Cette innovation écologique sera distribuée dans toutes les Biocoop de France dès janvier 2022. Mikaël Cohen, son inventeur, a convaincu l’enseigne en réduisant les contraintes liées au recyclage des déchets organiques en intérieur par l’association des plantes.
par Céline Dupuis
Comme beaucoup de Franciliens, Mikaël Cohen est allé chercher un lombricomposteur à sa mairie, au Pré-Saint-Gervais, commune de l’est parisien. Système de recyclage en intérieur, le lombricompostage permet d’obtenir de l’engrais 100 % naturel grâce à la digestion des déchets organiques par des vers spécifiques. Mikaël a commencé à recycler ses déchets de cuisine. Mais très vite, son appartement a été envahi d’odeurs nauséabondes. Ses amis ne voulaient plus venir chez lui. « Ah non, on ne fait pas l’apéro chez toi, ça pue trop », entendait-il.
Ses plantes se portent à merveille
Pour préserver sa vie sociale, l’ingénieur aéronautique de 44 ans se résout à jeter la source fétide. Il déverse le contenu de son lombricomposteur dans ses plantes. Très vite, il remarque que les déchets se décomposent sans odeur et que ses plantes se portent à merveille. Les lombrics eux-mêmes y trouvent leurs aises. Il bricole un dispositif à compartiments en découpant des contenants en plastique et améliore jour après jour son petit écosystème. Il nomme son innovation sans odeur qui nourrit les plantes L’Aquacompot. « Le plus petit lombricomposteur du monde », comme le souligne Mikaël, naît ainsi au Pré-Saint-Gervais, la plus petite commune de France.
Sans visée commerciale, Mikaël propose sa solution à la structure intercommunale Est-Ensemble. Mais les élus trouvent l’Aquacompot trop petit. Et sa profession, ajoute Mikaël, sans lien avec l’environnement, ne lui donne aucune légitimité. Porté par son invention, il quitte son métier et monte son entreprise, L’ami terre. Il vient de signer, cette semaine du 13 décembre, un partenariat avec Biocoop qui va distribuer l’Aquacompot pour 24 euros dès la rentrée de janvier. Les deux bacs en demi-cercle sont fabriqués en plastique recyclé et recyclable à Oyonnax, la patrie française du plastique.
Complètement autonome
Le faible encombrement de l’Aquacompot est un atout. Autre avantage, on peut partir trois mois : le circuit naturel rend le pot de fleurs complètement autonome. L’eau contenue dans les épluchures s’écoule lentement dans la terre pour nourrir la plante. L’écosystème exploite le principe du cycle de la matière. Il suffit de placer l’Aquacompot dans le pot de la plante, de remplir un bac avec les épluchures, et l’autre avec les lombrics. Les utilisateurs des lombricomposteurs classiques se désolent de leur volume, comme de l’odeur et de l’entretien : les lombrics Eisenia fetida demandent une certaine attention pour ne pas périr, et il faut régulièrement ajouter du carton pour réguler l’excès d’eau généré par les épluchures. L’Aquacompot produit de l’eau pour les plantes et un compost naturel qui les protège et les renforce contre les insectes nuisibles. Les lombrics mangent même les racines mortes. Cet écosystème convient à toutes les plantes, sauf les cactus et les succulentes qui ont besoin de peu d’eau.
Mikaël s’est envolé ce lundi 20 décembre pour Sao Paulo au Brésil. Il souhaite collecter et importer les nombreuses solutions écologiques dont il a entendu parler là-bas, telles que des bacs riviera hybrides qui allient recyclage et autonomie en eau. Des solutions qui prennent peu de place et peuvent s’intégrer dans les petits appartements de la région parisienne, pour une écologie du quotidien.