La musique bretonne était de nouveau à l’honneur à Vannes (Morbihan) ce 18 mai. Pour sa fête annuelle, l’association Sonerion Bro Gwened rassemblait 17 des 24 bagadoù qu’elle fédère dans le département. Le public, venu nombreux, a pu constater combien la tradition musicale bretonne reste vivace et moderne.
Près de 300 sonneurs se sont retrouvés à Vannes pour la traditionnelle fête de la fédération Sonerion Bro Gwened. Du jardin des Remparts à l’esplanade du port, les bagadoù morbihannais ont fait sonner cornemuses, bombardes et percussions toute la journée de l’Ascension. Des musiciens passionnés de tous âges, associés dans une fête énergique et colorée, célébraient leurs retrouvailles annuelles sous le soleil, devant une foule de badauds enthousiastes.
Dès le matin, les jeunes joueurs, éparpillés dans tout le jardin des Remparts, ont été auditionnés en solo, en duo ou en petits groupes, par pupitre. Arthur, 17 ans, a joué au pied de l’antique rempart : « Quand j’ai découvert la cornemuse il y a trois ans, j’ai aussitôt voulu l’essayer. Ce qui m’a attiré, c’est la puissance de ses tonalités et la beauté de sa forme ».
L’après-midi, devant un jury très concentré, les bagadoù se sont succédé sur l’estrade : 13 en simple audition et 4 en concours (Vannes, Rhuys, Ploemeur et Baden). C’est le bagad Loisir de Vannes qui a remporté le concours 2023. Pour finir, les musiciens aux tenues chatoyantes ont défilé jusqu’au port. Sur l’esplanade, les groupes ont été ovationnés par les Vannetais et par de très nombreux touristes.
Une riche actualité culturelle et musicale
Partout en Bretagne se développent des festivités autour des bagadoù, de la musique et de la culture bretonnes. Vannes n’est pas en reste, qui a notamment accueilli le championnat national des bagadoù au début du mois de mars puis les Tradi’Deiz en avril.
Pour l’Ascension, la semaine du Golfe est une nouvelle occasion de vibrer aux accents de la musique bretonne, de suivre les défilés de rue, de s’essayer à quelques pas de danse. Loin de se contenter d’offrir une belle carte postale touristique, les musiciens et danseurs ont surtout à cœur de faire vivre un patrimoine culturel alliant tradition et modernité. Selon les mots d’Arthur, « jouer en bagad permet de perpétuer le patrimoine culturel musical de notre région, mais aussi de le faire découvrir autour de nous ».
Les bagadoù, de la renaissance à la transmission
Il y a un siècle, il ne restait qu’une dizaine de joueurs d’instruments traditionnels en Bretagne. La culture bretonne était délaissée, voire dédaignée. Une poignée d’irréductibles créa alors l’association Sonerion, afin de poursuivre la fabrication de ces instruments et de collecter le répertoire musical, avec l’espoir d’en relancer l’enseignement.
S’inspirant des pipe bands écossais, ces orchestres que l’on voit souvent défiler outre-Manche et qui associent les grandes cornemuses écossaises et divers instruments de percussion, les bagadoù et leurs trois pupitres (bombardes, cornemuses, percussions) ont peu à peu essaimé. On en compte aujourd’hui 150 à travers la Bretagne et le monde.
Signe d’une transmission active, la branche morbihannaise, Sonerion Bro Gwened, déploie à présent 16 enseignants auprès de 1 000 jeunes dans ses écoles de musique et entend se développer dans les écoles et collèges. Les bagadoù morbihannais jouent chaque année devant 550 000 spectateurs.
Appartenir au bagad de Vannes est une chance : c’est une deuxième famille, où on apprend à grandir et à se connaître.
Arthur, 17 ans
Balade musicale : découvrez François, sonneur de bombarde, en écoutant le podcast Clé de Sol
Depuis 55 ans, dont 30 passés au sein du Bagad de Vannes, François joue de la bombarde. Dans Clé de Sol, il décrit son coup de foudre pour cet instrument traditionnel breton. Mais sous les voûtes de la cathédrale Saint-Pierre à Vannes, le talabarder nous dévoile aussi des sonorités inattendues.
Texte, photos et podcast : Sophie Bel