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La gratuité de certains préservatifs masculins pour les 18-25 ans divise les pharmaciens du XXe

Image d illistration d une boite de preservatif de la marque EDEN. Ce contraceptif sera gratuit pour les 18/25 ans a partir du 1er janvier 2023. Paris XX, 21/12/2022. Credit photo : Antoine Mermet

À compter du 1er janvier 2023, certains préservatifs masculins seront gratuits pour les 18-25 ans. Cette mesure n’est pas du goût de deux pharmaciens du XXe arrondissement de Paris, qui craignent qu’elle profite principalement aux marques leaders du marché, non gratuites.

Emmanuel Macron l’a annoncé début décembre : « En pharmacie, le préservatif sera gratuit pour les 18-25 ans. Cela va commencer dès le 1er janvier [2023]. » Depuis le 10 décembre 2018, certains sont déjà remboursés par la Sécurité sociale sur prescription d’un médecin ou d’une sage-femme. L’Assurance maladie prend ainsi actuellement en charge à hauteur de 60% les préservatifs masculins des marques  « Eden » et « Sortez couverts ! ». Les 40% restants peuvent être remboursés par les complémentaires santé. Mais certains pharmaciens redoutent que les jeunes précaires ne soient pas suffisamment informés des marques de préservatifs concernées par la gratuité.

Deux marques de préservatifs face aux géants du secteur

Cette gratuité concernera uniquement les préservatifs « Eden » et « Sortez couverts ! », méconnus du grand public et très peu prescrits, selon Éric Levy, propriétaire d’une pharmacie avenue Gambetta. La mesure ne s’appliquera donc pas aux marques les plus connues, comme Manix et Durex, les leaders du marché.

Or ces marques sont bien plus chères que les autres. À titre de comparaison, une boîte de 24 préservatifs « Eden » coûte 5,20 euros contre 12,90 euros pour des préservatifs Manix. Pour atteindre notamment le public jeune, les leaders mettent en avant la diversité de leurs produits. Ainsi, « Manix et Durex savent qu’ils feront plus de marge et vendront plus ! C’est pour cela qu’ils se permettent de vendre plus cher leurs préservatifs », lance le pharmacien. En résumé, « cette mesure gouvernementale est une solution pour les personnes ric-rac. Celles qui ont les moyens et qui veulent de la variété peuvent toujours s’acheter les boîtes les plus chères », estime Éric Levy.

Cachez ces préservatifs que je ne saurais voir !

« La législation en vigueur nous interdit d’exposer en rayon ou au comptoir les produits remboursés », explique le pharmacien. Cette invisibilité relative va donc bénéficier à Manix et Durex. En effet, pour un jeune, il est plus facile d’aller vers des marques connues et exposées en rayon plutôt que de se présenter au comptoir avec sa carte Vitale et demander des préservatifs gratuits.

Benoît, préparateur en pharmacie rue de l’Indre dans le XXe arrondissement, juge « inadmissible » cette nouvelle mesure. Il pointe du doigt les jeunes qui pourraient chercher à profiter du système : « Pour les petits jeunes qui n’ont pas les moyens, je peux comprendre. Mais ceux qui ont les moyens de se payer un verre en terrasse peuvent se payer des boîtes de capotes ! », juge-t-il. De son côté Éric Levy, bien que favorable à la gratuité, redoute que « des gens viennent chercher des boîtes pour les revendre ensuite ». Avant de conclure : « J’espère qu’il n’y aura pas trop de détournements. »

Texte : Bérénice Paul

Photos : Antoine Mermet