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Le Mondial autrement : un bar de Pantin récolte 2500 euros au profit d’une association locale

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L’équipe du bar Sand Fabrik à Pantin a organisé une « fan zone solidaire » à l’occasion de la diffusion de matchs de la Coupe du monde de football. 2500 euros ont ainsi pu être récoltés au profit d’une association sportive locale.

C’est un vrai dilemme en interne qu’ils ont dû résoudre : boycotter ou diffuser le match opposant la France et l’Argentine ? « Sur les six associés, trois étaient pour la diffusion, trois étaient contre », explique Thibault Spentchian, président et cofondateur du Sand Fabrik, un bar de la banlieue est de Paris, où l’on peut pratiquer des « sports de sable » sur une plage artificielle. La solution qu’ils ont trouvée : créer une fan zone payante (un euro minimum) les soirs où jouait la France et donner les sommes recueillies à l’association Sport dans la ville qui œuvre à l’insertion sociale et professionnelle. Le bar a ajouté à cette somme 50 % des bénéfices réalisés. Au total 2500 euros vont ainsi être reversés à l’association.

Avant de prendre leur décision, les associés ont fait voter leur communauté sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram). Les habitués du bar avaient le choix entre le boycott ou la retransmission des matchs. En cochant la case « Non au Qatar, oui au Tieqar (quartier) », ils soulignaient leur désaccord profond vis-à-vis des logiques des instances du foot. Sur les 500 sondés, 61 % ont été favorables à la diffusion. Une condition cependant : l’accès à la fan zone devait passer par une participation symbolique des clients afin de soutenir une structure associative solidaire.

La France a perdu 2 à 4 contre l’Argentine aux penalties. Ici la fan zone du Sand Fabrik lors de la diffusion de la finale de la Coupe du monde de football. Pantin, 18/12/2022. © Rudy Ouazene

« Le foot, c’est le sport qui rassemble les gens »

Plus de 200 supporters, attirés par le vaste espace intérieur, la proximité avec leur lieu d’habitation ou encore le côté convivial, ont franchi dimanche soir la porte du Sand Fabrik. Découvrant pour la plupart l’initiative à leur arrivée, ils l’ont largement saluée. « Une très bonne idée » selon Maguy Dokaunengo, technicienne de laboratoire de 29 ans.

Le boycott a souvent été jugé « inutile ».  Il aurait eu du sens « s’il avait eu lieu beaucoup plus tôt », confient deux résidentes de Pantin. Sofiane Douara, habitant de Bondy, qualifie même le boycott d’« hypocrite », jugeant que la prise de conscience est arrivée trop tard. Tous sont d’accord pour dire qu’il aurait fallu intervenir au moment de l’attribution de la Coupe du monde au Qatar.

Des supporters français regardent la finale de la Coupe du monde de la FIFA dans la fan zone du Sand Fabrik. Pantin, 18/12/2022. © Rudy Ouazene.

Thibault Spentchian renchérit : « Le foot, c’est le dernier moment de ferveur collective qu’on a au niveau national. C’est le sport qui rassemble les gens. » Ces moments de partage sont essentiels selon lui, surtout dans un « contexte économique difficile », sans compter les tensions liées aux « questions identitaires ». « Et puis, ce n’est pas juste de demander aux particuliers de se priver alors que ce sont les instances de foot comme la Fifa [Fédération internationale de football association] qui sont responsables », ajoute-t-il. Si les supporters français ne cachaient pas leur tristesse à la suite de la défaite de la France en finale face à l’Argentine, au moins étaient-ils réunis.

Texte : Perrine Kempf

Photos : Rudy Ouazene