À Montreuil, sur une parcelle inoccupée appartenant à la commune, plusieurs associations se sont alliées pour construire une maison écologique mobile. Cette « tiny house » doit accueillir des jeunes isolés. Un concept solidaire et ambitieux qui pourrait essaimer ailleurs en France.
par Lisa Aît Bachir
Sur un terrain de la rue Claude Bernard, au nord-est de Montreuil, des ouvriers s’attellent à une construction en bois préfabriquée. « C’est un projet initié par une Montreuilloise, déposé au budget participatif [NDLR : les habitants peuvent proposer au vote de leurs concitoyens leurs idées pour l’utilisation d’une partie du budget d’investissement de la commune]. Il consiste en l’installation d’habitats mobiles sur une parcelle inoccupée appartenant à la Ville », explique Jean Tilloy, l’attaché de presse de Montreuil.
Maïté Pinchon, jeune bénévole chargée du développement de l’association Quatorze ainsi que du projet, nous fait visiter le chantier : « Tous ici sont bénévoles. Plusieurs associations se sont jointes à nous comme les Compagnons bâtisseurs, ce sont eux qui s’occupent de l’aménagement intérieur des habitations mobiles. » Inventées aux États-Unis, ces petites maisons bâties sur des châssis de remorques sont apparues comme une solution pour se loger à coûts réduits, de manière transitoire ou permanente.
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Un salon et quatre chambres
Sagement posée sur ses roues, la maison préfabriquée en bois est encore en chantier. À l’intérieur se trouve une cheminée d’où s’échappent les doux crépitements d’un feu. Sa chaleur enveloppante se répand dans la pièce principale. Outre ce salon commun, on trouve une cuisine, une salle de bain et quatre espaces chambre avec des rangements. « Par ces temps de froid, nous allons bientôt pouvoir héberger quatre jeunes d’ici début janvier », confirme Maïté Pinchon.
Innovante, cette action solidaire au service des jeunes, baptisée « projet Hamo », demeure une structure d’hébergement de transition, avec une durée limitée. « L’accès au logement pérenne est compliqué pour ces jeunes, un projet comme celui-ci permet l’apprentissage et l’autonomisation, explique Maïté Pinchon. Dans ces petites chambres où il y a tout, les jeunes pourront apprendre ou réapprendre à gérer un logement. Tout cela dans un espace commun avec un jardin où ils pourront vivre en colocation et cultiver un potager. »
Autonomisation et mixité
Ce projet promet de faire franchir aux jeunes une étape clé dans le processus de l’autonomisation. Mais il permet également de loger deux types de publics : des majeurs étrangers isolés suivis par l’association En temps qui identifie des jeunes en errance et les aide à intégrer des logements décents. Mais aussi, des jeunes en service civique de l’association les Compagnons bâtisseurs qui se chargent de l’aménagement intérieur des habitations mobiles. Ce qui permet d’offrir une mixité sociale au sein même du projet Hamo.
« Leur rôle est de trouver des solutions de logement pérenne à ces jeunes avant la fin de leur passage ici. Cela répond donc à un double besoin d’accueillir des jeunes dans des situations d’errance, mais aussi les aider pour une meilleure réinsertion sociale », affirme Maïté Pinchon d’un air enthousiaste. À travers ce projet, la ville de Montreuil a pour ambition de développer une dynamique de solidarité à l’échelle du quartier. Elle espère ainsi que le modèle inspire d’autres communes et soit répliqué ailleurs en France.