostalgie sa première rencontre avec le chanteur, en 1979.

« Transmettre notre culture aux nouvelles générations »

L’animateur voulait présenter à Idir son projet de création d’association berbère. Pour « transmettre notre culture aux nouvelles générations. » Alors qu’il ne le connaît pas, l’artiste accepte de recevoir l’animateur chez lui et se montre aussitôt séduit par le projet. Il le soutiendra personnellement et financièrement, tout au long de sa vie. Au fil du temps, les deux hommes se lient d’amitié. « Idir a habité chez moi quelque temps », se souvient Bében.

Devanture du bar Le Petit Balcon, dans le quartier de Ménilmontant à Paris 20e
Idir rencontrait souvent ses amis au bar Le Petit Balcon. © Christian Rault

Le chanteur ne se rendait pas seulement dans les locaux de l’association berbère, il avait également ses habitudes au bar Le Petit Balcon, tenu par des personnes originaires du même village que lui. Il fréquentait également le restaurant La Cantine des hommes libres, qui a fêté ses 20 ans le 15 décembre. « Beaucoup d’artistes engagés fréquentaient le restaurant, comme le chanteur Matous Lounès et l’écrivain Kateb Yacine », se souvient Bében. « Il m’appelait “mon roi”, parce que j’étais président de l’association. Moi, je l’appelais PP, pour “porte-parole”. Il prenait la parole pour la culture berbère. Pour notre histoire et notre culture, Idir était une étoile. »

Texte : Fouad Arbaouia – Photos : Christian Rault