Noirs, musulmans, ils voteront pour Zemmour

Assane, musulman de 52 ans , vit en France depuis quarante ans. Ce chef d’entreprise, qui avait toujours voté à gauche, a basculé en faveur de Nicolas Sarkozy en 2012 à cause de ce qu’il estimait être un « problème migratoire ». Cette année, il votera pour Reconquête ! car « Zemmour identifie plus clairement le fléau de l’immigration ». Les paroles très dures du candidat sur les immigrés et sur l’islam ne l’indignent aucunement. Au contraire, Assane « apprécie sa radicalité ». Selon lui, les condamnations du polémiste pour provocation à la discrimination raciale en 2011 et à la haine religieuse en 2018 ne sont que des «délits d’opinion». D’ailleurs, le Mauritanien est persuadé, que les Noirs et les Arabes sont «la cause de tous les maux de la France».

«IL NOUS FAUT DE LA FERMETÉ»

Assane n’est pas un cas isolé. Sur Twitter, on recense des milliers de comptes de personnes noires, maghrébines ou musulmanes qui revendiquent leur soutien au candidat d’extrême droite. Ainsi, Marianne, Française d’origine ivoirienne, juge que «l’immigration massive est un fléau qui entraîne avec elle son cortège de violences».  L’infrmière de 47 ans soutient sans réserve Éric Zemmour et croit dur comme fer au concept de «grand remplacement». La preuve ? Les «gens» qu’elle croise dans la rue et «qui ne parlent même pas français».

La peur de l’immigré revient beaucoup dans la bouche de ces personnes elles-mêmes issues de l’immigration. «La guerre a déjà commencé», poursuit Marianne,  qui énumère : «Attentats, conversions, repas hallal, prières de rue, quartiers incontrôlables. Avec Zemmour, les agressés pourront se défendre», se rassure-t-elle. «Il nous faut de la fermeté en France, et c’est Zemmour qui porte la réponse», martèle Alexandra, Française d’origine sénégalaise vivant à Antony, au sud de la région parisienne, et mère de deux enfants de 5 et 7 ans.

«MONTRER SA VOLONTÉ DE S’INTÉGRER»

On pourrait imaginer que la question de l’islam poserait un problème à Assane, lui-même de confession musulmane. Pas du tout ! «L’islam n’est pas compatible avec la république, assure-t-il. Je suis en totale adéquation avec les idées de Zemmour sur les questions de l’immigration et de la pratique de la religion musulmane  en France. Il a mis des mots sur ce que je pensais, sans aucune ambiguïté.» Assane est opposé au port du voile dans l’espace public : «Si tu es à Rome, vis comme les Romains.» Son choix de vie est simple : «Ne pas faire comme mes parents.» Marianne ne dit pas autre chose. Née en Côte d’Ivoire d’un père musulman, elle est catholique comme sa mère et habite aujourd’hui Athis- Mons, en région parisienne, où elle vit seule avec son fils de 17 ans. «Je suis allée le soutenir à Villepinte et je n’ai  subi aucune hostilité de la part des pro Zemmour, contrairement à ce que pense une certaine gauche», assure-t-elle. Dans le petit village où elle a grandi,sa famille et elle  étaient les seuls Noirs.

«Je n’ai jamais fait étalage de mes origines : j’estime que c’est la raison pour laquelle j’ai été acceptée.» Arrivée petite en France avec ses parents, Marianne a obtenu la nationalité française quelques années plus tard et n’a pas la nationalité ivoirienne. Elle voudrait que la France soit «plus regardante sur la volonté de s’intégrer des gens à qui elle donne la nationalité», et elle n’est pas tendre envers les binationaux : «On ne peut pas être à la fois Français et d’une autre nationalité». Elle espère que Zemmour «mettra fin» à ce statut.

Tous trois ne tarissent pas d’éloges sur la France et ses valeurs. «L’amour de la patrie, l’histoire de France, le pays des Droits de l’homme, le pays de la liberté, sont des points d’accord entre Zemmour et moi», déclare Alexandra. En revanche, elle ne se sent pas concernée par le sort réservé en France aux Africains du Sahel, sa région d’origine : «Cela ne heurte aucunement ma sensibilité car je n’ai personne au pays», dit-elle, en allusion au regroupement familial que veut interdire Éric Zemmour. Non, elle ne voit aucune contradiction entre ses origines ethniques et son engagement politique : «Je ne me sens pas noire, et encore moins dans ma façon de vivre».

“Si l’arbre savait ce que la hache lui réserve, il ne lui donnerait pas son manche”, proverbe africain