Génération Z : le porte-parole des jeunes zemmouriens n’est pas à une contradiction près

Axel D. dans le rouge et le noir. © Paul Delamare

Porte-parole de « Génération Z » pour l’est parisien, le mouvement des jeunes zemmouriens, Axel D. souhaite rester anonyme et taire le nom de son employeur. Il dispose en revanche d’une opinion sur presque tout. Quitte à tordre la réalité ? Portrait.

par La Rédaction

Barbe de quelques jours, doudoune beige et bleue, jean et chemise. Axel D. est le responsable de l’est parisien de « Génération Z », ce mouvement de jeunes apparu en février 2021 pour soutenir la candidature d’Éric Zemmour à la présidentielle de 2022. A 24 ans, il est également co-responsable pour le 20e de « Reconquête », le parti de Zemmour, dont Génération Z est en train de devenir la section Jeunes. Le jeune homme s’exprime avec aplomb, le ton est posé, parfois tranchant. Le discours pesé au millimètre.

« Allez demander aux Zouaves »

Rien n’ébranle Axel D. dans son soutien à Zemmour. Toute la mouvance extrémiste qui gravite autour du candidat ? « Je m’attache à ce que dit Zemmour, pas à ce que font les personnes qui veulent se faire passer pour des soutiens. » Les violences lors du meeting de Villepinte ? « Allez demander aux Zouaves (ndlr : un groupuscule néonazi) pourquoi ils ont fait ça. Moi, je suis le porte-parole de Génération Z. » Des membres de la « famille Gallicane », groupuscule d’extrême droite sympathisant de Zemmour, qui s’exercent au tir sur des caricatures de juifs, de musulmans et de noirs ? « Ces gens ne correspondent en rien à ce qu’on essaie de défendre. »

La question des poursuites judiciaires à l’encontre de son mentor lui donnent plus de fil à retordre. Notamment les condamnations pour provocation à la discrimination raciale d’Éric Zemmour en 2011, et provocation à la haine religieuse en 2018. « Ces décisions sont des condamnations politiques suite à des lois qui ont pour but d’empêcher un certain nombre de personnes de dire ce qu’elles ont envie de dire », tente-t-il. La liberté d’expression : voilà le point d’orgue. « Elle devrait être totale », assène-t-il. Un préalable posé comme pour désamorcer toute tentative de contestation.

« On n’a pas besoin d’importer des Bac+2 »

C’est le moment de défendre les grandes thématiques zemmouriennes. Axel D. démarre sans surprise en fustigeant « l’immigration de quantité » et « le niveau d’aides sociales en France ». Ces deux fléaux qui génèrent « un vrai problème d’immigration de gens qui n’ont pas les compétences dont nous avons besoin ». La France compte 6 millions de chômeurs, « on n’a pas besoin d’importer des Bac+2 ». Peu importe si la recherche sur le sujet contredit son analyse, qu’il s’agisse des liens entre chômage et immigration ou bien des statistiques sur l’immigration, Axel D. maintient son opinion : « On n’a pas besoin de travailleurs, donc il ne faut faire venir personne ».

Axel D., qui a voyagé « partout en Europe » et « adore découvrir d’autres cultures », n’a vraiment aucun « problème avec les personnes qui viennent d’autres pays ». Et même, il voudrait que « le racisme soit considéré comme un crime ». Ce qu’il souhaite, c’est juste « une immigration de qualité, un peu à l’Australienne » précise-t-il. Et peu importe si l’Australie, qui a effectivement opté pour une politique d’immigration choisie, a été condamnée par les organisations de défense des droits de l’homme pour avoir enfermé des années durant dans des camps offshore les centaines de migrants tentant d’atteindre ses côtes, dans des conditions déplorables.

« On parlait très peu politique »

Qui est Axel D, ce jeune militant au discours calibré, comme formé au média-training ? Né à Reims, le jeune homme a grandi à Nantes, et étudie aujourd’hui le business à Paris depuis deux ans en alternance à l’ESG Finance. A côté, il travaille « dans une multinationale », dont il souhaite taire le nom. Son enfance n’a pas été baignée de discours fascisants. À la maison, « on parlait très peu politique » se souvient-il. Son père, ingénieur patrimonial, a voté Bayrou en 2007, puis Dupont-Aignan en 2012 et 2017. En revanche, lui vote Front National (FN) depuis qu’il est en âge de participer aux scrutins électoraux parce qu’il se reconnaît dans « cette logique de civilisation, de lutte contre l’immigration illégale et de baisse de l’immigration illégale ». Mais s’il vote FN c’est surtout « par dépit, plutôt qu’autre chose ». Ce n’est pas un vote d’adhésion précise-t-il. Entre autres choses, il s’oppose sur le fond à la sortie de l’union européenne et de l’euro.