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Dans le 10e, la maire invente la café thérapie

La maire du 10e arrondissement de PAris, Alexandra Cordebard, en train de parler avec des parents d'élèves.

Plusieurs fois dans l’année, Alexandra Cordebard, maire du 10e arrondissement, organise le « café des parents ». Un moment d’échanges sans filtre avec les parents qui lui confient leurs préoccupations.

8h54. Dans le fond de la salle du café Le Carillon au 18 de la rue Alibert, dans le 10e, des tables sont couvertes de croissants et de tasses de café offerts par Alexandra Cordebard, la maire d’arrondissement. C’est le moment du « café des parents ». Une vingtaine de personnes, surtout des femmes, ont fait le déplacement en ce froid mardi de décembre.

Il faut dire que le sujet est grave : les parents sont mécontents de la manière dont les animateurs s’occupent de leurs enfants à l’école quand ils n’ont pas classe ou pendant la récréation. « Il y a des punitions collectives ! Des enfants obligés de rester trente minutes assis sous le préau parce qu’il pleut », s’indigne une femme engoncée dans un long manteau noir, cheveux tirés en arrière. « Je connais une maman, qui est présente ici, dont l’enfant demande tous les matins s’il va pleuvoir par crainte de rester dans le préau », s’énerve la quadragénaire.

« Pas de réponse de la municipalité »

Dans la lancée de leur porte-parole improvisée, d’autres participants ou participantes exposent leurs griefs à la maire qui, muette jusqu’ici, demande alors si ces abus ont été signalés. « Oui, mais on n’a pas eu de réponse de l’équipe municipale. Et comme on n’a pas eu de réponse, on a décidé de gérer ça nous-mêmes », explique aussi sec une mère qui n’avait pas encore pris la parole.

Vue en perspective sur les tables couvertes de tasses de café vides et de croisants frais.
Le salle du fond du café Le Carillon transformé en « café des parents » : une permanence d’élue nouvelle formule, plus collégiale et plus informelle. © Yohann Cordelle

« La situation est telle que, aujourd’hui, les parents retirent les enfants de cette école pour les placer dans le privé, alors que l’équipe éducative est remarquable », regrette une responsable de parents d’élèves. Et l’assistance d’abonder : « L’école est chouette, j’aime les maîtresses », dit en souriant une des mamans.

De 300 à 500 mails par jour

Le bruit des travaux voisins obligent à parler de plus en plus fort. L’ambiance se tend. « On a envoyé des mails de signalement, et nous n’avons pas reçu d’accusé de réception », dit une autre. « Je reçois de 300 à 500 mails par jour, je ne les traite pas tous personnellement, se justifie la maire. Je fais ce que je peux, je suis désolée. » Elle rebondit aussitôt : « Je reconnais que ça nécessite une intervention immédiate de ma part et, vous savez, on a des difficultés à remplacer les Asep [associations sportives et d’éducation populaire]. On a construit une école d’animation. On a embauché des jeunes gens pour construire un projet périscolaire à la hauteur de Paris, avec des formations professionnalisantes… »

9h50. Les tasses de café sont vides, et les tables jonchées de miettes. Il est temps de retourner dans le froid.

Texte : Oanh Lê – Photos : Yohann Cordelle