Ce groupe informel créé au printemps dernier vient d’élire le « meilleur » saccage parisien de l’année. Rencontre avec deux des principaux animateurs de ce mouvement qui s’oppose à la politique urbaine menée par Anne Hidalgo.
par Marius Caillol et Aurelien Delamour
Septième tendance twitter de l’année en France, #SaccageParis a cassé la baraque. Lancé au printemps 2021, ce mot-dièse viral a percé en s’attaquant à la politique urbaine de la mairie de Paris. Il dénonce l’insalubrité, les travaux incessants, le patrimoine malmené, l’insécurité. Le collectif a beau jouer de l’humour et de la culture du troll, il est en réalité très sérieux. Suite à la création d’un site web, il est à l’origine de deux consultations citoyennes, dont les #SaccageParisAwards, un concours du « meilleur » saccage de l’année qui revendique 5 000 participants. Le résultat sera connu en janvier 2022.
Les principaux utilisateurs du hashtag prétendent former un mouvement transpartisan et horizontal. Ils relaient des tweets de toutes les sensibilités politiques. « Les déçus d’Hidalgo, ce sont aussi des centristes et des écolos qui ont vu les promesses de végétalisation non tenues et ont un sentiment d’arnaque », assure Quentin Divernois, ingénieur de 32 ans qui est aussi l’un des principaux animateurs du mouvement.
« Anne Hidalgo nous snobe complètement »
Parmi les autres animateurs réguliers, une certaine @MarieCanL relaie essentiellement des interventions de l’opposition de la droite parisienne. « Elle est ouvertement de droite », indique Quentin Divernois. Il estime pouvoir « discuter avec elle et la faire évoluer sur certains aspects et inversement. Des gens de #SaccageParis se retrouvent aussi dans les interventions de Danielle Simonnet (NDLR : élue de La France insoumise à Paris 20e) à propos de Jean-Louis Missika, l’ancien adjoint à l’urbanisme d’Anne Hidalgo, pris dans des conflits d’intérêt ».
Le mouvement #SaccageParis a prospéré sur l’agrégation de Parisiens estimant que la mairie est incapable de régler divers problèmes d’urbanisation, un thème plutôt cher à la droite conservatrice. Jusqu’ici, les rapports entre les utilisateurs du hashtag et la maire de Paris sont inexistants, assure le fondateur du mouvement, qui se cache derrière le pseudo @PanamePropre. « Anne Hidalgo nous snobe complètement. Au début, elle mentionnait le hashtag pour nous traiter de fachos, de trumpistes, nous rattacher à l’extrême droite », poursuit-il, joint par notre rédaction au téléphone. Mais le premier adjoint à l’urbanisme, Emmanuel Grégoire, trouve davantage grâce à ses yeux : il les a déjà rencontrés et échange avec eux, y compris par voie de presse.
« Paris est en danger de mort »
Celui qui se fait appeler @PanamePropre et se définit comme un lanceur d’alerte n’hésite pas à manier la rhétorique passéiste. « Paris est en danger de mort. Si on veut que Paris redevienne Paris, il faut que les habitants se battent », insiste-t-il. Son credo : dénoncer d’un côté « la fausse démocratie participative d’une ville soi-disant très à l’écoute » et, de l’autre, adopter « un ton léger, dans l’esprit des célébrations de fin d’année ». Joyeux saccage de Noël ?