À partir du 1er janvier 2024, la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, qui implique le tri et la collecte des biodéchets, entrera en vigueur. À quelques jours de la nouvelle année, l’organisation de cette collecte laisse encore à désirer.
Tic-tac, tic-tac : encore deux semaines et il faudra changer ses habitudes. Le 1er janvier 2024, tout le monde devra trier ses biodéchets, professionnels et particuliers. Les solutions développées par les collectivités et les citoyens ne manquent pas : bornes publiques, composteurs en pied d’immeuble ou personnel, collecte individuelle, sites de compostage partagés. Mais de là à dire qu’elles rencontrent toutes un franc succès, ce serait aller un peu vite. Pour preuve, la Ville de Paris supprime le bac à compost des particuliers dans les 2e, 12e et 19e, arrondissements. La faute à un usage « famélique », d’après un article de 20 minutes du 28 novembre dernier. À la place, des bacs en accès libre seront disposés dans les rues à côté des autres bacs de tri.
Des riverains dubitatifs
À Saint-Mandé, le territoire Paris Est Marne & Bois a installé ces mêmes bornes, des points d’apport volontaire (PAV) au niveau du marché Alouette en octobre dernier. Mais à la différence de ce qui se pratique dans le 20e, où les bacs sont en accès libre, là il faut s’inscrire sur une application et avoir un code. L’idée est d’éviter que les gens y jettent n’importe quoi. « Rien à fiche de ça ! Personne ne va le faire ! Avant, on sortait les poubelles trois fois par semaine, maintenant c’est tous les jours », lance ce mardi matin une cliente du fleuriste, dont le travail consiste à réaliser l’entretien des immeubles. « Je me bats déjà avec les gens qui mettent du carton dans la poubelle normale. Donc chez moi, je n’ai pas envie de m’embêter. »
Un peu plus loin, un retraité qui patiente devant un stand de légumes affirme que les 500 mètres entre les bornes et son domicile ne le découragent pas, même s’il préférerait qu’il y ait un point de collecte au bout de sa rue. Lui, son problème, c’est le couvercle. « Il n’est pas pratique car il se referme trop vite. On n’a pas le temps de jeter les déchets ». Quant à Mathias, vendeur de fruits et légumes sur le marché, il aimerait bien que le PAV qui se trouve derrière son stand soit mis ailleurs. « Ça prend de la place, donne une mauvaise image et va générer des mauvaises odeurs en été. »
Les PAV sont vidés chaque jour de marché, deux fois par semaine, en même temps que les poubelles de déchets alimentaires déjà mises en place spécifiquement pour les marchands. Si, pour les particuliers et les établissements publics, les initiatives se mettent petit à petit en place, pour les professionnels de la restauration, c’est plus compliqué. À Paris, comme dans les villes alentour, la majorité des restaurateurs contactés n’ont reçu pour l’heure aucune information ni instruction sur la mise en place de cette collecte après les fêtes.
Textes : Jenny Bernard – Photos : Nicolas Moraud