Journée internationale des migrants : « La France n’est pas raciste »

Des pancartes rappellent les nombreux drames vécus en mer par les réfugiés depuis des années. © Delphine Lefebvre.

Samedi 18 décembre, plusieurs milliers de personnes ont défilé de la place de Clichy à Stalingrad, à l’occasion de la Journée internationale des migrants. Cette manifestation lançait une campagne antiraciste unitaire rassemblant associations, groupes militants et syndicats.

par Maël Galisson

« La solidarité, c’est notre arme efficace contre le racisme ». Alors que le cortège prend forme au niveau de la Place de Clichy, les premières prises de parole fixent la tonalité de la manifestation. Face à la « zemmourisation des esprits », les organisateurs considèrent qu’il est urgent de lutter « contre toutes les formes de racisme, dont l’islamophobie, la négrophobie, le racisme anti-asiatique, l’antisémitisme et l’anti-tsiganisme ».

1 300 morts en Méditerranée

Après une minute de silence « en mémoire des personnes migrantes décédées sur les routes de l’exil », comités de sans-papiers, syndicats, collectifs contre les violences policières et associations de défense des étrangers s’élancent sur le boulevard de Clichy. « Dans la mer Méditerranée, depuis le début de l’année, ce sont 1 300 personnes qui sont mortes, non pas noyées, mais assassinées par les politiques des états européens et de Frontex (l’agence européenne chargée de garder les frontières de l’Union européenne) » dénonce Omar Slaouti du Front contre l’islamophobie et pour l’égalité entre tou·te·s.

Les méthodes de l’agence européenne Frontex interrogent les collectifs de soutien aux réfugiés. © Delphine Lefebvre

« C’est pour cela qu’on est là aujourd’hui, pour exprimer notre solidarité avec les personnes migrantes et pour rappeler aussi qu’en cette période électorale, les musulmans ne sont pas des ennemis de l’intérieur, ni les responsables de la crise ». Slogans, chants et percussions animent le cortège. En queue de manifestation s’époumonent les musiciens de la Fanfare invisible. « Il y a des mobilisations similaires dans plus de 50 villes en France, à l’initiative d’un collectif d’associations qui rassemble plus de 300 organisations nationales et locales », précise Glauber Sezerino, du Centre de recherche et d’information pour le développement (CRID). Toutes ces structures se sont réunies « autour d’une campagne ˮAntiracisme et solidaritéˮ qui débute aujourd’hui avec cette manifestation », poursuit-il.

Des quartiers aux mouvement sociaux

« Chacun doit se sentir concerné », poursuit Fatou Dieng. Son collectif « Vies Volées » lutte contre les violences policières. « On ne peut plus se dire : « Ça ne me concerne pas, je ne suis pas Noir ou Maghrébin ». Tout ce qui se passait dans les quartiers, au niveau de la répression et du maintien de l’ordre contre les personnes racisées, s’étend aujourd’hui aux mouvements sociaux ». Après un arrêt à proximité du métro Barbès pour de nouvelles prises de parole, le cortège reprend sa marche jusqu’à Stalingrad. « Cette campagne va continuer l’année prochaine, notamment pendant la campagne électorale », indique Glauber Sezerino. L’objectif est de « montrer que la France n’est pas raciste, xénophobe et nationaliste, et qu’il existe une autre France, qui se mobilise et qui est solidaire. »

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