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Anne hidalgo à la peine dans les sondages comme dans son parti
Sous la barre des 5% dans les sondages, Anne Hidalgo ne parvient pas à faire décoller sa campagne. Analyse d’un échec annoncé pour envisager les changements qui permettraient un renouveau.
Texte: Manel Benamara – Photos: Aleister Denni
Palthi Nzinga, étudiant en droit et militant du PS, estime qu’Anne Hidalgo est la mieux placée pour porter la voix du PS. © Aleister Denni
«ANNE EST LA CANDIDATE la mieux placée pour porter la voix du Parti socialiste et de la gauche, tant par son profil de maire que par sa capacité à mener des politiques sociales et environnementales», explique Palthi Nzinga, étudiant en droit et militant PS, face à la mairie du 15e arrondissement, port d’attache d’Anne Hidalgo de 2001 à 2020.
Les militants socialistes s’accrochent à sa candidature, balaient les critiques sur sa campagne et la présentent comme la sauveuse du parti, la seule alternative possible à gauche.
«La candidate a été largement élue par les membres de notre parti avec près de 75% des voix», souligne Palthi Nzinga. Selon ses partisans, c’est la seule dont le programme répond aux problèmes comme aux demandes des Français. Alors pourquoi la candidature d’Anne Hidalgo est-elle tant critiquée? Pourquoi plafonne-t-elle sous les 5%?
Popularité en berne
Après avoir promis de se consacrer uniquement à son mandat local, Anne Hidalgo a officialisé sa candidature à la présidentielle le 12 septembre 2021. Malgré ce revirement, c’est avec une certaine timidité qu’elle se lance dans la course : manque d’expérience, image trop parisienne, popularité en berne. «Si Anne Hidalgo ne faisait pas campagne, on ne ferait pas face à un affaiblissement, mais à la disparition du PS. C’est une manière de maintenir artificiellement le parti en vie», explique Michel Sapin, ancien ministre de l’Économie et des Finances et membre du Parti socialiste depuis 1975. Pas très flatteur pour celle qu’il qualifie pourtant de «femme de courage». Une candidature faute de mieux? Pourtant, au cours des entretiens, personne au sein du PS n’évoque un autre nom.
Et Anne Hidalgo a obtenu sans difficulté les 500 signatures nécessaires pour se présenter à l’élection dès ce début février. Cela grâce à l’implantation départementale et régionale importante du PS, et à l’aura dont il dispose encore à cette échelle. Malgré ce soutien, le parti peine à se rendre audible au niveau national.
On assiste à un affaiblissement politique multifactoriel: chute du nombre d’adhérents, de 111450 en 2016 à 22000 en 2021; flou entre des Verts de plus en plus sociaux et des socialistes de plus en plus verts; nombre grandissant de transfuges.«Depuis 2017, beaucoup d’anciens élus PS ont apporté leur soutien à Emmanuel Macron», se désole-t-on en interne.
«Il nous faut une nouvelle génération,qui ne sera pas prisonnière d’anciennes rancœurs», explique Michel Sapin. Car malgré les départs, subsistent les mêmes querelles d’ego et de jeux d’influence. «Il y a une division habituelle, voire naturelle, de la gauche française», poursuit-il. L’enjeu réel pour le parti est «la récupération de ses électeurs». Or, aujourd’hui, aucune proposition ne semble convaincre les Français. Alors difficile d’aller à la reconquête de ceux qui avaient élu François Hollande au premier tour avec 28,6% des voix.
Le parti socialiste vend son siège historique.
Pendant presque 40 ans, de 1980 à 2018, le siège historique du parti socialiste était situé au 10, rue de Solférino dans le 7e, l’arrondissement le plus chic de Paris. Le bijou familial a été vendu au promoteur immobilier Apsys pour 45 millions d’euros en 2018, signe révélateur d’une situation financière alarmante. Le parti a dû déménager son siège dans une ancienne usine à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), en banlieue parisienne. Le parti socialiste a enregistré les bénéfices de la session de trois immeubles de 3700 mètres carrés et pris possession de 1500 mètres carrés pour un montant de 7 millions d’euros.
Manel Benamara
Le siège du parti socialiste est installé depuis 2018 au 99, rue Molière à Ivry-sur-Seine, dans la banlieue sud de Paris.
Le parti socialiste vend son siège historique.
Pendant presque 40 ans, de 1980 à 2018, le siège historique du parti socialiste était situé au 10, rue de Solférino dans le 7e, l’arrondissement le plus chic de Paris. Le bijou familial a été vendu au promoteur immobilier Apsys pour 45 millions d’euros en 2018, signe révélateur d’une situation financière alarmante. Le parti a dû déménager son siège dans une ancienne usine à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), en banlieue parisienne. Le parti socialiste a enregistré les bénéfices de la session de trois immeubles de 3700 mètres carrés et pris possession de 1500 mètres carrés pour un montant de 7 millions d’euros.
Manel Benamara
Le siège du parti socialiste est installé depuis 2018 au 99, rue Molière à Ivry-sur-Seine, dans la banlieue sud de Paris.
Michel Sapin
ancien ministre et membre du PS
Pour les militants, Anne Hidalgo n’est pas entièrement responsable de ses mauvais résultats. Pour autant, les chiffres mettent le parti en mauvaise position, car il faut atteindre 5% des suffrages pour obtenir le remboursement des frais de campagne. La maire de Paris risque donc de voir les économies du PS y passer. Une menace qui aurait peut-être pu être évitée.
Meetings vides
Les idées phares, comme le pouvoir d’achat et l’amélioration du travail, n’ont pas été mises en avant dès le début, ce qui explique ce score, d’après un militant trésorier. On reproche à la candidate des meetings vides, comme à Aubervilliers en janvier, et certaines tensions au sein du parti.
On a ainsi prêté à Olivier Faure, premier secrétaire du PS, des envies de «débranchement de la candidature». Face à ces critiques, les militants dénoncent une manipulation médiatique. «Le meeting d’Aubervilliers n’était pas vide! BFM TV a filmé avant le début», insiste Palthi Nzinga.
Mais si les soutiens d’Anne Hidalgo font tout pour se rassurer, deux questions subsistent: les économies du PS seront-elles suffisantes en cas d’échec? Et quel poids la division de la gauche aura-t-elle sur le scrutin? Les membres du parti sont restés évasifs face à ces questions. Réponses le 10 avril prochain par les urnes.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, la candidate socialiste s’est montrée engagée. Elle a mené plusieurs initiatives pour accueillir les réfugiés et leurs familles. Et n’hésite pas à critiquer Jean-Luc Mélenchon sur ses anciennes positions en faveur du Kremlin. Des actions que certains interprètent comme autant de tentatives pour relancer sa campagne.