En cette période de fêtes, Valérie, l’une des bénévoles du collectif Solidarité migrants Wilson, créé en 2016, vient en aide aux plus démunis dans l’est parisien.
par Manel Benamara
Valérie, 57 ans, femme souriante, cheveux poivre et sel, a toujours été dans le social : « C’est le social qui permet ces moments conviviaux, ces échanges avec des personnes de tout âge. » Valérie est aidée par Rodolf, Charlotte, Sem et Mike, d’autres bénévoles. Au menu de ce soir, il y aura des pâtes au poulet et champignons.
Dans la cuisine, l’ambiance est bon enfant, la musique est entraînante. Les cinq bénévoles de Solidarité migrant Wilson sortent environ 400 repas par jour. « Pendant le confinement, c’était 1 200 repas par maraude », dit Mike. Le collectif réalise trois maraudes par semaine : les mardis, jeudis et samedis, une moyenne de 2 000 repas distribués. Chaque jour, le collectif prépare 150 repas grâce aux dons des sociétés, entrepreneurs, mais aussi de personnes lambda, de même, un hôtel social en fournit 200. « Les maraudes les plus chiantes, c’est quand il n’y avait personne à aider », dit Rodolf avec un grand sourire. Il faut compter deux heures pour une maraude.
« J’ai plus de doigt à cause du froid », dit Sem en se dirigeant vers l’énorme casserole, pour se réchauffer les mains, que le froid a gelées pendant la coupe des champignons. Charlotte essaye de se réchauffer les mains en soufflant à l’intérieur de ses paumes. « On n’aide pas dans les tâches administratives. Mais on demande le droit d’asile et le respect de la dignité humaine », dit Rodolf
À la Belle Étoile, on prépare les sacs pour la distribution. L’entrée y est toute en couleurs. À droite, on trouve une cuisine à l’ambiance familiale, dans laquelle des petites mains s’activent. Au milieu de l’entrée, assis sur un banc, Eris, 30 ans, ancien étudiant en neurosciences, avale son repas, débordé par les inscriptions et l’organisation. Les bénévoles présents ce soir ne parlent pas tous français, ni la même langue, mais ont tout de même tenu à aider. Si, au premier coup d’œil, le collectif paraît débordé, il ne laisse rien au hasard. Tout est compté : les sacs-poubelles où l’on jette les déchets, les gels désinfectants, les masques et les tables. Il distribue même des fascicules « Watizat » comportant toutes les informations utiles, répertoriées en quatre catégories : les adresses utiles, les accès aux droits, les procédures et conseils pratiques. Tout est rédigé dans cinq langues différentes et mis à jour une fois par mois. Le collectif tient aussi une réunion mensuelle pour mettre en commun ce qu’ils ont vu lors des maraudes. Il est 19h30, une trentaine de bénévoles ont répondu présent au théâtre La Belle Étoile dans la rue Saint-Just à Saint-Denis. Rodolf en profite pour rappeler les mesures de sécurité, les remercier et souhaiter un joyeux anniversaire à Valérie. Surprise, la petite foule applaudit Valérie, en signe de remerciement pour son abnégation.
Divisés en trois équipes, à vélo, à pied et en voiture, les bénévoles se dispersent dans six directions différentes. En chemin, la trentaine de bénévoles est arrêtée par le boulanger de Front Pop qui leur donne du pain et des sandwichs. Devant l’arrêt de bus, Parc du Millénaire à Aubervilliers, la maraude fixe a dressé ses tables pour le soir de Noël avec repas, bouteilles d’eau, jouets, chocolats, fruits, bonbons, cafés, thé et chocolat chaud. Une quarantaine de personnes de tout âge et toute origine attendent avec leur chariot. Les tables sont à peine installées qu’elles sont prises d’assaut. Des gens se mettent à crier. Des bénévoles rassurent les réfugiés migrants choqués par la scène : « c’est tout le temps comme ça la première demi-heure, après cela se calme quand ils prennent conscience qu’il y en a pour tout le monde. », dit l’une des bénévoles. Elle en profite pour rappeler que les personnes âgées sont prioritaires. « Le mardi, l’organisation est meilleure, car c’est toujours la même équipe. On sait comment chacun fonctionne, c’est plus calme », dit l’une des bénévoles. Car, à la veille de Noël, les bénévoles sont plus nombreux que d’habitude. Marie, une bénévole discute et plaisante avec un migrant qu’elle a l’air de bien connaître : « Noël, c’est la famille ».