Alors qu’un salarié sur dix trouve que son travail a perdu du sens avec la pandémie, Chris M propose, en introduction à ses séances individuelles, une écoute et des conseils gratuits tous les mardis soirs.
par La Rédaction
Un bar du 12e arrondissement de Paris, un mardi soir de décembre, des clients à leurs tables, un verre ou un café posé devant eux. L’ordinaire d’une soirée parisienne. Parmi eux, « Chris M » – ainsi qu’il se présente. Malgré son pseudonyme, ce n’est pas un artiste de stand-up qui s’apprête à monter sur les planches du sous-sol du Social bar, entre la gare de Lyon et la Seine. Tous les mardis depuis le 23 novembre, il propose des cafés coachings gratuits. Pendant une heure trente il balaye les blocages des participants, analyse leurs peurs et leur explique comment ils doivent « hacker leur cerveau » pour avancer dans leurs projets de reconversion professionnelle.
Pas un énième coach virtuel
Coach depuis cinq ans, il a lui-même expérimenté l’ennui et la souffrance au travail pendant dix ans, en tant que commercial pour des chèques-vacances. Ne voulant pas être un énième coach virtuel à proposer ses services sur Facebook, il privilégie les contacts directs, dans lesquels il est plus à l’aise. « Si vous ne travaillez pas sur votre état émotionnel, vous ne serez pas capable de mener des actions et d’avancer » est son postulat de départ. « Un client sur deux est en post burn out », affirme-t-il. C’est le cas de Kieran, 25 ans, présent ce soir. Après une école de commerce, il trouve un poste de business analyst à Dublin. Il est plutôt bon dans son métier. « Un jour, j’ai réalisé que je n’étais pas à ma place ». Il songe à devenir lui-même conseiller en développement personnel, mais se questionne. Qu’attend-t-il de cette séance ? « Rien de particulier, je suis plutôt venu en observateur ». Chris commence alors à analyser avec lui les raisons de son état émotionnel, lui explique comment voir son burn out de manière positive, sans victimisation, et ne pas retourner dans le confort illusoire de quelque chose qui ne lui plaît pas : « Salarié, c’est réaliser le rêve de quelqu’un d’autre ». Sam l’interrompt pour le saluer chaleureusement, il a participé à la séance de la semaine précédente.
Alors que l’animation du café augmente, une participante, très en retard, vient de rejoindre la table. Ils ne seront finalement que deux ce soir sur les six inscrits. Chris pose ses questions : son prénom, que veut-elle faire et quelle est sa plus grande peur ? Chloé a 39 ans. Elle est en rémission suite à un cancer. Malgré les difficultés liées à son image depuis qu’elle a perdu ses cheveux, elle accepte d’être prise en photo. « Je n’ai aucune idée de ce que je veux faire mais l’oisiveté me fait peur » enchaîne-t-elle. Chris la rassure : après ce qu’elle a vécu elle doit se laisser le temps, sans pression, pour retrouver ses envies.
Entre 3 000 et 4 000 euros pour un coaching de six mois
Ces séances sont une présentation live de son catalogue d’accompagnements personnalisés. Tous ses clients réussissent-ils leur reconversion ? « Quand tu mets entre 3 000 et 4 000 euros pour un coaching individuel de six mois, c’est que tu veux y arriver », souligne Chris M. À l’heure de se saluer, on sent encore des questions sur le visage de Chloé, qui part malgré tout un peu apaisée. Le regard de Kieran s’est transformé à mesure qu’il écoutait les paroles du coach. « Tu m’as remis l’objectif en tête », dit-il à Chris. Ce dernier confirme : « Je suis là pour te pousser à faire la onzième ou douzième série quand tu t’arrêterais à la dixième. » Chloé et Kieran s’engageront-ils dans un programme d’accompagnement avec Chris ? Combien de personnes viendront assister aux prochains cafés coachings ? Selon une étude du Centre d’étude de l’emploi et du travail, un salarié sur dix trouverait que son travail a perdu du sens avec la pandémie. Le projet de Chris semble avoir de beaux jours devant lui.