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La taxe de séjour va tripler au 1er janvier 2024 en Ile-de-France

Devanture hôtel Terre neuve à Paris

Depuis septembre 2023, les hôteliers protestent contre la hausse de la taxe de séjour prévue pour 2024. Témoignage de deux professionnels de l’Est parisien.

La filière hôtelière ne décolère pas face au triplement de la taxe de séjour francilienne prévu dans le projet de loi de finances 2024, présenté aujourd’hui à l’Assemblée nationale. L’office de tourisme de Paris alerte sur « une taxe additionnelle à la taxe de séjour au profit d’Ile-de-France Mobilités [IDFM] ». Elle doit servir à financer les extensions des lignes de métro et RER ainsi que le Grand Paris express. L’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), première organisation professionnelle du secteur, et le Groupement national des chaînes hôtelières (GNC) ont réitéré, dans un communiqué, leur opposition à une telle hausse, « coup dur pour la compétitivité » du secteur.

« Ne pas se mentir »

Cette mesure a de quoi satisfaire Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Ile-de-France et d’IDFM, en quête de financement pour « 330 kilomètres supplémentaires de transports publics et 70 nouvelles gares d’ici à 2031 ». Dans une note du 3 novembre, elle précise : « Les touristes aussi contribueront désormais au financement des transports dont ils profitent. »

« Que les touristes contribuent à la modernisation des transports, cela se défend, surtout si on parle d’un effort ponctuel. Car, il ne faut pas se mentir, ces investissements traînent depuis un moment au détriment de tous », argumente Walid, 39 ans, directeur depuis six ans de l’Agate Hôtel, trois-étoiles situé dans le 12e arrondissement. Il s’interroge : « Ce serait un vrai sujet si la hausse perdurait sur plus d’un an, au-delà de 2024. Et puis, les améliorations prévues incluent-elles une meilleure desserte de Giverny, et surtout de Versailles, deux coups de cœur de ma clientèle loisirs ? »

Walid, directeur de l’hôtel Agate Paris, sur le cours de Vincennes. © Amélie Dibon

Ghali, chef de réception depuis 2019 à l’hôtel trois-étoiles Terre Neuve, dans le 20e, insiste sur l’urgence de rendre le métro plus accessible aux touristes portant des bagages, des bébés ou des poussettes : « Tout près d’ici, les stations Buzenval, Avron, Alexandre-Dumas n’ont pas d’ascenseur. »

Les deux professionnels s’accordent à dire que « passer d’une taxe de séjour de 3,76 € par nuit pour une occupation double adultes [tarif actuel pour un trois-étoiles à Paris] à 11,28 € potentiellement au 1er janvier prochain » serait intenable pour leurs clients. « Des familles réservant deux chambres pour quinze jours l’été auront vite fait le calcul – 105 € minimum de taxes en plus – et vite fait demi-tour », redoute Ghali. Les conséquences sur la fréquentation inquiètent aussi Walid : « Les touristes viendront encore moins pour flâner sur plusieurs jours comme avant. »

Texte : Heidi Miller – Photos : Amélie Dibon