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À Paris, les sans-papiers manifestent contre la loi Darmanin

Cortege du Collectif des Sans-papiers de Paris 20e. Manifestation lors de la journée internationale des migrants pour contester le projet de loi immigration porté par le ministère de l'interieur et pour les droits des exilés. 18 décembre 2022. Ophelie Loubat

À l’occasion de la journée internationale des migrants du 18 décembre, des collectifs de Paris XXe ont participé à une manifestation contre le projet de loi sur l’immigration de Gérald Darmanin. Ce rassemblement était aussi une ode à la solidarité.

« Cette manifestation, c’est le début d’une bataille : les droits ça ne se demande pas, ça s’arrache. » Denis, bénévole du collectif « 20e Solidaire avec tou.te.s les migrant.e.s  », s’indigne du projet de loi sur l’immigration du ministre de l’Intérieur et du ministre du Travail. Ce projet permettra la délivrance de titres de séjour pour « les métiers en tension » et l’accélération des reconduites à la frontière des personnes en situation irrégulière. Le bénévole se mobilise pour la régularisation des sans-papiers qui, selon lui, sont victimes de nombreuses formes de répression et de menaces d’expulsion. Si le plan du gouvernement voit le jour, prévient Denis, il les enfoncera davantage dans la précarité : « Des milliers de travailleurs migrants sont morts sur les chantiers de la Coupe du monde au Qatar. Ici, d’autres sont exploités pour les Jeux olympiques. »

« Chasse aux migrants »

Il fait 3 °C, mais le froid n’arrête pas la foule. Ils sont 2 500 personnes selon la police. Au rythme de percussions brésiliennes, ils se réchauffent en scandant : « So-so-so, solidarité avec les sans-papiers », « C’est Darmanin qu’il faut changer, c’est Macron qu’on veut dégager », « Du cas par cas ? On n’en veut pas ». Le collectif s’alarme d’une montée du racisme et d’une « chasse aux migrants » qui risque de s’étendre à tous les étrangers. Selon une manifestante, les fascistes ont beaucoup trop confiance. En témoignent les attaques qui ont visé de jeunes maghrébins dans les rues de Paris, lors du match de football opposant la France au Maroc, le 14 décembre dernier.

Angelina, militante et étudiante allemande et Didiane, travailleur sans-papiers dans le bâtiment et membre du « Collectif des sans-papiers de Paris 20e », unis dans le même combat. © Ophélie Loubat.

« Les immigrés existeront toujours »

Pour Didiane, sans-papiers qui travaille dans le bâtiment, le but de cette marche est aussi de « montrer que les immigrés existeront toujours ». Ce membre du « Collectif des sans-papiers de Paris 20e » est contraint d’enchaîner les missions, faute d’obtenir une régularisation, et ce après plusieurs tentatives restées infructueuses. « Vive l’immigration et à bas ceux qui font la guerre aux immigrés et aux sans-papiers ! » Didiane aimerait être en règle, travailler régulièrement, comme tout le monde, explique-t-il, souriant, emmitouflé dans une doudoune.

« Les bons et les mauvais »

Angelina milite comme compagnon de route : « Darmanin fait une différence entre les “bons et les mauvais migrants”, alors que cela servira à justifier les répressions. On espère que le gouvernement rejettera cette proposition de loi. » La jeune étudiante allemande revendique l’esprit de solidarité qui porte la manifestation : « Quand on lutte à gauche, on lutte tous contre le même système. On est solidaire et on ne choisit pas les causes pour lesquelles on veut se battre : tout est relié. »

Texte : Margot Bonnéry

Photos : Ophélie Loubat