Vestes en cuir et barbes blanches, ces fans de scooters ont distribué le bonheur autour d‘eux. Des cadeaux pour les enfants. De l’émotion pour les grands.
Les enfants en soin à l’hôpital Armand-Trousseau ont vécu une matinée pas comme les autres, ce lundi 18 décembre. Une douzaine de Vespa colorées et leur père Noël les attendent devant les portes vitrées. Sur le côté, deux tables couvertes de livres et de jouets.
Une veste en cuir à barbe blanche, lunettes noires surmontées d’un bonnet rouge, rigole : c’est Lionel, le président du club Vespa Île-de-France. « Je ressemble au père Fouettard. » À bientôt 60 ans et même « s’il n’a pas d’enfant », ce technicien dans l’aéronautique ne voulait pas louper l’événement. « C’est l’occasion de voir les copains et de faire briller les yeux des gamins. » Il installe Quentin, 9 ans, atteint de leucémie, sur un scooter rutilant. « T’as vu, c’est encore mieux qu’un Tamagotchi », plaisante Lionel.
« La meilleure cause au monde »
Un peu plus loin, un père Noël taquin, Xavier dans le civil, bloque le passage d’une infirmière à la moue rieuse. Avec sa grosse voix, il ferait « presque peur » aux plus petits mais « amuse les plus grands ». Lui, les hôpitaux, il connaît. L’un de ses enfants a développé une tumeur au cerveau à l’âge de 10 ans. Être là aujourd’hui, c’est important. « Les enfants c’est la meilleure cause au monde. » Il a participé, par le passé, à des opérations de parrainage d’enfants hospitalisés, mais « ça sentait un peu le pognon ». Alors que là, ce qui prime, c’est la relation avec les enfants et leur famille.
Pierre a troqué le bonnet pour la chapka : « Cette année, il y a moins d’enfants que l’année passée… mais je ne crois pas que ce soit parce qu’il y a moins d’enfants malades. » Père de deux « grands » enfants, il imagine l’angoisse de ces parents qu’il voit passer devant lui. « On fait plus plaisir à eux qu’aux enfants », analyse-t-il. Cet événement, c’est sa seule action caritative de l’année, « je ne suis pas non plus l’abbé Pierre ». Clin d’œil.
Les larmes aux yeux
Autour de la table, les pères Noël écoulent le stock de cadeaux : « Plus c’est moche plus ça part », s’amuse l’un d‘eux en souriant. Pour la collecte, chacun a mis la main à la poche. Les membres présents aujourd’hui, c’est le noyau dur du club. Cadres, retraités, techniciens… Ils viennent d’horizons différents.
« Il y a une dimension humaine, on n’est pas juste là pour faire du bruit ou enfumer les gens », explique Jean-Luc. Une jupe rouge de « mère Noël » autour du cou lui confère des airs d’ecclésiastique. À ses côtés, Martin, le « jeune » du club, renchérit du haut de ses 44 ans : « J’en vois certains les larmes aux yeux, ils sont cueillis. »
Texte : Emmanuelle Milon – Photos : Lucas Pialot