Édito

Depuis presque un an, notre société est malade du Covid. Impossibilité d’exercer son métier dans des conditions convenables, de se faire entendre, d’être en lien… ou simplement difficulté à survivre: nous pâtissons tous, non seulement de l’épidémie, mais aussi de ses conséquences sur le tissu social.

 

De nombreux citoyens tentent de briser les chaînes instaurées par les mesures de prévention sanitaire. Parfois au risque de l’égarement, comme ces militants d’extrême droite qui crient au complot et à la tyrannie. 

Dans son abécédaire philosophique, Gilles Deleuze explique que la résistance passe par la création. C’est ce que pratiquent les activistes du Hirak, mobilisés depuis deux ans contre le régime politique en Algérie à travers leurs productions artistiques. C’est aussi la démarche des théâtres, qui expérimentent les représentations en ligne pour garder le lien avec le public.

 

Mais résister, c’est aussi se débrouiller, comme le font aujourd’hui certains restaurateurs. Pour ne pas rester inactifs, ils bravent les interdictions et accueillent clandestinement une clientèle d’initiés. D’autres repensent leur activité en créant des cuisines en commun pour la livraison à domicile. 

 

Revers de la médaille, ils renforcent l’extrême précarité des livreurs, à la merci de plateformes comme Deliveroo. Plus vulnérable encore, à la Défense, dans les Hauts-de-Seine, toute une population se terre dans les sous-sol du CAC 40, privée d’accès aux sanitaires par la fermeture des bars et restaurants.

 

Résister, enfin, c’est alerter. C’est ce que tentent de faire les vétérinaires en charge de la surveillance des épidémies d’origine animale, alors que ces maladies émergent à une vitesse exponentielle et que les chercheurs voient fondre leurs crédits.

 

Depuis presque un an, le présent nous capte dans ses filets. Apprentis journalistes, nous résistons contre la grippe de l’information, quand la crise épidémique a occulté bien d’autres thèmes, comme l’urgence climatique ou la montée brutale des inégalités. 

 

Dans ce numéro 4 du nouveau Médialibre, nous proposons un ensemble de sujets unis par cette volonté d’air et de liberté que Louise Michel appelait de ses vœux après la Commune, il y a tout juste cent cinquante ans. Gageons qu’il faudra moins longtemps pour revenir à l’air libre.

La rédaction