Les formatrices de l’atelier La Fabrique du canal ont présenté leurs œuvres au cours d’un vernissage. L’occasion d’aborder la question de la place des hommes dans cet univers encore très féminin.
« Si je vais à un cours de céramique… qu’est-ce qu’on va penser ? », se demande Anaël. Il fait partie des rares hommes à être présents au vernissage de l’atelier La Fabrique du canal, ce vendredi 15 décembre dans le 19e. Il accompagne Marine, sa petite amie, qui y prend des cours du soir. « La céramique est souvent perçue comme un univers féminin qui renvoie à la maison, à la vaisselle, au foyer… je sais, c’est cliché », se justifie-t-il.
Ambiance feutrée, emplie de sérénité
Dans l’atelier de céramique, au décor feutré, tout est fait pour qu’on se sente bien, au calme. Des odeurs d’orange, de vin chaud, de cakes préparés par les exposantes flottent dans l’air. Les neuf femmes qui y enseignent ont fait le choix de mêler leurs créations pour l’occasion. Les pièces uniques en terre cuite trônent là, sur une grande table centrale : vases blancs légèrement irisés, étoiles blanches et dorées. Le long des murs sur des planches supportées par des tréteaux, des tasses, des bols à l’émaillage rose ou vert pâle sont disposés.
« Aucune différenciation ne devrait être faite ! »
Les créations attirent l’attention des quelques hommes présents. « Je suis très sensible à l’esthétique de la céramique », confie Romain, qui a déjà fait un stage d’initiation. Quant à Matthias, sensibilisé aux techniques de modelage et de tournage par sa compagne Nadig, il trouve au final « ce métier ultra-intéressant ». À l’écouter, la céramique n’a rien de féminin, pas plus que la métallurgie n’est masculine : « Aucune différenciation ne devrait être faite ! » Et sa compagne de renchérir : « Tout le monde peut fabriquer et, au final, on ne distingue pas si c’est un homme ou une femme qui a réalisé la céramique ! »
Il n’empêche que, pour l’heure, « quatre stagiaires sur cinq sont des femmes », constate Elena, céramiste et cofondatrice de La Fabrique du canal, même si « de plus en plus de couples viennent en cours d’initiation, et certains hommes se prêtent au jeu, réalisant une pièce pour offrir à leur compagne ». Il n’en demeure pas moins que les céramistes les plus reconnus sont, encore et toujours, des hommes.
Texte : Sarah Lambert – Photos : Lola Cassinat