La troupe Madeloc joue ce soir au Théâtre Douze (Paris 12e) avec des élèves du collège voisin Georges-Courteline. Un exercice enthousiasmant pour des adolescents qui, pour la plupart, se produisent sur scène pour la première fois.
Avec le théâtre, on ressent et on apprend. Ce lundi 18 décembre, au Théâtre Douze (Paris 12e), les élèves de 3e du collège Courteline vont monter sur scène avec les sept acteurs professionnels de la compagnie Madeloc. La pièce ? Les Somnambules du monde qui va, l’acte un d’une œuvre écrite et mise en scène par Laure Grandjean, ancienne enseignante de français et de théâtre en collège. « Le théâtre est une tribune et un formidable moyen de transmission, confie-t-elle. Je veux montrer aux jeunes qui nous accompagnent dans ce projet mené avec leur professeur, Luciana Leclerc, qu’on peut penser le monde poétiquement ». La trilogie, dont les deux autres actes seront joués le 27 mai 2024 par la même troupe hybride, raconte le voyage initiatique en haute mer d’une bande d’ados suite à une catastrophe climatique qui a provoqué l’inondation du monde.
Gagner en témérité
« Au début des répétitions en septembre, ils étaient tout timides. Donner la réplique, chanter, danser, c’est pas facile ! Mais ils ont peu à peu gagné en témérité, poursuit l’autrice. La clé ? Leur montrer qu’on leur fait confiance ». Bruno Béraud, l’un des comédiens, renchérit : « Prendre la parole devant tout le monde, c’est très dur au début, je commence donc avec des petits exercices à plusieurs. » Il ajoute qu’une fois les blocages dépassés, les collégiens prennent plaisir au jeu et semblent « apprendre tout un tas de choses de manière plus intuitive qu’en classe », qu’il s’agisse du contenu, de la gestuelle ou de l’éloquence. Apprendre par le théâtre, les élèves semblent beaucoup apprécier. « J’ai découvert l’existence du continent de plastique », dit Shiloh, 13 ans, tandis que Emmy et Lucie soulignent que l’expérience les fait réfléchir différemment et offre un autre point de vue que celui des parents. Gloria, quant à elle, mentionne l’entraide sur scène : « Si l’un de nous oublie son texte, il faut le secourir, et sans que ça se voie ! » La concentration, la maîtrise de son corps sont également évoquées par Omar et Sasha.
A l’inverse, la troupe se réjouit de ce que les jeunes amateurs leur ont transmis au cours de cette collaboration. « Ils offrent un renouveau d’énergie, un nouvel œil, ce qui est vital pour nous qui jouons cette pièce depuis un certain temps », partage Bruno. Quant au public, attendu en nombre ce soir (les deux cents places de la salle sont réservées), lui aussi, il grandit avec « les histoires dans lesquelles on les embarque, les petites lumières qu’on allume dans leurs esprits. »
Texte : Heidi Miller – Photos : Jeanne Bourdier