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Présidentielle : le territoire de la macronie s’étend à gauche



Pour défendre le bilan d’Emmanuel Macron, de nouvelles figures issues du parti socialiste offrent leur soutien au président sortant.Tous espèrent sa victoire et visent déjà les législatives.

Texte : Moustapha Gano – Photo : Aleister Denni

Les militants distribuent des centaines de tracts aux riverains dans le 11e arrondissement de Paris, le 22 février. Photo © Aleister Denni

«Emmanuel Macron avait raison quand il disait que le Parti socialiste est un astre mort», déclare Paul Antoine, délégué national adjoint à la communication et à la presse de Territoires de progrès (TDP), un micro-parti «social-démocrate, progressif et réformiste engagé dans la majorité présidentielle». Alors qu’Anne Hidalgo est au plus bas dans les sondages avec 2% des intentions de vote, certains cadres du PS quittent le navire. Ils sont une dizaine à débarquer à l’aile gauche de la macronie.

Des figures emblématiques comme l’ancienne garde des sceaux, Élisabeth Guigou, et l’ancienne ministre de la Santé, Marisol Touraine, y ont déposé leurs valises le 22 février. Si le maire de Dijon, François Rebsamen vient de leur emboîter le pas, l’ancien président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone serait prêt à le faire sous certaines conditions. Et avant eux, le TDP a été créé, en janvier 2020, par les ministres Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt, tous deux issus du Parti socialiste.

Le délégué national à la mobilisation Guillaume Poitoux et les militants LREM se sont donnés rendez-vous devant le café Le Rouge Limé dans le 11e arrondissement de Paris avant de commencer le tractage, le 22 février. Photo © Aleister

Objectif : tractage et porte-à-porte

Ce mercredi 22 février, le temps est morose, avec une pluie fine. Une vingtaine de militants du TDP se sont donné rendez-vous devant le café Le Rouge limé, en plein cœur du 11e arrondissement, circonscription d’Anne Hidalgo. Parmi les membres du TDP présents ce jour-là, le ministre délégué aux comptes publics et président du parti, Olivier Dussopt,la députée Anne-Christine Lang ainsi que des délégués nationaux. Se joignent à eux des membres de La République en marche. Mais l’aile droite de la majorité présidentielle (Modem, Agir et Horizons) brillait par son absence. L’objectif de ce rassemblement: une opération de tractage et de porte-à-porte dans le quartier pour défendre le bilan du quinquennat. Leur candidat, Emmanuel Macron, n’était alors toujours pas officiellement déclaré.

Rue de Charonne, Olivier Dussopt engage la conversation avec un caviste. Le ministre dresse le bilan des réformes menées par la majorité depuis 2017 avant d’ajouter: «Le vin est l’identité de la France et est au cœur de l’économie avec plus de 500000 emplois.» Le caviste paraît séduit, il évoque l’accompagnement de l’État quand, en 2019, Donald Trump a imposé une taxe supplémentaire de 25% sur les vins français, une mesure de rétorsion dans le cadre d’un conflit commercial entre Airbus et Boeing.

Territoires de progrès

Créé en janvier 2020 par les ministres Jean-Yves Ledrian et Olivier Dussopt, tous anciens sociaux-démocrates issus du Parti socialiste (PS), le TDP est «un mouvement social-démocrate, progressif et réformiste engagé dans la majorité présidentielle» selon les statuts du parti. Il a pour objet de participer à la refondation d’une gauche républicaine, progressiste, humaniste et européenne, visant à promouvoir une société solidaire dans une économie de marché, attentive à toutes les catégories de la population et respectueuse de l’environnement. Selon les mêmes statuts, deux instances composent le bureau politique national; le comité exécutif avec 32 membres élus pour 2 ans et le conseil national regroupant 100 membres dont 7 ministres, 51 députés et des centaines d’élus locaux.

Moustapha Gano

Le 22 février, le ministre délégué aux comptes publics Olivier Dussopt était présent durant l’action militante du parti LREM pour apporter son soutien. Photo© Aleister Denni

Territoires de progrès

Créé en janvier 2020 par les ministres Jean-Yves Ledrian et Olivier Dussopt, tous anciens sociaux-démocrates issus du Parti socialiste (PS), le TDP est « un mouvement social -démocrate, progressif et réformiste engagé dans la majorité présidentielle » selon les statuts du parti. Il a pour objet de participer à la refondation d’une gauche républicaine, progressiste, humaniste et européenne, visant à promouvoir une société solidaire dans une économie de marché, attentive à toutes les catégories de la population et respectueuse de l’environnement. Selon les mêmes statuts, deux instances composent le bureau politique national ; le comité exécutif avec 32 membres élus pour 2 ans et le conseil national regroupant 100 membres dont 7 ministres, 51 députés et des centaines d’élus locaux.

Moustapha Gano

Le ministre délégué aux comptes publics Olivier Dussopt était également présent durant l’action militante du parti LREM pour apporter son soutien. Paris, France, 22/02/2022 (Photo © Aleister Denni)

Plus loin, dans une rue piétonne, ministre et militants font du porte-à-porte. Ils entrent dans un immeuble. Il est 21 heures et la cour est vide. Ils ne sont qu’une dizaine de résidents à sortir une tête pour échanger. Les habitants présents se déclarent plutôt satisfaits, la plupart d’entre eux promettent d’apporter leur suffrage à Emmanuel Macron.

Délégué national à la mobilisation et élu de l’arrondissement, Guillaume Poitoux se prête à l’exercice du tractage et échange avec les riverains. «Le président a un véritable bilan social à défendre», soutient l’homme politique en évoquant la revalorisation de la prime d’activité, la prise en charge à 100% des lunettes, prothèses dentaires et auditives, ainsi que les réformes sociétales à l’instar de la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes. «On veut marquer notre appartenance à la social-démocratie. Cette gauche qui est dans l’action et non dans l’incantation comme peuvent l’être le Parti socialiste et La France insoumise», soutient-il.

Paul Antoine, délégué à la communication et à la presse, évoque des mesures de gauche prises lors du quinquennat, comme l’augmentation de 100€ par mois du minimum vieillesse et le dédoublement des classes de CP et CE1 dans les zones prioritaires. Il affirme qu’une charte a été signée dans le cadre d’Ensemble citoyens!, l’organe qui regroupe les partis de la macronie. En cas de réélection d’Emmanuel Macron, l’objectif de cette alliance est de ne présenter qu’un seul candidat de la «maison commune» dans chacune des circonscriptions pour les élections législatives.

«Incarner le projet du président»

Selon le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, Ensemble citoyens! permettra aux formations politiques de se coordonner. «Nous regarderons qui est le mieux placé pour incarner le projet du président dans chaque territoire», expliquait-il à Ouest France peu après le lancement du projet, en novembre. Si TDP paraît clairement à la chasse aux électeurs, ils se défendent de siphonner le parti à la rose. «Nous ne sommes pas dans une campagne de débauchage. Ceux qui nous rejoignent, le font librement car ils se reconnaissent dans nos valeurs», se félicite Olivier Dussopt.

Un haut cadre du PS, membre de l’équipe de campagne d’Anne Hidalgo, qui souhaite garder l’anonymat, estime pour sa part que ces départs sont un non-évènement. «Ces cadres avaient déjà quitté le parti au début du quinquennat et ne participaient plus aux évènements de la formation politique.» Pour lui, ce serait une preuve de naïveté. «Ils ne se rendent pas compte que les inégalités ont explosé avec la baisse des allocations pour le logement et les nouvelles règles concernant l’allocation chômage. Emmanuel Macron est de droite et ne fléchira jamais.»