« La carte d’habitant·e, c’est une réponse aux contrôles au faciès »

Une carte de citoyenneté existe déjà à New Haven (États-Unis), Utrecht (Pays-Bas) ou Montréal (Canada). © Delphine Lefebvre

Meriem Kidari-Belhadj et Ross Harold sont membres du collectif Paris 20e Solidaire avec tou·te·s les migrant·e·s. Présents à la manifestation Antiracisme et Solidarité du 18 décembre 2021, ils exposent le projet de carte d’habitant·e du 20e porté par leur organisation.

par Maël Galisson

Comment est née cette revendication d’une carte d’habitant·e du 20e ?

Meriem Kidari-Belhadj Au départ, on s’est demandé comment faire pour se protéger collectivement des arrestations par la police.

Ross Harold On s’est alors inspirés du fonctionnement du Collectif des sans-papiers du 20e arrondissement, au sein duquel chaque membre possède une carte d’adhérent. Sur cette carte, en plus du prénom, du nom et de la photo de la personne, on trouve le contact du collectif et, surtout, le numéro de téléphone d’un avocat au verso. C’est ce qui s’est révélé très utile et important comme élément de défense et de protection des sans-papiers : en cas de contrôle, ils présentent cette carte et cela limite les risques d’arrestations. Les flics se disent : « Si je l’emmène au poste, ça va être des ennuis, les avocats et tout… » Avec cette carte, l’idée, c’est de défendre l’égalité des droits. Le premier droit, c’est le droit de ne pas être emmerdé (NDLR : par la police) et de ne pas être emmené au commissariat. Mais après, il y a tous les autres droits : à la santé, au logement, à l’éducation, etc. Par exemple, sur le droit à la santé, les sans-papiers ne sont pas à égalité quand ils arrivent à l’hôpital. Quand ils se présentent à la Permanence d’accès aux soins de santé (PASS) de l’hôpital Tenon dans le 20e, ils sont redirigés vers les urgences, or celles-ci ne sont pas adaptées aux bénéficiaires de l’Aide médicale d’État (AME) ou de la Couverture médicale universelle (CMU). Ce type de carte de résident existe ailleurs, notamment aux États-Unis, dans ce qu’on appelle les « villes sanctuaires » (NDLR : comme New York), mais aussi dans certaines villes accueillantes en Europe (NDLR : Barcelone ou Sheffield).

Qui délivrerait cette carte ?

Meriem Kidari-Belhadj Cette carte ne vient pas des institutions. Ce sont les habitants, les collectifs de quartier du 20e, y compris le Collectif des sans-papiers, qui portent ce projet. Des centres sociaux, notamment La Vingtième Chaise ou encore La Maison du bas Belleville, sont d’ores et déjà prêts à la délivrer.

Ross Harold Cette action est encore à l’état de projet, mais aujourd’hui, nous sommes près de 35 signataires, associations, syndicats, centres sociaux. Tous d’accord pour défendre ce projet de « carte d’habitant·e ».

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