Dans le réfectoire situé 15, avenue de la Porte de la Villette, dans le 19e, près de 800 repas sont distribués chaque soir. Un geste humanitaire qui serait impossible sans l’aide des 300 bénévoles.
par Heven Armede
Créée en 1998, cette association récupère chaque année près de 300 tonnes de nourriture auprès des banques alimentaires, afin de servir des plats chauds et gratuits aux personnes en situation de grande précarité.
La nuit tombe près du marché ambulant à la sortie du métro de la Porte de la Villette dans le 19e arrondissement de Paris. À quelques pas de là, un chemin escarpé se dessine de l’autre côté de la rue. On est loin de se douter qu’au bout de cette impasse, près de 800 repas sont distribués chaque soir, six jours sur sept, durant toute l’année. Dans le local, partagé avec les Restos du cœur et l’Un est l’autre, les affiches à l’effigie de Coluche colorent les murs. Maurane, coordinatrice de l’association, rejoint les bénévoles qui préparent les bols de soupe : « Ici, on sert une chorba (NDLR : soupe traditionnelle d’Afrique du Nord), des féculents et de la viande halal pour que tout le monde puisse manger » précise la jeune femme. De l’autre côté, d’autres séparent les yaourts pour « faciliter le travail au moment de la distribution », indique Pascaline, bénévole depuis neuf mois.
La recette de la chorba
Les premiers arrivants prennent place, plateau à la main. Beaucoup ont le visage marqué par le froid et la fatigue. Souvent sans voix. Cet hiver, la chorba constituera le plat principal de leurs dîners. En accompagnement, un morceau de pain, que certains fractionneront avant de le mettre dans la soupe. Au fond, d’autres bénévoles ont rejoint le self, comme Noureddine, arrivé en France en 2019 et qui se dit « content » d’aider les autres. Khadija, la soixantaine, sert le ragoût depuis plus de trente ans, qu’elle prépare parfois dans les locaux de l’association rue Poniatowski dans le 12e arrondissement. Tout sourire, elle fait part de sa recette : « Soupe, légumes, carottes, pommes de terre, céleri, tomates, persil, coriandre. Il faut quatre heures pour la préparer », précise-t-elle. Cette femme originaire de Sétif en Algérie affirme longtemps avoir « connu la galère et la rue ». Alors pour elle, l’équation est simple : « pour recevoir, il faut aussi savoir donner ».