Rencontre avec la militante écoféministe Charlotte Soulary à la librairie Lady Long Solo, dans le 11e

La militante Charlotte Soulary à la librairie Lady Long Solo, le 21 décembre, pour la présentation de son essai sur l’écoféminisme. © Tudal Legrand

Mardi 21 décembre, Charlotte Soulary présentait son essai Le Féminisme pour sauver la planète ! dans une librairie indépendante et militante du quartier Bastille. Le froid et la pandémie n’ont pas dissuadé tout le monde de venir discuter politique.

par Céline Dupuis

En cette soirée d’hiver, peu d’habitués ont fait le déplacement « par peur du variant Omicron » explique Béchir, l’un des administrateurs de l’association qui gère Lady Long Solo, une librairie « militante et engagée » créée en 1995. C’est dans ce petit écrin de littérature « woke, islamo-gauchiste, écolo, féministe » comme s’en amuse Béchir que Charlotte Soulary a été invitée à présenter Le Féminisme pour sauver la planète ! paru en octobre chez Les Petits Matins.

Le déclencheur de cet essai a été l’article de Nora Bouazzouni « Comment l’impératif écologique aliène les femmes » paru sur Slate en août 2019. Un sujet dont la résonance a été forte pour Charlotte Soulary qui est membre du bureau exécutif d’Europe Écologie-Les Verts et directrice du pôle Projet de la campagne de Jadot 2022. Dans son ouvrage, Charlotte Soulary veut « alerter sur les risques d’une écologie conservatrice ». Elle pointe « les efforts que doit faire l’écologie politique pour être “vraiment” féministe » avant d’ajouter : « On nous a déjà fait le coup. Les féministes des années 1970 étaient invitées à attendre la chute du capitalisme pour obtenir la chute du patriarcat. Aujourd’hui le souci de sauver la planète risque de prendre le pas sur l’égalité femme-homme. »

Grâce à l’affluence réduite, la rencontre se transforme rapidement en salon de discussion politique autour d’une bouteille de vin de Bourgogne bio et de quelques chips. La militante affirme que « la domination de la nature et la domination des femmes sont le fruit d’un système commun ». Elle propose « une écologie féministe qui garantit la liberté et le pouvoir de choisir des femmes pour leur corps, leur vie et la planète » et souligne que « le vrai sujet n’est pas tant la surpopulation que la surconsommation ».

Avec tous ces échanges, la petite assemblée n’a pas vu le temps passer. Il est déjà 21 heures. Béchir, qui est également éditeur, propose à Charlotte Soulary de préfacer la prochaine réédition de Françoise d’Eaubonne, figure du féminisme libertaire des années 1970 et créatrice du terme « écoféminisme » dont les livres constituent 40% du chiffre d’affaire du lieu. L’autrice dédicace quelques ouvrages qui attendent les lecteurs sur le comptoir de la librairie. Un cadeau de Noël militant qui « ravira le tonton raciste et amusera la maman curieuse », comme l’indiquait l’invitation publiée sur Facebook.